Burundi: Une nouvelle forme de tueries sous Evariste Ndayishimiye: la pratique des interahamwe de décapiter après viol.
Au Burundi, les autorités ne cessent de dire que la paix et la sécurité sont totales. Et que diront-elles à Rogoberta Menchu Tum, lui qui dit que : ‘’ la paix n’est pas seulement l’absence de guerre : tant qu’il y aura la pauvreté, le racisme, la discrimination et l’exclusion, nous pourrons difficilement atteindre un monde de paix’’.
Cette phrase devrait être pour la clique militaire au pouvoir, un exercice de dissertation pour voir si réellement ce qu’ils disent à l’opinion correspond à la réalité quotidienne des burundais.
Ils mobilisent le minimum de ressources financières que le pays dispose pour organiser des croisades de prière pour remercier Dieu d’avoir fait ceci ou cela. Des fonctionnaires de l’Etat, des cultivateurs passent trois jours sans rien faire. Et les conséquences sont visibles. Le Burundi est le pays le plus pauvre de la planète. Pourtant, son sous-sol est très riche en minerais.
Par ailleurs, les burundais non membres du cnddfdd semblent être des burundais de seconde zones ( abanyagihugu) , ils n’ont pas les mêmes droits que les premiers( abenegihugu) . Même parmi les cnddfdd, il y a une clique qui accapare toutes les richesses du pays, les autres ne recevant que quelques miettes. Les non membres n’ont même pas droit à l’emploi, encore moins aux marchés de l’Etat. La clique militaire fait des efforts pour ruiner même ceux qui avaient des investissements dans le pays (particulièrement les tutsis).
Les gens de l’opposition sont régulièrement tués dans le silence total. La machine à tuer est réellement en marche. Les imbonerakure ont été formés et les armes leurs ont été distribuées. Les membres des FDRL, les interahamwe ont été recrutés et affectés au sein des unités des corps de défense et de sécurité, d’autres ont eu la mission d’appuyer cette milice du cnddfdd, les imbonerakure. A ceux-là s’ajoutent des membres des corps de défense et de sécurité sélectionnés (les plus zélés) pour exécuter des missions de la clique militaire de tuer, enlever et torturer des tutsis ou des hutus de l’opposition particulièrement les membres du CNL d’ Agathon Rwasa.
Une pratique nouvelle s’observe ces derniers jours ; du moins avec le nouveau pouvoir des généraux Evariste Ndayishimiye, Allain Guillaume Bunyoni et Gervais Ndirakobuca alias Ndakugarika. Avec le pouvoir de feu Nkurunziza Pierre, les gens étaient tués et jetés dans les rivières et lacs, dans les forêts et buissons, les voies publiques. Ceux-là pouvaient être identifiés sauf que l’administration les faisait enterrer à la hâte. Une consigne reçue des hautes autorités de l’Etat. Selon nos sources, certaines personnes déjà torturées par les services de renseignement étaient brulées à l’aide de l’acide ; pas moyen de voir le cadavre. C’est une pratique qui a été surtout utilisée à partir de 2015.
Une pratique observée depuis l’arrivée du pouvoir d’Evariste Ndayishimiye consiste à violer les filles et les femmes, puis les décapiter. Les hommes sont simplement tués et décapités. Cette nouvelle forme de tuerie commence à se répandre à travers tout le pays. Nous pouvons citer quelques exemples documentés ces derniers jours : Marie Annick Ndayishemeze, 18 ans, a été tuée d’un couteau dans la gorge (pas complètement décapitée), après l’avoir violé. Son cadavre a été découvert près de la commune Musongati de la Province Rutana. Dans Karuzi, près de Nyamugari, dans la commune Buhiga, un autre cadavre d’une autre fille de 18 ans a été découvert le 30 juin 2020. Là aussi, la fille a d’abord été voilée, puis tuée et décapitée. Même scenario à Muramvya, au centre du pays où un cadavre d’une femme du nom d’Anita a été découvert le 11 juillet 2020 dans un champ de blé à Gatwaro. La femme a été aussi voilée puis décapitée.
Quant aux hommes, deux cadavres décapités ont été découverts le 27 juin 2020 à Ruhembe en commune Bukinanyana de la province Cibitoke. Un autre cadavre d’un homme a été découvert le 4 juillet 2020 flottant sur lac Tanganyika du côté de Mukungu en commune Nyanza Lac le 4 juillet 2020. L’administration a vite ordonné de l’enterrer sans identification.
Deux autres personnes ont été enlevées, l’une à Ngozi, l’autre à Bujumbura et sont sans nouvelles depuis plus de deux semaines. Le risque de retrouver leurs cadavres décapités comme les autres est grand.
Quel genre de sécurité pour les burundais dont chantent les autorités quand des burundais sont régulièrement tués, enlevés puis tués sans aucune poursuite ? Tous les burundais vivent dans la peur ; chacun attend son tour.
Comme on disait ci haut, cette pratique de violer, puis tuer en décapitant vient des membres des FDRL interahamwe. C’est une pratique génocidaire utilisée par les interahamwe dans le génocide rwandais de 1994 qui a été enseignée aux imbonerakure. Soit ce sont ces interahamwe qui sont déployés au Burundi qui le font, soit les imbonerakure qui ont été à l’école de ces premiers.
Que fait Evariste Ndayishimiye et son équipe ? Pourquoi veut-il encombrer le public de bonnes déclarations d’intention alors qu’en pratique on observe le pire sur terrain ? N’est-il pas capable de changer la situation ou n’a-t-il pas la bonne volonté de le faire ?
Selon Frederic Bamvuginyumvira, un membre de l’opposition en exil, Evariste Ndayishimiye sait qu’il n’a pas la force et les moyens nécessaires pour rétablir la paix et la sécurité dans le pays. Il sait que sa candidature était contestée par l’équipe de feu Nkurunziza, mais elle a été imposée par la force militaire. Ensuite, appuyée par la même clique des officiers, Il s’est imposé au pouvoir en trichant les résultats des élections de mai 2020. Il semble alors incapable de ramener l’ordre et la sécurité car la machine qui tuait hier est la même qui tue aujourd’hui, avec amélioration des méthodes de travail. Il se contente alors de bons discours pour montrer au public et à la communauté internationale que tout est blanc. Demain il dira que ce n’est pas lui, que ce sont les perturbateurs. Toute la responsabilité repose sur sa tête. Il faut qu’il le sache ; et il devra répondre de ces crimes un jour.
URN HITAMWONEZA trouve que cette nouvelle pratique de violer et décapiter est une nouvelle forme utilisée par le pouvoir Ndayishimiye pour parachever le génocide des tutsis qu’ils ont commencé depuis longtemps. Cette nouvelle pratique tend aussi à confirmer les relations secrètes qu’Evariste Ndayishimiye entretiendrait avec les FDRL depuis longtemps. S’il n’arrive pas à se détacher de ces hommes, les burundais n’auront jamais la paix, la sous-région en subira aussi les conséquences. La communauté internationale devrait alors garder un œil vigilent sur Gitega et ne pas se contenter des paroles alléchantes des nouvelles autorités. Encore une fois, ceux qui se précipitent à démarrer la coopération avec ce pouvoir devront un jour assumer la responsabilité de tout ce qui arrivera demain aux burundais.