Burundi : Les disparitions forcées au Burundi ne semblent pas être une grande préoccupation des Nations Unies
Le monde entier célèbre chaque année, le 30 Août, une journée des personnes disparues. Avant d’entrer en détail, voyons ensemble ce que la communauté internationale appelle ‘’disparition forcée’’. Selon la Déclaration sur la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées, proclamée par l’Assemblée générale dans sa résolution A/RES/47/133 de 1992, il y a disparition forcée lorsque : « des personnes sont arrêtées, détenues ou enlevées contre leur volonté ou privées de toute autre manière de leur liberté par des agents du gouvernement, de quelque service ou à quelque niveau que ce soit, par des groupes organisés ou par des particuliers, qui agissent au nom du gouvernement ou avec son appui direct ou indirect, son autorisation ou son assentiment, et qui refusent ensuite de révéler le sort réservé à ces personnes ou l’endroit où elles se trouvent, ou d’admettre qu’elles sont privées de liberté, les soustrayant ainsi à la protection de la loi ».
La disparition forcée constitue donc une violation grave de presque tous les droits de l’homme. En voici une petite liste : le droit à la reconnaissance en tant que personne devant la loi; le droit à la liberté et la sécurité de la personne; le droit de ne pas être soumis à la torture et d’autres traitements cruels, inhumains ou dégradants; le droit à la vie, lorsque la personne disparue est tuée; le droit à une identité; le droit à un procès équitable et aux garanties judiciaires; le droit à un recours effectif, y compris la réparation et l’indemnisation; le droit de savoir la vérité sur les circonstances d’une disparition.
On dit qu’en plus de cette liste, les disparitions forcées violent généralement divers droits économiques, sociaux et culturels, tant pour les victimes que pour leur famille : le droit à la protection et l’assistance de la famille ; le droit à un niveau de vie adéquat ; le droit à la santé ; le droit à l’éducation.
Le Statut de Rome de la Cour pénale internationale, entré en vigueur le 1er juillet 2002, ainsi que la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 20 décembre 2006, stipulent que lorsqu’elle est commise dans le cadre d’une attaque généralisée ou systématique dirigée à l’encontre d’une population civile quelconque, la « disparition forcée » est considérée comme un crime contre l’humanité et, par conséquent, n’est pas soumise à un délai de prescription. Elle donne aux familles des victimes le droit de demander réparation, et d’exiger la vérité sur la disparition de leurs proches.
Voilà un certain éclairage sur la définition et les droits de l’homme violés en cas de disparition forcée. Et quand on observe ce qui se fait dans notre pays, généralement, il est rare qu’une personne enlevée par les services de l’Etat (le SNR ou l’armée ou police et même la milice imbonerakure ) soit retrouvée encore vivante. Pourquoi ? Parce que la personne est sérieusement torturée lors de l’interrogatoire jusqu’à la mort ou jusqu’à un état où même ces criminels ne peuvent pas oser la présenter dans une prison ou dans un autre service quelconque. Le choix est donc simple, la personne est achevée, et ils vont la jeter loin de son lieu d’origine et l’administration locale se charge rapidement de la faire enterrer avant toute identification. Ou encore, la personne est mise dans un sac, avec des pierres lourdes et est jetée dans une rivière ; le cadavre ne pourra pas remonter sur surface hors de l’eau.
Cette pratique est monnaie courante au Burundi, c’est la tactique du système cnddfdd depuis qu’il est au pouvoir. Les cas de disparitions forcées se sont beaucoup multipliées depuis 2015. Pacifique Nininahazwe, dans son programme Ndondeza affirme qu’ils ont une liste de 250 personnes portées disparues depuis 2015. Un nombre largement inférieur au chiffres réels car, ces cas documentés sont des cas qui échappent généralement à la vigilance de toute cette machine mise en place par le pouvoir cnddfdd et qui fait tout pour cacher les cadavres des personnes enlevées et tuées.
Malgré que ce soit un cas de fragrance, nous remarquons avec regret que les Nations Unies, l’Union Africaine et encore moins la communauté des Etats de l’Afrique de l’Est semblent ne pas se préoccuper de ces crimes commis au Burundi et qui ont une ampleur d’un véritable génocide. Les raisons nous semblent inconnues. Mais, le constat général est que lorsqu’un pouvoir est déjà en place, quel que soit comment il a été élu (par tricherie ou pas), quand il parvient à faire taire sa population, la communauté internationale coopèrera avec lui, d’une manière ou d’une autre. Tout le monde est d’accord que de telles pratiques de disparition forcée est le propre des pouvoirs dictatoriaux, mais laisse mais ne réagisse pas faisant valoir le principe du respect de la souveraineté des Etats. Un Etat souverain qui tue son peuple ! Et ils se disent des Etats démocratiques au moment où toutes ces exactions sont commises généralement sur des prétendus opposants politiques dans le seul but de garder éternellement le pouvoir.
Une autre raison souvent évoquée par des experts en matière de sécurité des Etats est que cette pratique de disparition forcée existe dans presque tous les Etats, mais à des degrés différents. C’est pour cette raison que les Etats ont de la peine à se prononcer contre cette pratique inhumaine et proposer des sanctions aux Etats qui dépassent les limites de l’acceptable comme le Burundi. Pierre Krähenbühl, directeur CICR estime qu’’’il est impératif de faire face à cette tragédie et d’aider les familles de disparus à faire la lumière sur ce qu’il est advenu de leurs proches. Ne pas savoir si un être cher est mort ou vivant provoque une angoisse indicible, de la colère et un profond sentiment d’injustice, et empêche les proches de faire le deuil et de tourner la page”. Les burundais demeureront dans cet état jusque quand ?
URN HITAMWONEZA regrette que le pouvoir cnddfdd continue de gouverner le pays par la terreur, en faisant de la disparition forcée une arme de faire taire tous ceux qui osent dire ce qui ne va pas au pays. Il faudrait s’attaquer aussi au président Evariste Ndayishimiye qui commence à dénoncer le manque de justice dans un pays qu’il est sensé diriger. Comme nous savons qu’il ne fait que jouer la comédie, nous demandons plutôt le peuple burundais de se lever comme un seul homme pour dire non à ce pouvoir et à son système cnddfdd. Tous ces leaders qui ont trempé dans des crimes de sang ou crimes économiques doivent être destitués et traduits devant les juridictions compétentes. Une fois destitués, cette communauté internationale qui ne dit aucun mot sur les crimes qu’ils commettent aujourd’hui, prendra le devant pour les condamner et les envoyer devant la CPI (Cour pénale internationale). Prenons le devant comme burundais, faisons notre possible pour nous libérer de ce pouvoir, les autres feront leur part après.