Burundi : Les armes distribuées aux imbonerakure commencent à faire beaucoup de victimes au sein du système cnddfdd
La province Mwaro vient de connaitre une période de turbulences sécuritaires ces derniers jours. Le colonel Gaspard Gasanzwe, nouveau gouverneur de la province, a connu son baptême de feu en gérant des cas de morts, des personnes tuées par des gens armés non encore identifiés jusqu’aujourd’hui. Nos premières investigations montrent qu’il n’y a pas de groupes de l’opposition armés bien constitués qui auraient attaqué cette province, mais que les tueurs se trouvent être des gens de Mwaro, avec des armes distribuées par le pouvoir aux imbonerakure et pour des motifs non fondés basés sur de simples jalousies au sein du système cnddfdd.
Les faits : le 4 Avril 2021 à 21 hoo, un groupe de gens armés à bord d’un véhicule ont tiré sur deux maisons d’habitation, l’une appartenant à Athanase Mpawenayo, secrétaire du cnddfdd en commune Rusaka ; ils ont tué son fils et son domestique. L’autre maison visée par les balles appartenait à celui surnommé Ligue Provincial ; là, pas de dégâts majeurs, seules quelques balles qui ont touché la maison. Les malfaiteurs se sont tout de suite enfuis ; personne n’a pu les appréhender. Le 16 Avril 2021, presque à la même heure, un autre groupe de 3 hommes armés ont attaqué des gens se trouvant dans un cabaret à Rusaka, tuant de façon sélective 07 personnes. Selon les témoins sur place, les personnes tuées sont : le comptable du COOPEC et sa femme, le préfet des études au Lycée communal de Rusaka et son épouse, elle-même directrice de l’Ecofo Rusaka ainsi que leur fille aînée ; un agent en charge des taxes communales de Rusaka ainsi qu’un travailleur à la communauté des sœurs Ursulines du sacré cœur de Jésus de Bukwavu. La police ajoute que 3 personnes auraient également été blessées lors de cette fusillade.
Qui seraient derrière ces attaques ? Quand de telles actions visant des membres du cnddfdd se produisent dans une localité, les forces de sécurité ainsi que l’administration soupçonnent des tutsis et des hutus de l’opposition, spécialement les membres du CNL d’Agathon Rwasa. Le porte-parole de la police a annoncé hier que 08 personnes ont été déjà appréhendées pour des enquêtes. Mais, nos sources sur place nous indiquent que le nombre de personnes arrêtées est plus important que ça, et les arrestations continuent. Ici, il y a risque que des innocents soient arrêtés et emprisonnés sur simple soupçons.
Mais, les enquêtes déjà menées auprès des gens de Rusaka qui connaissent les conflits qui existent au sein du parti cnddfdd nous ont fait savoir que cette affaire ne concerne en rien les gens de l’opposition. Selon nos sources, c’est un problème interne au sein des membres du cnddfdd de la commune Rusaka. En effet, le fameux Athanase Mpawenayo, secrétaire du cnddfdd en commune Rusaka est un homme qui a été très influent au sein du pouvoir cnddfdd depuis longtemps, c’est lui qui avait presque le dernier mot sur les désignations des gens à nommer aux différents postes. Il s’est fait grand homme alors qu’apparemment son niveau d’études serait dangereusement très bas. Des jalousies ont commencé par là. L’attaque chez lui serait alors, selon nos sources, une action punitive sur son comportement hautain qui ne serait pas facilement toléré par un certain groupe de gens ; alors qu’actuellement, son influence n’est plus la même au sein du parti de l’Aigle et du pouvoir d’Evariste Ndayishimiye. Athanase Mpawenayo aurait, à son tour, organisé des gens autour de lui pour se venger contre ceux qui auraient organisé ou qu’il soupçonne avoir organisé l’attaque du 4 avril qui a couté la vie à son fils. Il serait donc à cet effet responsable de l’assassinat sélectif des 7 personnes le 16 Avril 2021. Le vice-président du conseil communal serait aussi de mèche avec lui dans cette affaire. S’il faut alors mener des enquêtes, il faudrait peut-être commencer par les deux au lieu de penser aux tutsis et aux membres du CNL.
Un autre fait très important est que les armes utilisées seraient celles distribuées par le pouvoir cnddfdd aux imbonerakures. Ces derniers possèdent aussi des appareils Motorola qu’ils se servent comme moyens de communication et qui sont connectés aux fréquences des forces de l’ordre dans le secteur. Il serait alors difficile voire impossible de les arrêter après coup car ils suivent leurs communications avec Motorola. Loin de nous le sentiment de cynisme, mais il est parfois dit que c’est le cheval que tu engraisses qui te mord. En leur distribuant les armes et moyens de communication, les membres du cnddfdd au pouvoir croyaient qu’ils serviraient uniquement pour mater les opposants, mais voilà que quand ils se rentrent dedans, les forces de l’ordre ne parviennent même pas à intervenir rapidement à temps pour éteindre le feu et les enquêtes pour établir les responsabilités deviennent très compliquées. Ceux qui ont participé dans une réunion de sécurité après cette attaque du 16 Avril 2021 nous ont affirmé que personne n’osait dire ce qu’il connait sur ce cas ; tellement les gens avaient peur de s’exprimer car ils n’étaient pas sûr de quel camp se positionner, quel camp serait le plus fort ou de quel camp étaient les autorités. Affaire à suivre.
URN HITAMWONEZA regrette que des burundais soient tués de façon aussi arbitraire sur base des affaires banales. Ce sont des vies qui tombent pour rien alors que ces gens avaient encore le temps et l’énergie de servir et donner leur contribution au développement du pays. Nous regrettons aussi que des armes achetées avec l’argent du contribuable burundais soient utilisées non pas pour sa défense, mais pour tuer des citoyens burundais. Nous demandons que le pouvoir cnddfdd retirent ces armes aux mains de ces imbonerakure qualifiés de milices par les Nations Unies. Nous savons déjà que le pouvoir cnddfdd ne le fera pas. Mais, les pays qui aident le Burundi devraient mettre plus de pressions (jusqu’à l’embargo total) sur le pouvoir d’Evariste Ndayishimiye jusqu’à ce qu’il accepte de démanteler cette milice qui n’est là que pour tuer tous ceux qui n’ont pas la même vision politique que le système cnddfdd. Nous appelons encore une fois les burundais épris de paix et de justice à plus de solidarité pour faire front à ces escadrons de la mort. Ils ne sont pas nombreux ; ils ont seulement les moyens de l’Etat ; et toutes les stratégies doivent être mises en œuvre pour les faire retourner à servir une cause noble. Ensemble, nous vaincrons