Burundi: Le président Evariste Ndayishimiye critique la qualité de l’éducation comme s’il vient de tomber du ciel
Le président Evariste Ndayishimiye s’exprimait sur le système éducatif au Burundi lors de sa rencontre avec les responsables des médias et les porte-paroles des institutions le 28 janvier 2021. Le président justifie le faible niveau d’éducation des jeunes burundais par le manque d’enseignants qui ont les compétences requises car ils ont reçu des diplômes sans rien avoir dans leurs têtes. ‘’Ntawurondera amata mu matako y’ibikere’’= ‘’on ne peut pas chercher du lait dans les cuisses des grenouilles’’. Voilà les propres termes du président Ndayishimiye. Aucune belle fille du monde ne peut donner que ce qu’elle a, diront les autres. Il a ajouté que le niveau qu’il avait en 6eme année primaire (lui qui a étudié dans l’ancien système éducatif, quand le pays était encore dirigé par des leaders clairvoyants), c’est le même niveau que les enfants de la 10eme année du secondaire ont aujourd’hui. Qui a conçu et mis en œuvre ce système d’aujourd’hui dont vous parlez Monsieur le Président ? Nous y reviendrons. Selon lui, il arrivait que les enseignants soient menacés par des élèves qui viennent en classe avec des couteaux et ils n’hésitaient pas à leur donner des points gratuitement pour sauver leur peau. Depuis quand les élèves osent-ils amener en classe, couteaux ou grenades en poches pour menacer les enseignants ? Qui seraient ces élèves ? Le président peut répondre à toutes ces interrogations.
En effet, comme le dit bien le président Ndayishimiye, l’ancien système éducatif n’a rien de comparable avec le nouveau. Certains élèves arrivent même au niveau de l’Université sans être capables de formuler correctement une phrase complète en français. Très dommage. Voilà le système éducatif instauré par le système cnddfdd dont Evariste est issu et qui l’a porté à la tête de l’Etat. Il a eu la chance d’étudier quand il y avait encore des leaders qui pensaient plus pour l’avenir du pays, qui se souciaient plus de la formation de la jeunesse car un pays sans jeunesse instruite est un pays en disparition.
Depuis l’année scolaire 2013-2014, le pouvoir cnddfdd a instauré le système d’école fondamentale, un système mal pensé, mal planifié et mis en œuvre sans livres ni pour les élèves ni pour les enseignants, sans formation préalable des enseignants pour ce nouveau système, sans écoles suffisantes au moment où ils voulaient que tout le monde passe au moins par le banc de l’école, etc… La liste est longue ; le journal des enseignants du 29 janvier 2021 en a parlé en long et en large. Voilà l’origine de la mauvaise qualité de l’éducation des enfants burundais aujourd’hui. Le comble de malheur est que les enfants de ces faux leaders qui ont mis en place ce système, étudient tous dans les écoles européennes ou américaines, les moins nantis sont dans les écoles privées d’excellence et cela sur les fonds payés par le contribuable burundais, au moment où l’enfant du citoyen lambda de Gisuru n’a même pas de banc pupitre et s’assoie sur une pierre par terre dans une classe non couverte ou sans porte ni fenêtre avec toutes les intempéries qui ne lui permettent pas de suivre en classe. Quand la pluie tombe, tout le monde cherche d’abord où s’abriter pour continuer les cours après. Voilà les citoyens que Ndayishimiye a baptisé ABENEBURUNDI= citoyens à qui appartient le Burundi ; des citoyens qui bénéficient des ressources du pays. Halte à la manipulation de la population Monsieur le Président.
Plus de 80% de ces élèves finissent par abandonner l’école et le système cnddfdd les entraine à tuer, au même titre que ceux qui ont encore le courage de s’y présenter. Ces jeunes transformés en milice du parti cnddfdd, imbonerakure, n’ont plus le goût des études. Même ceux qui se présentent à l’école ne peuvent pas suivre car passent leurs nuits dans les patrouilles. C’est à ceux-là qu’Evariste Ndayishimiye faisait allusion en disant que certains élèves vont à l’école avec des couteaux et grenades en poches pour menacer les enseignants pour qu’ils leur donnent des notes gratuites. Celui qui a la chance de terminer et d’obtenir son diplôme et qui va dans le domaine de l’éducation ne va qu’envenimer la jeunesse car ils n’ont rien en tête. C’est à partir de ce moment qu’on a commencé à voir des enseignants qui osent violer leurs élèves car ce sont des gens mal éduqués qui sont supposés éduquer les autres. On ne donne que ce que l’on a, comme on le disait haut. Demander à Evariste Ndayishimiye s’il avait vu un tel comportement de son temps. Le pouvoir cnddfdd a détruit l’éducation, il a détruit la société burundaise.
Pourquoi Evariste Ndayishimiye ose-t-il critiquer un mauvais système éducatif mis en place par le système cnddfdd dont il est issu ? Deux hypothèses : la première et la moins probable est qu’il soit revenu à la raison, qu’il arrive le moment de critiquer ce qui a été conçu et mis en place par le système cnddfdd même s’il lui a mis dans ce fauteuil, et tourner la page dans le but de changer les mauvaises choses et regarder dans le droit chemin. S’il était un homme intelligent et sage, s’il voulait gouverner réellement et rendre compte au peuple sur ce qu’il a réellement réalisé pour tous les burundais, c’était la meilleure attitude à adopter. Malheureusement, nous restons convaincus qu’il lui sera difficile de se détacher du système qui l’a mis en place ; un système gangréné par la corruption et les malversations économiques, un système dictatorial et génocidaire qui tue, torture et emprisonne tous ceux qui osent lever le petit doigt pour dénoncer les erreurs du régime. Ce système est dominé au haut niveau par des gens qui ont déjà commis beaucoup de crimes (crimes de sang, crimes économiques), qui ont trop de richesses, et qui ont le dernier mot sur les décisions qui concernent la gestion du pays. Il sera difficile à Evariste Ndayishimiye,( même s’il avait la bonne volonté de changer quoi que ce soit, s’il ne veut pas voir sa tête coupée) de convaincre ces faucons du régime. C’est pour cette raison que la deuxième hypothèse est la plus probable : il a prononcé ces phrases sans trop y réfléchir, juste pour contenter ses auditeurs et la communauté internationale, au moment où il attend avec impatience la levée des sanctions européennes et la reprise de l’octroi des aides directes à son gouvernement qui en a tant besoins en ces périodes de crise économique mondiale.
URN HITAMWONEZA continue à alerter les burundais pour qu’ils ne soient plus distraits par les discours du président Ndayishimiye. Continuons plutôt à écouter et observer les faits et gestes qui vont en suivre ; et nous saurons que nous avons de vrais leaders ou des charlatans et en déduire après notre attitude envers eux. Si nous ne faisons pas attention, nous continuerons à reculer au moment où les autres avancent à pas de géant. A nous de réagir à temps. Que ceux qui ne veulent pas nous conduire à la paix, la sécurité et le développement cèdent la place aux autres qui en sont capables ; et ils sont nombreux. C’est à nous burundais, tous ensemble, de leur donner cette chance. Si nous voulons, nous pouvons.