Burundi: Les évènements de 1972 vus par la CVR : Commentaires
Nous avons vu dans nos analyses précédentes que les pouvoirs qui se succédés au Burundi ont toujours essayé d’avoir des corps de défense et de sécurité qui les rassurent, compte tenu de leur appartenance ethnique. Sauf les accords d’Arusha qui avaient essayé d’établir les équilibres entre hutus et tutsis au sein de ces corps, mais qui ont complètement échoué car ont été violés ou rendus nuls par le cnddfdd, il y a toujours eu des déséquilibres au sein de ces corps. D’un moment, les hutus dominaient les tutsis, d’un autre les tutsis étaient plus nombreux et avaient plus d’influence surtout à l’armée. Les pouvoirs militaires, après avoir constaté la tendance génocidaire de certains extrémistes hutus ont cherché à protéger les tutsis en les renforçant à l’armée, seul organe qui pouvait intervenir en cas de génocide de la minorité par la majorité numérique ethnique.
L’enquête et les résultats partiels sur les évènements de 1972 de Pierre Claver Ndayicariye semblent cacher quelques faits parlants, vécus par des gens et qui sont encore en vie, que son équipe n’ose pas approcher. Cela prouve à suffisance que Ndayicariye a un autre objectif que celui de réconcilier les burundais. Son enquête s’inscrit dans la politique du cnddfdd qui ne vise qu’à démontrer la suprématie hutue pour essayer de mobiliser tous les hutus derrière lui car il n’a pas d’autres projets de société à leur proposer. Un parti politique au pouvoir, qui est capable de développer le pays et permettre à tout citoyen d’avoir de l’eau propre, de l’électricité, des écoles et dispensaires à leur disposition, des projets d’agriculture et d’élevage qui leurs permettent d’avoir de quoi manger et faire des économies, n’a pas besoins de mobiliser le peuple sur base des critères ethniques. Comment un parti politique au pouvoir depuis 2005 ne parvienne-t-il pas à relever l’économie du pays, à tel point que le pays reste le dernier au monde avec toutes les ressources dont il dispose ? Simple réponse : les leaders s’enrichissent au détriment du peuple. D’où toutes les énergies sont concentrées à protéger leurs biens en cherchant à se maintenir au pouvoir. Le peuple devrait s’en rendre compte.
Revenons sur les réalisations de Pierre Claver Ndayicariye et la CVR, devenus des instruments du pouvoir de Gitega pour la mobilisation de tous les hutus derrière lui. Monsieur Ndayicariye voudrait démontrer que les évènements de 1972 étaient un pur montage du capitaine Michel Micombero pour arriver à exterminer les hutus ; un génocide des hutus préparé par le pouvoir Micombero car lui seul ne pouvait pas. Un génocide est toujours préparé et exécuté par un pouvoir. La première question est de savoir si Ndayicariye aurait cherché à savoir le combat monarchique auquel le pouvoir de Micombero était confronté en cette période. Beaucoup d’éléments montrent que Micombero avait l’attention orientée vers le retour de la monarchie que vers l’organisation d’une rébellion pour attaquer le pays et tuer les hutus. Nous avons vu dans nos éditions précédentes que même les informations diverses parlant des rebelles qui se préparaient en Tanzanie et en Rdcongo n’étaient pas pris au sérieux. Sinon, comment il pouvait organiser des gens qui tueraient autant de tutsis dans le Sud du pays (soulignons qu’il est natif de la région) ? Comment est-ce que les évènements ont commencé le jour même où ses ministres les plus influents (même s’il avait limogé tout son gouvernement) étaient en campagne de pacification (sur base de ces rumeurs d’attaque qui sont devenues réalité) dans Rumonge ? Comment est-ce que (s’il savait qu’il y aura attaque), aurait-il accepté de participer aux soirées dansantes auxquelles étaient conviés tous les responsables tutsis du pays sachant qu’ils pouvaient y mourir tous ? Ndayicariye aurait cherché à savoir pourquoi les criminels ne visaient que les tutsis seuls ? Aurait-il eu des informations que le commandant Misigaro, hutu, qui était à la tête du camp Nyanza lac, a aligné ses militaires, désarmé les tutsis pour les faire exécuter ensuite ? Etait-il Micombero qui lui avait donné cet ordre ? Ndayicariye aurait il enquêté sur le rôle que le capitaine Marcien Burasekuye devrait jouer dans l’exécution du plan de ce 29 avril 1972 ? Avait-il été mandaté par le président Micombero ?
Il y a tant de questions auxquelles Ndayicariye devrait répondre après avoir réfléchi deux fois avant d’aller gueuler devant les sénateurs et députés pour les convaincre que ce qui s’est passé en 1972 était un génocide des hutus préparé et exécuté par les tutsis (selon la conception des extrémistes hutus : la preuve, les hutus qui exécutaient les voisins tutsis en 1993 leur disaient qu’ils veulent venger leurs parents tués en 1972. Or, aucun tutsi n’a pris une machette pour tuer son voisin hutu en 1972) ou par le pouvoir Micombero (selon Ndayicariye et son CVR).
Tout le monde reconnait que le pouvoir Micombero a tué beaucoup de hutus après avoir constaté que le problème n’était pas une tentative de retour à la monarchie ; des tutsis ont aussi été faits tuer par d’autres tutsis pour des règlements de compte ; et c’est très regrettable. Dire que c’est le pouvoir Micombero qui a planifié le génocide des hutus en commençant par faire exterminer les tutsis pour avoir un prétexte, semble incompréhensible. Il y a par ailleurs des instances habiletés à qualifier de tels actes de génocide ou pas ; ce travail ne revient pas au pouvoir cnddfdd via les deux chambres réunies (parlement et sénat)
URN HITAMWONEZA s’engage à mener le grand combat contre tous ces extrémistes hutus comme Ndayicariye et Evariste Ndayishimiye et son équipe qui ne cherchent qu’une exploitation politique des évènements malheureux qui ont endeuillé notre pays afin de se maintenir au pouvoir. Ne pas dire la vérité au peuple, vouloir montrer aux militants du cnddfdd et aux hutus en général que ce sont les tutsis qui ont tué les hutus en 1972 signifie ni moins ni plus dresser les uns contre les autres ; les inciter à la revanche, pourquoi pas au génocide. Ce n’est pas l’orientation initiale de la CVR ( se dire la vérité qui réconcilie). Le travail de Pierre Claver Ndayicariye ne réconcilie pas les burundais, il les divise d’avantage (c’est peut-être la mission lui donnée par son patron). Nous reviendrons aussi sur le déterrement des os dans les provinces Karuzi et Gitega. Qu’ils soient prêts à assumer leurs responsabilités devant les burundais et devant le monde entier de ce qui sortira de ces divisions qu’ils sont entrain de semer.