Burundi: Quand et comment le Burundi serait-il doté d’une armée et d’une police réellement nationales? (Troisième partie)

Burundi: Quand et comment le Burundi serait-il doté d’une armée et d’une police réellement nationales? (Troisième partie)
Nous continuons notre démarche vers la recherche d’une solution à la politisation des CDS qui est devenue une source des crises cycliques que notre pays a connues. On ne cessera jamais de le répéter, l’armée et la police ou tout simplement les CDS, ont toujours été des instruments pour conquérir le pouvoir et de le garder. C’est pourquoi les politiciens ont toujours considéré que celui qui n’a pas l’armée et la police avec lui n’a pas de pouvoir. Et ceci, du temps de la monarchie comme aujourd’hui avec les systèmes dits démocratiques.
Nous le disions dans nos éditions antérieures, la colonisation belge qui a bouleversé l’administration existante en excluant les hutus de ces institutions les accusant d’incapables alors qu’au départ ils jouaient leurs rôles sans aucune faille, ce n’était pas par amour aux tutsis, c’était juste pour diviser les deux afin de les diriger facilement ; mais aussi et surtout les opposer pour se rentrer dedans. La notion de majorité numérique des hutus qui était dirigée par une minorité tutsie est de leur imagination. De là est venue la fameuse révolution sociale de 1959 au Rwanda.
Fort de cette expérience, les hutus burundais ont toujours cru que cela était aussi réalisable au Burundi alors que ce pays, avec une monarchie constitutionnelle, avait adopté une politique d’unité nationale, une cohabitation des hutus et des tutsis dans toutes les institutions du pays. Mais, le même colon ne cessait de dire aux hutus que pour réussir le renversement des institutions et installer les hutus majoritaires au pouvoir, il fallait avoir une armée et une gendarmerie (les CDS) imbibées de cette idéologie. C’est ainsi que des extrémistes hutus comme Mirerekano sensibilisaient à outrance les hutus pour entrer dans ces corps. Les meilleurs officiers étaient formés à l’Ecole Royale Militaire (ERM), les autres étaient formes à l’Ecole des Forces Armées à Bujumbura.
Le recrutement de ces meilleurs élèves était fait dans les écoles secondaires sur base d’un concours parmi les élèves ayant terminé le cycle inférieur (la 10eme). Il reste à vérifier si ce recrutement était fait sur des critères objectifs! Les sélectionnés étaient ensuite envoyés poursuivre et parachever les humanités à l’Ecole Royale des Cadets( ERC) en Belgique. Ils étudiaient en uniformes puisque l’école était militaire. Les études universitaires étaient ensuite faites à l’Ecole Royale Militaire. Ils sortaient avec une licence en sciences sociales et militaires après 4 ans de formation.
Les gendarmes étaient orientés vers l’Ecole Royale de Gendarmerie et sortaient avec une licence en Criminologie (cas de Ntungumburanye Jérôme et Sindihebura Etienne). Michel Micombero faisait partie de ce groupe, mais, il se serait précipité de rentrer après seulement deux ans de formation. La raison serait, d’après nos informateurs, l’appât du pouvoir. Il paraitrait que le colonisateur enseignait à ces officiers les stratégies de renversement des institutions.
Il convient de noter que ceux qui étaient formés à Bujumbura dans l’Ecole des Forces armées étaient recrutés parmi les élèves qui terminaient les humanités et recevaient juste une formation d’une année.
Il y avait donc une sorte de rivalité entre hutus et tutsis pour arriver à une dominance au sein de ces CDS
De 1963 à 1965, des brigades étaient déjà implantées dans toutes les provinces avec des commissariats d’arrondissements ayant comme chef un gendarme qui était aussi en charge de la sureté. (Ce qu’on peut actuellement appeler un chef de renseignement).
Le 19 octobre 1965, il eut une tentative de coup d’Etat préparé par Antoine Serukwavu qui était Secrétaire d’Etat à la Gendarmerie, en collaboration avec une cinquantaine d’hommes politiques comme le ministre Burarame, ministre des finances d’alors. Le coup d’Etat fut déjoué grâce à la bravoure du capitaine Rusiga (qui commandait une unité commando de Gitega), et Michel Micombero qui était Secrétaire d’Etat à la défense
Selon nos sources, même s’il n’y a pas eu de recensement au sein de ces corps, les hutus seraient, à l’époque, à plus de 80% aussi bien à l’armée qu’à la gendarmerie. Et ceci jusqu’au moment du renversement de la monarchie par Michel Micombero.
Après avoir essuyé cet échec, les tueurs déjà préparés n’ont pas manqué de massacrer des paysans tutsis de Muramvya, à Bugarama et Bukeye, mais aussi à Busangana et Kabarore dans Kayanza. Il convient aussi de souligner que 15 sous-officiers tutsis ont été tués à Bujumbura au ‘’Camp Base’’. Les têtes sont tombées aussi au niveau des planificateurs et des exécutants, personne n’en doute.
Le roi Mwambutsa a cru que le peuple ne voulait pas de lui, et il a fui le pays passant par Gatumba, Warubondo et Kiriba Ondes ; il est allé se réfugier en Suisse après avoir déclaré qu’il ne mettra plus le pied dans son pays. Le conseil des bashingantahe s’est ensuite réuni et a remarqué que le roi ne pouvait pas continuer à signer des décrets royaux étant à l’extérieur du pays et a décidé d’introniser le jeune Ntare V. Michel Micombero qui avait sauvé son père du coup d’Etat des extrémistes hutus qui voulaient le tuer, fut nommé par le jeune roi premier ministre
Michel Micombero renversera la monarchie le 28 Novembre 1966 alors que le jeune Ntare V était au Congo. Lui aussi a fait recours aux militaires car il avait déjà commencé à se rapprocher des militaires et a les dresser contre le jeune roi sans expérience politique.
Le groupe des extrémistes hutus ont toujours enseigné que ce n’est pas une république qui est instituée, mais une autre monarchie déguisée car pour eux, il fallait que si changement il y a, il fallait un pouvoir/ président Hutu. Le 7 Mars 1967, voyant que la gendarmerie n’avait pas de commandement digne, Micombero décida de fusionner l’armée et la gendarmerie pour être coordonnées au niveau de l’Etat-major General. Les deux forces ont alors pris le nom de ‘’ Forces Armées’’. Cela n’a pas empêché les extrémistes hutus de tenter encore une fois le coup. Des tentatives de coup d’Etat de 1967 et 1969 par ces extrémistes hutus échouèrent, mettant en danger beaucoup de vies humaines car beaucoup de hutus, surtout des officiers ont été condamnés à mort et exécutés. Là aussi, les planificateurs ont fait recours aux soldats et gendarmes mélangés.
Voyant que le régime n’était pas facile à renverser, ils ont cette fois ci fait recours aux divisions régionales, une façon de cacher le problème ethnique et jouer sur la recherche à un retour à la monarchie. Cette fois ci, il ne s’agit pas des hutus, mais des tutsis de Muramvya et Jenda qui ont été pointés du doigt. Une stratégie trouvée par les mêmes extrémistes hutus d’affaiblir le régime Micombero en le mettant en désaccord avec les tutsis. Là encore une fois, les gens ont parlé d’une tentative de coup d’Etat en 1971 (communément appelé affaire Nyungumburanye). Micombero, qui était sans pitié face à de telles aventures voulut les juger et les exécuter comme les premiers, mais se heurta à la bravoure de Leonard Nduwayo, alors procureur General, avec l’appui de Mgr Ntuyahaga. Ces gens furent sauvés de la sorte. Une injustice flagrante aux yeux de la classe politique hutue.
En 1972, c’est encore une fois la tentative de génocide. Selon leur plan, après avoir tué le président Michel Micombero au Mess des officiers, (il devrait donner un coup d’envoi au déroulement des soirées dansantes organisées à travers tout le pays par les mêmes extrémistes hutus des forces armées et des politiciens) un génocide des tutsis à l’échelle nationale allait commencer. Cependant, les extrémistes hutus qui cherchent des prétextes pour commettre des crimes sur les tutsis qui n’ont rien à voir avec le cas de 1972, disent que c’est un génocide des hutus fait par les tutsis. Tout le monde sait tres bien que les planificateurs étaient des hutus. En plus, aucun paysan tutsi n’a pris une machette ou une lance pour tuer son voisin hutu. Ce qui a été fait par Micombero et ses militaires s’appelle répression aveugle, ce qui est regrettable.
URN HITAMWONEZA a bel et bien démontré que le cas de 1972 était un génocide des tutsis qui avait été minutieusement préparé par les mêmes extrémistes hutus dans leur recherche d’arriver au pouvoir après avoir éliminé les tutsis, mais qui a échoué grâce à une erreur d’un seul homme. La répression du pouvoir Micombero a fait beaucoup de victimes hutu surtout intellectuels, mais aussi, des tutsis sont morts dans un règlement de compte. Voilà pourquoi les milieux hutus extrémistes parlent du génocide des hutus. Un génocide est préparé et exécuté par un pouvoir. Serait-il le pouvoir de Micombero qui a planifié d’exterminer les tutsis de Rumonge, Nyanza lac, Makamba et Bururi ? Si c’est certains que les planificateurs étaient parmi les membres influents de son gouvernement ou de son armée, il est aussi prouvé qu’ils ont trompé sa vigilance en évoquant encore une fois un faux problème monarchique. C’est quand il a découvert la vérité qu’il a agi avec brutalité extrême, faisant tuer non pas uniquement les coupables, mais aussi des innocents. Lui aussi a fait recours à l’armée pour commettre ce crime
Nous avons toujours dit que tout burundais qui meurt est une perte pour le pays. Au lieu de raviver les haines ethniques, il faut plutôt établir les responsabilités des uns et des autres et les juger conformément à la loi pour que chacun réponde de ses actes. C’est en combattant l’impunité que nous arriverons à une véritable paix longtemps souhaitée.
Nous venons de voir que les extrémistes hutus ont toujours tenté des coups d’Etat qui ont échoué mais qui ont causé la mort de beaucoup de personnes. Pour les exécuter, ce sont toujours l’armée et la gendarmerie/ police qui ont toujours été utilisées. Jusqu’en 1972, il est clair que pour oser planifier ces coups d’Etat, les extrémistes hutus avaient beaucoup d’influence sur les militaires et les gendarmes, plus d’importance au niveau du commandement
A partir de 1967, après le renversement du régime monarchique par Michel Micombero (1966), les tutsis ont commencé à sentir la menace d’extermination par des extrémistes hutus (après tant de tentatives) et ont commencé à recruter beaucoup de tutsis au sein des corps de défense et de sécurité. Une sorte de protection du pouvoir et de la minorité. Les hutus quant à eux se sont sentis par la même occasion exclus (avec la peur de ce qu’ils venaient de vivre en 1972) et se sont eux-mêmes exclus de ces institutions .Ce sont alors ces militaires recrutés et formés en cascade qui vont défendre le pays, mais et surtout défendre le pouvoir en place. Ils seront aussi utilisés pour le reversement des différents régimes qui se sont succédés. Nous y reviendrons dans notre édition de demain.

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