Burundi: Rapatriement d’un premier groupe des réfugiés de Mahama (au Rwanda) dans un pays dont la sécurité est incertaine
Le premier groupe de 471 burundais qui venaient de passer, pour la plupart, 5ans dans le camp des réfugiés de Mahama au Rwanda ont embarqué les bus ce 27 Aout 2020, direction vers le Burundi, leur terre natale. Selon le HCR, plus de 1800 ont déjà manifesté leur volonté de rentrer dans leur pays. Ils seront rapatriés progressivement au rythme de la capacité d’accueil du gouvernement burundais (pour rappel, il était prévu de rapatrier 600 burundais dans ce premier groupe, mais le gouvernement du Burundi a fait savoir que la capacité d’accueil du site de transit ne dépasse pas 500 personnes). C’est un rapatriement fait dans un ordre parfait, avec des mesures barrières pour la protection contre Covid 19 : chaque réfugié, avant d’embarquer, doit obligatoirement avoir été testé négatif au Covid19
A leur arrivée au site de Songore à Ngozi, ils devraient normalement y passer 4 jours pour subir une formation patriotique avant de regagner leurs collines respectives, mais le gouvernement de Gitega a été obligé de céder aux exigences du HCR qui évoquait un problème logistique. Ils devront donc passer une seule nuit dans le site de transit, et seront conduits dans leurs communes. Ndakugarika n’a pas totalement désarmé ; ces réfugiés venus du Rwanda doivent obligatoirement subir une formation patriotique ; cette fois ci, elle sera dispensée par l’administration locale (comprenez par là une formation donnée par les imbonerakure)
Rappelons qu’un groupe de 5 réfugiés avait, en date du 26 juillet 2020, transmis une lettre au président Ndayishimiye, lui demandant de tout faire pour rapatrier les réfugiés de Mahama. Une procédure illégale car ce n’est pas du tout de la responsabilité du président de rapatrier les réfugiés, mais du HCR , en collaboration avec le pays d’accueil. A la lettre était annexée une liste de 331 personnes que ce groupe présentait comme des gens ayant demandé de rentrer ; mais il s’est avéré que ce groupe était manipulé par le gouvernement de Gitega. La majorité de ceux qui figuraient sur la liste ne l’avaient pas demandé, même des personnes mortes et enterrées figuraient sur la liste .Il a fallu leur rappeler la procédure normale : Se faire enregistrer individuellement au niveau du HCR et le gouvernement rwandais avait déclaré être toujours disposé à leur faciliter le retour chez eux. Pourtant, la réponse à cette bonne intention du Rwanda était des injures et des fausses accusations de la part du gouvernement de Gitega. Pierre Nkurikiye , porte parle de Ndakugarika, super ministre de la sécurité publique, intérieur et développement communautaire, a réagi le premier même si la lettre n’était pas adressée à son patron. Il a osé ouvrir sa bouche juste pour dire que le gouvernement rwandais est en train de prendre en otage les réfugiés burundais qui veulent rentrer. Evariste Ndayishimiye a préféré se déplacer vers Busoni dans Kirundo, tout près du Rwanda (un conseil lui prodigué par ses féticheurs), pour qualifier ce pays voisin et frère ‘’d’hypocrite, lui qui héberge des ennemis du Burundais et qui prend en otage des burundais qui désirent rentrer dans leur pays’’. Ce sont les vrais mots d’Evariste Ndayishimiye. Pourtant, ce gouvernement de Ndayishimiye, Bunyoni et Ndirakobuca venait de refuser de recevoir 136 burundais bloqués au Rwanda à cause de covid19 au moment où ils étaient entrés officiellement au Rwanda pour des soins médicaux ou autres activités, d’autres étaient des élèves ou étudiants. Un gouvernement qui veut une chose et son contraire.
Pourquoi ce comportement ? Pourquoi cette cacophonie dans la gestion du retour des réfugiés en provenance des différents pays ?
Le rapatriement des réfugiés est normalement volontaire. C’est quand un réfugié est convaincu que sa sécurité est garantie dans un pays qu’il a fui qu’il décide de rentrer lui-même. Or, ce n’est pas le cas pour les réfugiés burundais qui sont en Tanzanie, en Rd Congo. Le gouvernement de Gitega venait de tenter de semer le même désordre au Rwanda. Avec le début de ce rapatriement volontaire, son plan tombe à l’eau.
En effet, le pouvoir de Ndayishimiye sait très bien qu’il n’est pas dans le vrai. C’est un pouvoir issu du vol des élections, il sait très bien que le peuple l’a rejeté par un vote sanction car voulait le changement. ; et par conséquent ce peuple ne l’aime pas. C’est pour cette raison que cette clique militaire dirige le pays, non par la loi, mais par la force des armes. Et il tente de tout masquer en se déclarant ‘’gouvernement mvyeyi -parent’’, ‘’gouvernement nkozi-travailleur’’ au moment où il n’avait même pas commencé à fonctionner. Ils oublient que l’insécurité ne se cache pas. Au moins 49 personnes ont été tuées au Burundi au mois de juillet 2020, les unes violées et décapitées, d’autres brulées dans leurs maisons, d’autres égorgées (ces gens sont bien documentées, des noms et lieux d’origine connus). Et ils continuent de chanter que la sécurité est totale dans le pays.
La sécurité ne se déclare pas, la sécurité se vit. Voilà qui pousse Ndayishimiye et son gouvernement d’user de toutes les manœuvres possibles, même les plus malhonnêtes, pour faire rapatrier de force tous les réfugiés burundais. Le retour des réfugiés est un signe, selon leur entendement, aux yeux de la communauté internationale que la paix est revenue, et qui peut déclencher la reprise de la coopération
Les réfugiés qui étaient en Tanzanie ont vécu dans un calvaire total. En collaboration avec le gouvernement tanzanien, le pouvoir de Gitega a tout fait pour les maltraiter pour qu’ils soient obligés de rentrer ( il y en a qui choisissent d’aller mourir dans leur pays au lieu de mourir dans les camps).
Le cas le plus grave vient d’être mis au grand jour par l’association des défenseurs des droits des réfugiés dans la région des grands lacs. Tenez, 6 réfugiés burundais enlevés par la police tanzanienne dans le camp des réfugiés de Mutenderi en Tanzanie la nuit du 22 au 23 juillet 2020, se retrouvent dans les prisons de Muramvya et de Bubanza au Burundi. Une première dans le monde. D’autres ont tout simplement été torturés et tués. Pourtant, le HCR ne cessait pas de rassurer leurs familles que ces gens sont en train d’être interrogé par la police tanzanienne et qu’ils retourneront dans leurs familles. Et voilà qu’ils sont déjà dans les prisons du Burundi dans un état lamentable car ont été torturés. Ce dossier mérite un suivi rigoureux de la part de toutes les organisations régionales et internationales en charge des droits des réfugiés pour que le gouvernement du Burundi, celui de la Tanzanie et le HCR soient mis devant leurs responsabilités et répondent de ces actes contraires à la loi internationale en matière des réfugiés.
Les réfugiés qui sont en RDCongo viennent quant à eux de passer plus de 5 mois sans aucune assistance. Ils sont aussi obligés de rentrer pour ne pas mourir de faim dans les camps car eux aussi sont privés de sorties pour aller chercher de quoi se nourrir et nourrir leurs enfants. Prétexte : ils peuvent se faire enrôler au sein des groupes armés qui pullulent dans ce pays. Le gouvernement de Gitega a donc une maitrise sur les réfugiés se trouvant sur les territoires des deux pays ; ils vont rentrer bon gré malgré car ils n’ont plus de choix.
Le Rwanda était le pays où les droits des réfugiés étaient jusqu’ici respectés. En passant par des espions y envoyés, le gouvernement Ndayishimiye a tenté de semer le désordre dans ce camp pour déstabiliser les réfugiés pour que eux aussi décident, malgré eux, de rentrer. Malgré les erreurs de procédure commises par un groupe des 5 personnes qui ont signé la lettre envoyée à Evariste Ndayishimiye, malgré un dossier pénal qui pesait sur un parmi les 5 signataires de la lettre, malgré les tentatives de révolter le reste des réfugiés dont ils sont coupables, le Rwanda a décidé de les laisser rentrer. Nous reviendrons demain sur le dossier des 5 signataires de la lettre.
URN HITAMWONEZA se réjouit du fait que des burundais qui le demandent de leur propre gré retournent dans leur patrie ; mais regrette les manœuvres du gouvernement de Gitega de vouloir faire rentrer de force ceux qui sentent encore que leur sécurité n’est pas encore garantie. Nous demandons que le HCR continue à assister tous ceux qui sentent encore une menace au Burundi et nous continuerons à crier pour que tous ceux qui violent la loi internationale en matière de réfugiés soient poursuivis en justice pour répondre de leurs actes.