Burundi : Le président Evariste Ndayishimiye décide de se rendre en Egypte au lieu d’aller rendre un dernier hommage à son père Magufuli
Une dizaine de chefs d’Etat se sont déplacés en Tanzanie, exactement à Dodoma pour rendre un dernier hommage à feu président John Pompe Joseph Magufuli, mort le 17 mars 2021, officiellement de crise cardiaque, officieusement de Covid-19. Il sera enterré le 26 mars 2021 dans son district natal de Chato, dans la région de Geita.
Le président Evariste Ndayishimiye qui considérait Magufuli, non pas comme son parrain, mais comme son propre père, n’a pas voulu faire ce déplacement. Il a envoyé son vice-président Prosper Bazombanza. Il s’est contenté d’aller à l’ambassade de Tanzanie au Burundi écrire et signer dans le livre de condoléances
Beaucoup de chefs d’Etat Africains se sont rendus à Dodoma. Le président congolais Felix Antoine Tshisekedi, président en exercice de l’Union Africaine, a décrit Magufuli comme un chef qui était acquis à la cause de l’amélioration de la situation de son peuple et au développement de l’Afrique ; un visionnaire, panafricaniste et grand défenseur de l’Indépendance économique africaine. Le Sud-Africain Cyril Ramaphosa l’a décrit comme un combattant de la corruption et un champion des traditions africaines. Le Mozambicain Filipe Nyusi, qui est également président de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), a déclaré que le bloc régional avait perdu un leader courageux et travailleur. Le président kényan Uhuru Kenyatta, président de la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE), en plus de déclarer soutien à la présidente Samia Saluhu Hassan, a exhorté les Tanzaniens à se rallier derrière la nouvelle présidente pour l’aider à faire prospérer le pays. Il a fait savoir que M. Magufuli avait enseigné aux dirigeants africains que le continent disposait de ressources suffisamment abondantes pour mettre fin à sa dépendance vis-à-vis de l’aide étrangère. Edgar Lungu, président Zambien a quant à lui déclaré que Magufuli était franc, intrépide et transformateur. Le président du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa, a déclaré que M. Magufuli œuvrait passionnément au développement de son peuple, et s’était toujours montré inébranlable sur les questions de principe. D’autres hommages sont venus des présidents des Comores, du Rwanda, Burundi, Uganda qui avaient envoyé des représentants.
La question qui se pose est de savoir ce qui a poussé Evariste Ndayishimiye à s’absenter, avec tous les respects qu’il devait au feu président John Pompe Joseph Magufuli. Un président qui arrive à oublier qu’il représente un pays et qui se mette à genou devant son homologue et l’appelle Papa ; c’est une chose anormale. On croyait que c’est par amour ou par respect ; mais, avec son absence, on est en droit de penser que c’était plutôt par intérêt. Ne dit-on pas qu’il n’y a que des intérêts en politique, mais qu’il n’y a pas d’amis ! Et Antoine Gombaud de dire ‘’Où l’intérêt domine, la raison a beau parler, elle n’est guère écoutée.’’ ‘’ L’ami qui n’est ami que par intérêt deviendra un ennemi, à coup sûr’’, disait à son tour Abu Shakour
Le président Evariste Ndayishimiye et son entourage diront que c’est sa visite déjà programmée en Egypte qu’il a effectué ce 23 mars 2021 qui a rendu impossible son déplacement vers Dodoma. S’il avait réellement de l’amour envers son soit disant père Magufuli, il aurait fait un saut à Dodoma le 22 mars 2021 et retourner faire son voyage d’Egypte le 23 mars 2021. Ou tout simplement, il aurait fait reporter cette visite ; ce ne sont pas les égyptiens qui ne comprendraient pas cette situation. Ici, il y a lieu de se demander si Evariste Ndayishimiye a encore un interlocuteur de poids dans ce pays après la disparition de John Pompe Magufuli. Même si le système qui dirige le pays est resté, et que la nouvelle présidente va continuer dans ce sens, Samia Saluhu Hassan n’est pas Magufuli, comme Evariste Ndayishimiye n’est pas Pierre Nkurunziza même si le système cnddfdd dans lequel ils ont évolué est le même. Après son départ, les hommes qui étaient proches de Pierre Nkurunziza n’ont plus de considération qu’ils avaient de son vivant ; certains seraient d’ailleurs dans l’eau bouillante. Certains analystes disent que Madame Samia avait plus de respect envers les opposants alors que Magufuli, le bulldozer, voulait plutôt les écraser sans pitié. Peut-être que Evariste Ndayishimiye et sa clique militaire pensent que la nouvelle présidente ne leur permettra pas de pénétrer facilement en Tanzanie pour continuer à maltraiter les réfugiés burundais qui s’y trouvent et les forcer à rentrer comme ils le faisaient du temps de Magufuli. Souvenez-vous aussi qu’à la mort de Pierre Nkurunziza, la Tanzanie avait envoyé une délégation dirigée normalement par la vice-présidente, mais c’est Jakaya Kikwete qui a pris la parole au stade de Gitega. Ce Kikwete représente les hommes d’affaires tanzaniens qui ont en main le gros des sociétés qui fonctionnent encore au Burundi et la livraison de tout le carburant. D’une pierre deux coups, il était allé au Burundi pour voir si les intérêts de la Tanzanie et des tanzaniens ne seront pas affectés par la mort de Nkurunziza. Ils auraient même exigé que Allain Guillaume Bunyoni sot premier ministre car c’est lui qui était au courant des dossiers mafieux qu’ils traitaient avec feu président Nkurunziza (sans doute que lui-même y a des intérêts). Aujourd’hui, les affaires commerciales avec le Burundi vont sans doute continuer comme avant, mais le respect des droits de l’homme dans ce pays et par conséquent le respect des réfugiés burundais se trouvant sur ce territoire peut connaitre une certaine amélioration.
URN HITAMWONEZA souhaite plein succès à Madame Samia Saluhu Hassan et lui demande de faire respecter les lois internationales en matière des réfugiés pour améliorer l’image de son pays et pour l’intérêt de nos pauvres réfugiés burundais se trouvant en Tanzanie. Comme la clique militaire au pouvoir au Burundi n’hésitera pas à violer les frontières à la poursuite de ces burundais qui ont fui leur pays, la solution serait de déplacer, en collaboration avec le HCR, leurs camps à plus de 150 km de la frontière burundaise conformément à la loi. Une autre voie de sortie serait de leur trouver un autre pays d’accueil. Le président Ndayishimiye devrait savoir que dire une chose et faire son opposé n’honore ni sa personne, ni le pays qu’il représente.