Burundi : L’UE serait elle réellement sur le point de lever les sanctions économiques contre le Burundi ?
La question est sur les lèvres de tous les observateurs avisés qui maitrisent bien les questions du Burundi. Tout le monde se pose la question de savoir si réellement les conditions de respect des droits de l’homme et de bonne gouvernance dont évoquait hier le 21 juin 2021 Claude Bochu devant la presse après avoir annoncé à Evariste Ndayishimiye ce que les membres de la clique militaire au pouvoir ont appelé ‘’ la bonne nouvelle’’. Oui, si l’UE accepte de leur donner de l’argent au moment où ils continuent de tuer tous ceux qu’ils veulent sans poursuite, serait une très bonne nouvelle pour eux. Ils trouveraient par cette occasion un encouragement et les moyens nécessaires pour continuer leur sale besogne.
Même si Claude Bochu , représentant de l’UE au Burundi, a dit que tous les 27 sont favorables à la levée des sanctions contre le Burundi, même s’il déclare que le train a déjà démarré, c’est un langage diplomatique. Il voulait tout simplement dire que le processus est en cours et on ne sait pas combien de temps il va prendre. Evelyne Butoyi, porte-parole du président Ndayishimiye a donné plus de précisions sur la question à la BBC Gahuzamiryango. D’après lui, ce n’est pas la révocation de la décision que Claude Bochu est allé annoncer à son patron, mais il est allé lui dire que le dialogue sur la question va continuer et qu’il est sur la bonne voie. Mais, beaucoup d’observateurs trouvent que le train qui est en marche dont parlait Bochu risque d’éteindre encore une fois les moteurs ou faire marche arrière au lieu d’avancer car le pouvoir de Gitega n’est pas prêt à renoncer aux tueries des opposants politiques et des tutsis qu’il soupçonne toujours être des malfaiteurs, ennemis du pays.
Si la peine de l’activiste Germain Rukuki (initialement condamné injustement à 32 ans de prison) a été réduite à une année de prison par la cour d’appel de Ntahangwa juste pour monter à l’UE un signe de bonne volonté en matière du respect des droits de l’homme au Burundi, la machine à tuer du cnddfdd ne s’est pas pour autant arrêtée. Prosper Bintunimana, un homme de 39 ans, originaire de la commune Ndava en province Cibitoke a été tué, son cadavre jeté sur la route en zone Butere. Selon Sos médias, cet homme avait été enlevé à 20 hoo du 20juin 2021 sur la colline Nyamitanga , à 7 km de sa colline natale. Son cadavre a été retrouvé à Buterere le matin du 21juin 2021. Selon les informations recueillies auprès de la population de son entourage, il serait accusé d’aider les gens à traverser la Rusizi séparant le Burundi de la RDC. Et voilà que la sanction est la plus extrême, la mort. Il n’est pas le seul à subir de telles atrocités de la part des agents du SNR ou de la milice imbonerakure du cnddfdd. Le 20 juin 2021, Vyamungu alias Sungura de la colline Muhumure, commune Nyanza lac en province Mkamba a été tué alors qu’il rentrait chez lui en provenance d’un cabaret de la localité ; le cadavre de Sylvestre Bitoreye, natif de la colline Gisasa en commune Gitaramuka de Karuzi a été retrouvé à la rivière Nyabiho le 16 juin 2021. Selon les informations recueillies sur place, il a été tué à la machette par des imbonerakure de la colline Gasasa qui l’accusaient de vol sur la même colline. Encore une fois une violation grave du droit à la vie des burundais par la milice imbonerakure contrôlée par le pouvoir Evariste Ndayishimiye. En bref, pour conclure sur ce registre, la Ligue Iteka a transmis à Evariste Ndayishimiye, une lettre à l’occasion de son premier anniversaire au pouvoir, qui contient le bilan en matière de violation du droit à la vie par les services sous sa responsabilité en une période d’une année qu’il vient de passer au pouvoir. Ce rapport de la ligue Iteka montre que la machine à tuer du cnddfdd a tué pendant seulement une année du pouvoir Ndayishimiye, 25% des gens qu’elle a tué au cours de 5 ans pendant lesquels Nkurunziza a dirigé illégalement le Burundi (depuis 2015). En termes de chiffres, le rapport de la ligue Iteka signale que 554 personnes ont été tuées, 250 cadavres ont été trouvés ici et là dans le pays dans une période d’une année que le président Ndayishimiye était au pouvoir.
Devant une telle situation, comment les pays de l’UE qui prônent le respect des droits de l’homme puissent penser à la révocation de la mesure de suspension des aides directes pour le Burundi ? Les avancées positives en matière de respect des droits de l’homme et de bonne gouvernance dont la plupart de partenaires du Burundi dont l’UE parlent ne se basent que sur les déclarations d’intention d’Evariste Ndayishimiye au moment où la machine à tuer du cnddfdd continue sa sale besogne et les gros poissons du cnddfdd continuent à piller les ressources du pays dans l’impunité totale au moment où le bas peuple croupisse dans la misère totale dans un pays le plus pauvre de la planète.
URN HITAMWONEZA demande encore une fois aux pays de l’UE de bien évaluer la situation réelle des droits de l’homme, dont le droit à la vie, sur le terrain burundais avant de prendre cette mesure de lever les sanctions contre le Burundi car les raisons qui les ont poussés à imposer ces sanctions au pays sont toujours là. Lui accorder les aides directes signifierait, dans les conditions actuelles, soutenir le pouvoir de Gitega dans ses différents crimes aussi bien économiques que des crimes de sang. Si ces pays persistent et signent et arrivent à lever ces sanctions malgré les cris d’alerte des activistes des droits de l’homme, qu’ils s’apprêtent à partager la responsabilité dans ces différents crimes à caractère génocidaire avec la clique militaire au pouvoir au Burundi. Aux burundais, nous demandons de faire le monitoring de ces cas de violations graves des droits de l’homme pour qu’un jour on arrive à barrer la route à ce pouvoir et traduire en justice ces criminels.