Burundi : Le Président Evariste Ndayishimiye installé dans un fauteuil qu’il ne mérite pas (cinquième partie)
Bilan : Lutte contre la corruption et les malversations économiques
Il est difficile de faire une évaluation claire et objective sur la lutte contre la corruption et les malversations économiques au cours du règne du président Evariste Ndayishimiye, car, pour les non avisés, c’est l’homme le plus saint, le plus correct, le moins corrompu si on s’en tient uniquement à ses discours en public. S’il était capable de joindre les actes à ses paroles, le Burundi serait le paradis. Pourtant, c’est juste le contraire.
Son départ en la matière a été très mauvais : violation fragrante de la constitution. Cette dernière prévoit que les autorités étatiques, à leur entrée en fonction, déclare d’abord leurs biens ; une façon de vouloir évaluer, à la fin de leur mandat ou quand ils quittent leurs postes, si ce qu’ils ont reçu au cours de cette période, ils les ont reçus de façon légale car ils doivent encore une fois les déclarer. Voilà que le président Evariste l’a annoncé lui-même lors de la première croisade de prière à Ngozi. C’était comme un ordre donner à tous les chefs à tous les niveaux jusqu’au planton engagé par l’Etat de se préparer à déclarer leurs biens avant leur entrée en fonction. Probablement que les gros poissons du cnddfdd, qui ont eu le temps de remplir leurs poches, lui ont dit Non. Et sans honte, il a fait un virage à 180 degrés en déclarant lors de sa première conférence publique, qu’il est difficile de déclarer tous les biens de quelqu’un, que cela prendrait beaucoup de temps, et que par ailleurs ils constituent un secret à lui. C’était son premier échec en matière de lutte contre la corruption et les malversations économiques. Les leaders du cnddfdd les plus proches du président ont des richesses qu’ils ne parviennent même pas à contrôler ; et ils font le bon et le mauvais temps au Burundi. Evariste Ndayishimiye est incapable de leur empêcher de continuer à sucer le peu que le pays possède, encore moins de remettre ce qu’ils ont volé à l’Etat. Il l’a confirmé lors de sa sortie médiatique dans l’émission ‘’Ku nama’’. Quand le journaliste Jérôme Niyonzima lui posait la question de savoir si ceux qui ont volé les biens de l’Etat pourraient être poursuivis pour remettre au trésor public ce qu’ils ont reçus illégalement, il a bien déclaré que les affaires de corruptions et malversations économiques commises avant son entrée en fonction ne lui concerne en rien, qu’il ne fera rien sur ces dossiers.
Un autre échec le plus fragrant du pouvoir Ndayishimiye en matière de lutte la corruption et les malversations économiques, c’est la loi sur la suppression des institutions anti-corruption (la Brigade spéciale, la Cour spéciale anti-corruption) adoptée à l’unanimité par l’Assemblée Nationale du Burundi le 29 avril 2021. Pour le pouvoir de Gitega, l’objectif serait de « décentraliser les institutions judiciaires anti-corruption auprès de la population ». Il prévoit notamment la création des chambres anti-corruption au sein des Tribunaux de Grande Instance, chargées de traiter tous les dossiers relatifs à la corruption. La création des sections anticorruption au sein des Parquets, chargées de recevoir les plaintes relatives à la corruption. Pour l’Olucome (Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques), ce projet de loi est une violation flagrante de la Constitution qui prône le respect des conventions internationales que le Burundi a ratifié. Gabriel Rufyiri, président de l’Olucome, parle de la convention de l’ONU contre la corruption et la convention africaine pour la prévention et la lutte contre la corruption, ratifiées par le gouvernement burundais en janvier 2005. Selon lui, le pouvoir de Gitega vient de faire une régression considérable en matière de bonne gouvernance, de transparence et de lutte contre la corruption ; d’autant plus que même le ministère de la Bonne gouvernance, qui était chargé de ces institutions anti-corruption a été supprimé.
Quand un pouvoir viole les textes fondamentaux en matière de lutte contre la corruption et les malversations économiques, il est normal que les actes posés par les uns et les autres n’en sont que des conséquences directes. On ne prétend pas ici les citer tous. Mais les faits et gestes suivants montrent que le Burundi est gangréné par la corruption et les malversations économiques ; et le plus malheureux est que ce sont les gros poissons du cnddfdd, les intouchables, qui sont les premiers responsables de gros dossiers. Joseph Ntakarutimana, secrétaire adjoint du cnddfdd, a reconnu que la corruption et les malversations économiques sont devenues comme un cancer qui ronge le pays, et ce, dans tous les domaines. C’était à Butihinda en province Muyinga le 22 mai 2021 lors du lancement de la campagne contre ce fléau ; une campagne qui mènera ces leaders du cnddfdd dans toutes les provinces du pays. Malheureusement, personne n’ignore que tout cela ne restera qu’au niveau des discours ; et les voleurs continueront à remplir leurs poches. Ils se retrouvent dans des dossiers divers et de gros sous.
On citerait notamment le cas du trafic des êtres humains qui se fait en violation fragrante des lois internationales en la matières ; les avions qui ont toujours été achetés et qui n’ont jamais fonctionné ; les marchés publics qui sont attribués sans respect de la loi en la matière aux seuls membres influents du cnddfdd car ils versent de l’argent au parti ; les minerais qui sont extraits en désordre après avoir versé de l’argent aux grands du régime ( le plus en vogue aujourd’hui est le ministre Gervais Ndirakobuca qui exigerait de l’argent pour toutes les 7 sociétés qui seraient en train d’extraire des minerais en province Ruyigi) ; l’extraction de la terre rare qui ne profite pas à l’Etat, mais aux individus ; les cas des fraudes des pagnes en provenance de la RDC que le gouvernement essaie de combattre, mais qui ne s’arrêtent pas car les premiers responsable sont des hommes et femmes influents au sein du système cnddfdd ; etc… la liste est très longue.
URN HITAMWONEZA estime que les déclarations de bonnes intentions en matière de lutte contre la corruption et les malversations économiques du président Evariste Ndayishimiye ne valent rien au moment où les actes de ce genre continuent à être observés alors que personne n’est poursuivi. Oui, on constate que certaines personnes accusées de malversations économiques sont parfois interpellées ici et là, mais, là aussi, le constat est que la plupart de ceux qui sont arrêtés et punis sont des individus qui ne sont plus en bons termes avec les grands du système cnddfdd . Tant que les gros poissons du pouvoir qui ont eu tout le temps de voler les biens qui devraient relever le niveau de la population et qui sont devenus plus riches que l’Etat sont au pouvoir, ils continueront à mettre dans leurs poches le peu de ressources de l’Etat et le citoyen lambda continuera à s’enfoncer dans sa misère. Nous rappelons encore une fois au peuple burundais que la seule manière de récupérer tout ce qui a été volé au peuple par les leaders du cnddfdd au pouvoir depuis 2005, c’est d’abord de les chasser de ce pouvoir et ainsi les traduire devant les juridictions compétentes pour répondre de leurs actes. Levons-nous tous ensemble comme un seul homme pour libérer notre pays.