Burundi : Les Accords d’Arusha, tels qu’ils sont, peuvent-ils sauver le Burundi aujourd’hui ?
Les réponses varient d’un individu à un autre. Certains disent oui, une fois mis en œuvre tels qu’ils ont été négociés et signés. Tout en reconnaissant que ces accords ne sont pas parfaits, ceux qui soutiennent cette idée estiment que ce texte a été obtenu après beaucoup de Jours de discussions sur toutes les questions du Burundi depuis son indépendance, avec un appui de beaucoup de partenaires jusqu’à l’organisation des Nations Unies. Pour eux, ce n’est pas un document à rejeter, surtout qu’il n’appartient pas uniquement aux burundais, il appartient aussi aux garants de ces accords qui en conservent jusqu’ici jalousement une copie.
En y mettant une condition de leur mise en œuvre, beaucoup de burundais, qui n’ont pas lu ces accords, les reconnaissent uniquement par le partage des postes de responsabilité entre hutus et tutsis ( 60% pour les hutus et 40% pour les tutsis et 50%-50% au sein des corps de défense et de sécurité).Voilà tout ce que contient l’accord pour le burundais lambda , en plus quand même d’une certaine accalmie retrouvée après la signature des accords de cessation des hostilités par les différents groupes rebelles. Les défenseurs de ces accords d’Arusha estiment qu’ils contiennent beaucoup d’autres points très intéressants qui n’ont pas été mis en œuvre par les pouvoirs qui se sont succédés ; chacun ayant exploité les points qui lui procuraient plus d’intérêts.
Ceux qui s’opposent farouchement à ces Accords estiment que ce sont des accords qui ont été obtenus après des négociations entre deux blocs hutus et tutsis, G7-G10, qui n’ont pas été mandatés par les différentes tendances ethniques ; raison pour laquelle le partage des postes entre hutus et tutsis a été la seule préoccupation de ceux qui ont négocié. Ils estiment que c’est du racisme pur et simple ; certains osent même parler d’un autre genre d’apartheid. Ils ne comprennent pas comment Nelson Mandela qui a combattu le racisme dans son pays a cautionné du racisme au Burundi. En effet, avec ce partage de postes entre hutus et tutsis, les burundais cessent d’être burundais, mais se distingueront toujours entre hutus et tutsis pour le partage du gâteau national. En plus, cela signifie qu’il y a une catégorie de burundais qui ont moins de droits qu’une autre. Et où est la place des Ganwa, des twa et des descendants des mariages mixtes ?
Cette catégorie de burundais qui rejettent catégoriquement ces accords trouvent qu’il est inadmissible que des criminels qui ont versé du sang des burundais, des génocidaires, soient amnistiés et se prennent pour des modèles de la société car deviennent de surcroît les dirigeants du pays. Ces accords ont donné une occasion en or aux génocidaires et aux véritables planificateurs de l’assassinat du président Ndadaye de faire oublier, de façon temporaire, les crimes qu’ils ont commis. Une véritable auto amnistie. Pour cette catégorie de burundais, c’est un accord raciste, négocié sous un cachet raciste avec à la tête des groupes de négociateurs, des chefs accusés de beaucoup de crimes par les burundais.
La catégorie des modérés estime que le document ne peut pas été rejeté en bloc, qu’il est le résultat des consultations des burundais de toutes les tendances, qu’il faut plutôt le réévaluer, corriger les imperfections qu’il contient et le mettre en œuvre de façon effective. D’autres estiment qu’il faut plutôt que les burundais trouvent une occasion de s’asseoir ensemble, maintenant qu’ils ont vu les pouvoirs dits tutsis et ceux dits hutus diriger le pays sans apporter une véritable paix au pays, et rediscuter comment vivre ensemble dans le respect mutuel et signer des conventions à mettre en œuvre avec la plus grande rigueur dans l’intérêt de tous.
Le constat malheureux est qu’une telle occasion n’est pas possible dans l’environnement politique actuel. Le pouvoir cnddfdd ne leur donnera jamais cette opportunité car non seulement qu’il a fait savoir qu’il ne reconnait pas ces accords, il regorge de beaucoup de criminels qui ont versé le sang de beaucoup de burundais, il craint qu’une fois la vérité mise au grand jour, tous ses leaders se retrouvent devant les tribunaux. C’est pourquoi la clique militaire au pouvoir est prête à s’y maintenir à tout prix.
URN HITAMWONEZA sait bien que le dialogue est nécessaire entre burundais pour trouver une solution à tant de problèmes que le pays a vécu depuis son indépendance ; mais, nous demandons aujourd’hui qu’il y ait d’abord justice pour séparer le bon grain de l’ivraie. Non seulement qu’avec les temps qui courent, il est inadmissible de s’asseoir sur une même table avec des criminels connus pour avoir tué au grand jour nos frères et sœurs burundais, les gens qui ont du sang sur les mains ne peuvent pas permettre que des burundais dialoguent en toute quiétude pour arriver à la vérité des faits et conclure un accord de paix durable. C’est pourquoi tout burundais qui aspire à la paix pour tous doit s’investir pour arriver à chasser du pouvoir les criminels qui le détiennent illégalement afin de mettre en avant ceux qui pourraient faciliter des discussions franches entre burundais pour arriver à la paix pour tous tant souhaitée.