Burundi : Quelle leçon les burundais devraient ils tirer de la bravoure des citoyens Sri Lankais ?
C’est le dimanche 10 juillet 2022. Le président Sri Lankais, Gotabaya Rajapaksa a finalement accepté de démissionner le 13 juillet 2022, après avoir été contraint de fuir son palais envahi par une foule de manifestants protestant contre la crise économique, jugée catastrophique, frappant le pays. Le président a été évacué à bord d’un navire militaire faisant route vers la base navale de Trincomalee dans le Nord-Est de l’île. Les manifestants ont déclaré qu’ils ne partiraient pas avant la démission effective du président. Ils ont résisté aux tirs de dissuasion des militaires qui gardaient la résidence présidentielle ; ce qui a fait 105 blessés hospitalisés depuis le 9 juillet 2022 ; seuls 55 étaient toujours admis à l’hôpital national de Colombo le 10 juillet 2022.
La cause de ce mécontentement généralisé n’est autre que la dégradation des conditions économiques, “notamment les pénuries d’électricité, de nourriture et de carburant”. La crise, sans précédent depuis l’indépendance en 1948 de cette île de 22 millions d’habitants a été aggravée, selon des économistes, par une série de mauvaises décisions politiques dont le clan présidentiel au pouvoir depuis 2005 est accusé par la population.
Quand on parle de l’année 2005, les burundais se rappellent de l’année noire au cours de laquelle le système cnddfdd a occupé le fauteuil présidentiel pour plonger le pays dans une crise socio-politique et économique qui a fait du Burundi le pays le plus pauvre de la planète jusqu’aujourd’hui.
En 2015, les burundais croyaient qu’il était possible de changer ce pouvoir, qui venait de violer la constitution et les accords d’Arusha, par des manifestations comme vient de le faire les Sri lankais. Malheureusement, ils se sont heurtés aux militaires et policiers cnddfdd qui ne tiraient pas en l’air, mais qui ‘’tiraient pour tuer’’. Des centaines de burundais ont été tués, y compris des enfants innocents (pensez aux jeunes que le criminel Adolphe Nshimirimana a tué par son pistolet, à genoux, bras en l’air ; et il s’appelle héro au régime cnddfdd). Le coup d’Etat manqué, l’attaque de certains camps militaires de mai 2015, ont donné une occasion en or aux criminels du cnddfdd de tuer le maximum possible de jeunes tutsis et hutus opposés à cette violation de la loi mère, à telle enseigne que tous les burundais vivent aujourd’hui dans une peur panique.
Y’-a-t-il possibilité aujourd’hui que les burundais prennent leur courage à deux mains pour se lever comme un seul homme et mettre hors d’état de nuire le système cnddfdd ? En tout cas, ce ne sont pas les raisons qui manquent ; elles sont plutôt légion.
En effet, la crise économique qui frappe le Burundi aujourd’hui n’est pas moins catastrophique que celle qui vient de pousser les sri lankais à agir et chasser leur président du pouvoir par des manifestations pacifiques. Cette situation est la conséquence directe d’une mauvaise gouvernance du système cnddfdd depuis 2005 ; un système qui a toujours tué, qui a pratiqué l’exclusion, un système qui a emprisonné certaines des ressources humaines du pays et qui a forcé d’autres à l’exil, un système qui a pillé systématiquement les richesses du pays pour enrichir une poignée de ses leaders au moment où presque la moitié de la population burundaise trouve à peine de quoi manger par jour comme le montre le récent rapport de l’ISTEEBU ( Institut des statistiques et d’études économiques du Burundi).
Quant aux mauvaises décisions, c’est le propre du pouvoir cnddfdd. La plus récente en date est appelée ‘’Décision Ndakurika’’ ; celle d’interdire la circulation des vélos, motos et tricycles au centre-ville de Bujumbura, plongeant dans la détresse plusieurs familles qui vivaient des revenus de ce matériel roulant.
Aujourd’hui, les burundais se contentent des déclarations de bonnes intentions, du président Evariste Ndayishimiye et attendent en vain des actes concrets. Pourtant, la situation ne cesse de se dégrader au jour le jour.
URN HITAMWONEZA sait très bien que la plupart de burundais pensent que le model Sri Lankais n’est plus possible aujourd’hui au Burundi. La raison est simple : la peur qui est ancrée dans les cœurs des burundais suite à la cruauté avec laquelle les zélés du cnddfdd ont réprimé les manifestations de 2015 et les tueries sélectives qui en ont suivies et qui continuent jusqu’aujourd’hui. Nous restons néanmoins convaincus que cette crise économique que traverse notre pays touche tout le monde, y compris ces zélés du cnddfdd qui sont quotidiennement manipulés et utilisés comme des robots par une poignée de leaders de ce système devenus plus riches que l’Etat. Une fois qu’ils ouvriront les yeux et se rendront compte de cet état de fait, ils s’uniront aux autres, et ensemble, ils vaincront la peur, et ils feront bloc contre le système cnddfdd. Ça sera dès lors sa chute. C’est à partir de ce moment que le Burundi et les burundais retrouveront l’espoir de se relever.