Burundi : Rendez-nous nos territoires du Bugufi et Buha
Le 24 octobre 2021, le Président Evariste Ndayishimiye rentrait d’une visite de travail de trois jours en Tanzanie. Officiellement, ‘’la visite s’inscrivait dans le cadre du renforcement de la coopération bilatérale et des liens fraternels qui unissent les peuples Burundais et Tanzaniens’’.
Nous lisons dans certains médias que la Tanzanie a accordé au Burundi, lors de la visite du président Ndayishimiye, 10 hectares pour la construction d’un port sec, ‘’afin de réduire les coûts liés à l’entreposage des marchandises’’. Et le président Evariste Ndayishimiye a déclaré à la télévision nationale lors de son retour de Tanzanie : ‘’ Je rentre avec le plan du port à ériger dans ce site et les autorités tanzaniennes nous enverront bientôt les documents d’attribution définitive’’
C’est sur base de cette visite et cette conclusion des négociations entre le président Ndayishimiye et les autorités tanzaniennes que nous voulons encore une fois rappeler aux Burundais et à la communauté internationale que le Bugufi et le Buha appartiennent bel et bien au Burundi car la convention Orts-Milner, signée le 30 mai 1919 entre la Belgique et l’Angleterre a fait que le Burundi soit amputé des deux territoires en contrepartie des concessions dans les ports de Dar es Salam et Kigoma. Le chemin de fer du Cap au Caire, « The Cape to Cairo Railway’’ n’a pas été construit ; le Burundi ne reçoit aucun avantage des ports de Dar es salaam et de Kigoma. Pourquoi alors les régions du Bugufi et du Buha devraient rester rattachées à la Tanzanie au moment où tout le monde sait très bien que ce sont des territoires qui faisaient partie intégrante du Burundi ? Pourquoi le président Evariste Ndayishimiye devrait-il aller quémander un espace où construire un port en Tanzanie au lieu de réclamer l’exploitation d’une partie du port de Dar es salaam et celui de Kigoma suivant les conventions Orts-Milner s’il est incapable de demander la remise totale des régions de Bugufi et Buha au Burundi et rétablir les frontières nous laissées par la monarchie ? Nous estimons que toutes ces manœuvres que le pouvoir cnddfdd entreprend avec les autorités tanzaniennes visent tout simplement à faire oublier ce dossier (récupération du Bugufi et Buha) si important pour les véritables patriotes burundais.
Dans une lettre adressée au président de la commission de l’organisation des Nations Unies par Mwambutsa, le Mwami de l’Urundi en date du 25 juillet 1948, il réclame le retour de la région du Bugufi au royaume de l’Urundi. ‘’ De tout temps, celle-ci fit partie intégrante de mon pays. Ce n’est qu’après l’occupation allemande et l’arrivée des belges, soit en 1923, qu’une commission de délimitation fixa les limites entre le Tanganyika Territory ; limites qui eurent pour effet, certes par erreur, de retrancher le Bugufi du Burundi’’, écrit-il dans cette lettre. Il explique que lors de cette délimitation, il n’était âgé que de 11ans, qu’il n’a pas pu revendiquer son retour. Et comme preuve, Kinyamazinga, chef de cette province Bugufi faisait toujours la cour chez lui. Il n’a jamais été consulté pour savoir de quelle nationalité son territoire (sa province) appartenait. Il continuait à reconnaitre Mwambutsa comme son souverain, ajoute-t-il dans sa lettre.
Ajoutons comme fait illustratif des dires du Mwami que Kinyamazinga, chef Bugufi, a reçu la dernière vache du Mwami Mwambutsa en 1921 lors de la fête des semailles de sorgho ( Umuganuro). C’est dire qu’il le reconnaissait comme son seul chef direct.
La région de Bugufi est située au Nord Est de l’Urundi. Elle était séparée de l’Usuwi par la rivière Ruvubu. Elle fut fondée par le Roi Ntare II (vers 1830 à 1860) et eut pour premier chef le nommé Mpehe qui était veilleur chez le Roi.
Le Buha couvre le Sud et sud Est du Burundi actuel avec le port de Kigoma qui fut construit et équipé par le Burundi jusqu’à l’électricité qui l’alimentait. Même les réparations en cas de panne étaient jusqu’à une certaine période faites par le Burundi. La Belgique a administré le port de Kigoma jusqu’en 1962, le Burundi aurait bénéficié de ces avantages jusqu’en 1969, en le considérant comme « une faveur de Nyerere». L’historien Aloys Batungwanayo estime que cela était dû à l’ignorance des Burundais qui ne connaissaient/connaissent pas la convention et pas seulement les commerçants mais même parmi les autorités du pays.
D’autres sources indiquent que ce n’est pas une question d’ignorance, mais les différentes autorités n’ont pas voulu réclamer cette partie du territoire pour leurs propres intérêts. Si le Bugufi et Buha font partie du territoire tanzanien, les frais en provenance des BELBASES devraient alimenter le budget de l’Etat burundais pendant autant d’années. Mais, la Tanzanie a toujours manipulé les pouvoirs hutus burundais, celui du cnddfdd ayant atteint le cap. Rien n’indique que ce mouvement, quand il était encore au maquis n’ait pas vendu ce territoire à la Tanzanie qui leur fournissait base arrière, armes et tous les soins médicaux nécessaires. Et ce n’est pas gratuit que l’ancien Président Pierre Nkurunziza soit allé superviser les travaux d’installation des bornes frontières entre le Burundi et la Tanzanie ; un acte qualifié de haute trahison par les juristes. De ce seul geste, le cnddfdd a vendu une partie du territoire burundais à la Tanzanie.
URN HITAMWONEZA accepte de porter le flambeau de cette guerre pour la récupération de nos deux territoires du Bugufi et du Buha. Que le cnddfdd ait vendu cette partie du Burundi, qu’il l’ait échangé avec des avantages reçus de la Tanzanie, rien ne nous empêchera de porter la question très haut jusqu’à la remise de la frontière Burundo-Tanzanienne à sa place originale d’avant la colonisation.
Nous demandons alors à tous les burundais qui aiment ce beau pays de se lever comme un seul homme pour mener cette guerre. Elle est difficile certes, car touche beaucoup d’intérêts des gens et des pays, mais, nous devons la gagner car on est dans le vrai.