Burundi: Mort du président Melchior Ndadaye en 1993 suivie du génocide des tutsis et des hutus membres de l’Uprona : analyse (première partie)
Le 21 octobre de chaque année, les burundais se rappellent dans la douleur de la mort du premier président hutu ‘’démocratiquement élu’’ aux élections de 1993. Les hutus ont perdu un président élu dans un vote ethnique car c’est de cela qu’il s’agissait réellement. Leur seul objectif était de se débarrasser des pouvoirs militaires qu’ils qualifiaient de ‘’pouvoir tutsis hima’’ et pourquoi pas de tous les tutsis du Burundi (nous y reviendrons). Ils y avaient mis tout le paquet pour remporter cette victoire (avec un plan B au cas où..) à tel point qu’ils avaient même planifié des hutus du Frobebu qui devraient participer à chaque meeting du président Buyoya de l’Uprona pour le dissuader qu’il a la majorité des burundais derrière lui pour ne pas penser à une quelconque tricherie. Avec sa fameuse politique d’unité nationale, il était facile d’y croire avec toute la naïveté possible et inimaginable. Les commandants des districts qui côtoyaient la population et qui écoutaient ce que les gens disaient autour des campagnes électorales ne cessaient de dire à Pierre Buyoya que la majorité de ceux qui portaient la casquette Uprona étaient des membres du Frodebu, mais il refusait d’y croire, avec le risque de sanctions disciplinaires pour celui qui insistait. Ndadaye a gagné les élections, Buyoya l’a félicité et lui a remis le pouvoir ; il a été tué trois mois plus tard et le plan B qui consistait à tuer les tutsis en cas de la défaite de Ndadaye a alors été mis en œuvre.
Le 21 octobre 1993 rappelle aux tutsis un début d’un génocide des leurs qui a été préparé et exécuté par des hutus du Frodebu comme le montre le rapport d’enquête des NU (S/1996/682 du 22 Aout 1996) qui est entrain de moisir dans les tiroirs. Des tutsis ont été systématiquement tués, hommes, femmes et enfants. Il y a des communes où il est impossible de trouver un seul survivant tutsi. Leurs biens et propriétés ont été confisqués par leurs bourreaux. Ceux qui ont pu être sauvé par les militaires croupissent toujours dans la misère dans les camps de déplacés. Là aussi, les hutus (les mêmes criminels qui n’ont pas été punis) qui ont rejoint le maquis soit disant pour défendre la démocratie les prenaient comme leurs premières cibles (se débarrasser des tous les éléments gênants pour s’approprier de leurs terres). Mais le plan génocidaire ne s’arrêtait pas uniquement à ce niveau, il est très long, il a continué jusqu’aujourd’hui.
Mais d’où vient Ndadaye et son Frodebu qui a mobilisé la majorité des hutus contre les tutsis (signalons que les hutus qui avaient gardé l’idéologie de l’unité de l’Uprona ont été aussi ciblés et tués ; nous saluons aussi le courage des hutus qui avaient encore le sens d’humanité qui ont averti et sauvé des tutsis au risque de leurs vies). Vous devrez comprendre que tous les hutus qui ont fui ces pouvoirs militaires, qui étaient dans les camps de réfugiés en Tanzanie, au Rwanda et ailleurs, n’ont fait autre chose pendant toute cette période que de penser comment s’en débarrasser un jour. La majorité ont été à l’école du Rwanda de Kayibanda et Havyarimana qui avaient réussi la politique de l’exclusion, la majorité ethnique ayant le droit de vie et de mort sur la minorité, avec le pouvoir de tuer et chasser hors du pays qui ils voulaient. Ils se sont donc inspirés de cette idéologie. Du palipehutu (au Rwanda il y avait le palmehutu), à l’UBU jusqu’au Frodebu, le constat est que elles étaient des organisations politiques qui ne visaient que de la ‘’ libération du peuple hutu’’ avec un agenda d’exterminer les tutsis ou tout au moins de les dominer aussi bien politiquement, économiquement et socialement et les écraser ensuite. C’est ce que les hutus extrémistes qui dirigent le Burundi aujourd’hui ont réussi à faire.
Le FRODEBU de Melchior Ndadaye s’est donc renforcé au Rwanda ; il avait même sa permanence à Kabeza à Kigali, avec les couleurs du parti. Dire que le pouvoir de Kigali de l’époque pouvait le laisser travailler et évoluer au Rwanda sans partager avec eux son idéologie serait se tromper doublement. Il n’y a pas moyen de se tromper, car nous en avons vu les résultats. Pour qui se souviennent des premiers jours du pouvoir Ndadaye, les exclusions dans les services de l’Etat avaient déjà commencé. Vous vous rappelez de la politique de ‘’gususurutsa’’ (chasser les gens de leurs postes de responsabilité). Presque toute l’administration était occupée par les hutus du Frodebu. A la mort du président Ndadaye, la suite, tout le monde la connait. Comment expliquer que des paysans puissent disposer avec eux des bidons d’essence pour bruler les maisons, des tronçonneuses pour couper les arbres , obstruer les routes pour empêcher l’intervention des militaires, des machettes neuves etc…Comment expliquer que partout dans le pays tous les hutus se mobilisent en même temps pour tuer les tutsis qui ne savent rien de la mort de Ndadaye ( certains ne le connaissaient même pas). Tout cela montre bien que le génocide avait été préparé, que même si le président Ndadaye n’était pas tué, rien n’indique que le pays aurait eu la paix et la sécurité pour tous les burundais.
Mais qui sont les véritables planificateurs de la mort du président Ndadaye ? Seraient-ils uniquement ceux qui viennent d’être condamnés à perpétuité par la cour suprême du Burundi ? N’y auraient-ils pas d’autres qui travaillaient dans l’ombre ? Melchior Ndadaye mériterait-il réellement d’être appelé héros de la démocratie au vu des évènements qui ont suivi sa mort ? URN HITAMWONEZA vous promet de revenir en détail sur toutes ces questions dans nos prochaines publications. Nous sollicitons aussi votre concours pour que l’opinion sache la vérité sur les sources des problèmes burundais pour que soient punis les vrais coupables. C’est une des voies de sortie de la crise burundaise qui a trop perduré.