Burundi : Le président Evariste Ndayishimiye poursuit sa campagne de séduction envers la communauté internationale (2eme partie)
Le président Evariste Ndayishimiye remue terre et ciel pour voir si l’Union Européenne et les autres partenaires internationaux pourraient redémarrer de manière effective la coopération avec le Burundi. La clique militaire au pouvoir aujourd’hui a besoin de l’argent de façon urgente pour le fonctionnement du gouvernement. Le retrait du Burundi de l’agenda politique du Conseil de Sécurité des Nations Unies le 4 décembre 2020 a été un bon début de cette longue marche vers la normalisation des relations entre le Burundi et la communauté internationale. Les pays européens et les autres vont sans doute emboiter ce pas.
C’est une bonne chose que le pays soit ouvert au monde extérieur et que les burundais puissent bénéficier, à travers les projets de développement financés par ces partenaires, des aides extérieures. Mais, le comble de malheur est que les conditions en rapport avec le respect des droits de l’homme imposées au pouvoir d’Evariste Ndayishimiye sont jetées dans les oubliettes par les mêmes pays comme si elles ont été remplies ou comme si la paix et la sécurité des burundais -non membres du cnddfdd, qui sont en train de mourir aujourd’hui comme des mouches, tués par le même pouvoir- ne constituent pas une préoccupation pour ces pays. Croiraient-ils un seul instant que s’ils accordent des appuis directs au pouvoir cnddfdd il va changer sa stratégie génocidaire de faire taire tous ceux qui ne sont pas de son parti en les tuant sans excuse et sans poursuite ? Y croire serait synonyme de rêver debout le jour. Nous osons espérer que tout le monde a déjà compris que les discours alléchants d’Evariste Ndayishimiye ne restent qu’au niveau des mots, que leur mise en œuvre est toujours à douter.
Revenons sur son discours lors des vœux aux membres du Corps diplomatique et consulaire accrédités à Bujumbura. Nous avons déjà vu que la paix et la sécurité dont il parlait est loin d’être garanties à tous les burundais ; les chiffres des cadavres découverts chaque semaine sont alarmants, les arrestations arbitraires et emprisonnements sont légion. La confiance entre les acteurs politiques dont il faisait allusion n’est qu’un mensonge éhonté car depuis qu’il est au pouvoir, aucun opposant politique n’a eu le moindre poste de responsabilité, du haut au bas niveau de l’administration ; tous sont membres du cnddfdd ou leurs alliés.
Le président Ndayishimiye a finalement touché du doigt sa première préoccupation dans cet extrait de son discours : ‘’Pour ce qui est du développement proprement dit, nous voudrions faire usage de cette plateforme pour exprimer notre gratitude aux pays et organisations qui ont déjà affiché leur volonté d’accompagner le Burundi sur ses nombreux chantiers. Notre souhait est que tous les points de divergences et les zones d’ombres observés dans nos relations avec certains pays et organisations soient un souvenir du passé, pour désormais traiter et affronter ensemble les défis du moment afin de trouver des solutions pour un avenir meilleur’’. Nous rappelons au président Ndayishimiye que le nœud des points de divergence n’est que les violations graves des droits de l’homme dont sont responsables ses hommes. Et cela ne va pas changer demain ou après-demain. Désarmer et démanteler la milice imbonerakure serait un signe de bonne volonté qui va dans le sens du souci du pouvoir pour le respect des droits de l’homme car ils sont parmi les premiers criminels qui menacent la paix et la sécurité des burundais. L’arrestation des criminels connus du régime afin de les traduire devant les tribunaux serait un deuxième signal que le pouvoir Ndayishimiye pourrait lancer à ces partenaires internationaux pour prouver sa bonne volonté de démarrer ce qu’il a appelé un ‘’contexte national que nous pouvons qualifier de jours nouveaux dans la vie politique, sociale et économique du pays’’. Il ne suffit pas de lancer des slogans, des discours flatteurs, les partenaires attendent des gestes et des actes concrets.
Il est clair qu’une partie des fonds seront débloqués sans tarder- même si le pouvoir continue à tuer et emprisonner des burundais de l’opposition en toute impunité- et leur utilisation sera aussi faite dans la subjectivité totale. Seuls les membres de la milice imbonerakure (la jeunesse) seront les premiers bénéficiaires ; une façon de leur permettre de faire le travail leur demandé par Evariste Ndayishimiye et sa clique étant dans de bonnes conditions. Le reste ira dans les mains des grands du régime. Quelques miettes arriveront chez le citoyen lambda alors que c’était lui qui en avait plus besoin.
URN HITAMWONEZA demande encore une fois aux partenaires du Burundi qui vont bientôt envoyer des appuis directs au régime cnddfdd de veiller à leur vraie utilisation. S’il s’avérait que ces fonds soient utilisés pour renforcer la machine à tuer du régime (la milice imbonerakure et les autres forces du mal, pour ne pas dire les forces de l’ordre devenues les outils du pouvoir), ces pays seront aussi considérés comme complices dans ces crimes, et ils seront tenus responsables. La collaboration entre le pouvoir Ndayishimiye et les forces négatives de la sous-région ne présage rien de bon. Par contre, un plan de génocide régional serait sur sa phase de finalisation. L’UE et les autres partenaires du Burundi qui se pressent à fournir des appuis directs au pouvoir Ndayishimiye doivent être prudents pour ne pas se retrouver demain ou après-demain parmi les pays qui auront financé les préparatifs d’un autre génocide dans la sous-région des grands lacs.