Burundi : Le colonisateur a réduit les superficies du Burundi et du Rwanda pour affaiblir les tutsis et mieux contrôler ces Etats (Quatrième partie).

Burundi : Le colonisateur a réduit les superficies du Burundi et du Rwanda pour affaiblir les tutsis et mieux contrôler ces Etats (Quatrième partie).
L’après conférence de Berlin
Dans la droite ligne de notre démarche, nous nous intéressons aujourd’hui à savoir ce qui a suivi la conférence de Berlin. Les historiens nous disent que l’histoire de la colonie débute avec Carl Peters, fondateur de la Société pour la colonisation allemande. Le 3 mars 1885, le gouvernement allemand annonça qu’il avait délivré une autorisation impériale à Peters dans l’intention d’établir un protectorat en Afrique de l’Est. Devant les protestations du sultan de Zanzibar, qui se considérait également souverain sur le continent, Bismarck envoya cinq navires de guerre qui attaquèrent le palais du sultan le 7 août 1885. L’Allemagne et la Grande-Bretagne se partagèrent alors le territoire de l’actuelle Tanzanie continentale.
L’Allemagne prit rapidement possession de Bagamoyo, Dar es Salaam et Kilwa. La révolte d’Abushiri, qui éclata en 1888, fut maîtrisée avec l’aide de la Grande-Bretagne l’année suivante. En 1890, Londres et Berlin signèrent le traité de Heligoland-Zanzibar, qui donnait Heligoland à l’Allemagne et définissait les limites de l’Afrique orientale allemande – les frontières exactes ne furent tracées qu’en 1910.
C’est donc avec la conférence de Berlin de 1885, formalisant la division et le partage de l’Afrique qui aboutira un peu plus tard à l’occupation du Burundi, du Tanganyika et d’autres pays africains comme le Cameroun, le Togo et la Namibie pendant une vingtaine d’année. Après une farouche résistance qui aura permis de repousser les envahisseurs, notamment l’esclavagiste Mohammed Ben Khalfan (plus connu sous le nom de Rumaliza), les Abadasigana (armée de Mwezi Gisabo) ont beaucoup résisté aux allemands qui avaient des armes à feu dont des mitrailleuses. Nous avons déjà vu que cette résistance avec du matériel traditionnel comme les lances, les arcs et les flèches, les pierres était basée sur l’esprit d’unité, de cohésion et de patriotisme sans faille. Il a finalement remarqué la supériorité de la force. Vaincus mais pas résignés, certains Burundais vont se soulever. L’occupant a du mal à asseoir son pouvoir au Burundi. Plusieurs résistances nationalistes vont donc éclater. On retiendra, entre autres, celle de Mugongo conduit par Ntarugera, fils de Mwezi Gisabo, contre le capitaine Von Bethe ayant fait 130 morts et coûté à ce chef un tribut de 80 vaches. Une attaque est restée gravée dans la mémoire des Burundais : celle de mai 1899 contre une caravane se rendant à la mission de Mugera. Suite à cette attaque sanglante, les Allemands vont entreprendre une expédition punitive contre Mwezi Gisabo. Son enclos de Ndago fut brûlé.
C’est le capitaine Von Bering qui viendra à bout de la résistance de Mwezi Gisabo. Il parvient à le déloger de ses capitales et l’oblige à s’enfouir vers le sud à Burunga. Le roi sera contraint d’accepter de négocier, ce qui aboutira le 06 juin au Traité de Kiganda. D’autres résistances seront tuées dans l’œuf à l’instar de celle conduite par le chef Muzazi qui avait réussi à incendier la mission de Muyaga.
Dès 1896, le Burundi tombe sous le joug du protectorat de l’Afrique Orientale Allemande. De 1882 à 1896 l’Urundi est intégré au district Tanganyika-Kivu avec Ujiji comme chef-lieu. Ce poste fut déplacé à Usumbura et le Ruanda-Urundi formèrent un district à part dont Usumbura est la capitale. Un poste allemand est fondé à Kajaga, un coin inhospitalier situé sur les rives du lac Tanganyika où pullulent beaucoup d’insectes nuisibles. C’est cette inhospitalité qui obligea les Allemands à transférer la capitale vers « Kitega » ( Gitega) contre 50 roupies données au roi Mutaga IV Mbikije.
Le roi Mwezi Gisabo, vieux et usé par la dissidence (notamment de Kirima et Maconco) finit par se soumettre aux Allemands. Cette soumission est matérialisée par la remise du drapeau allemand et une lettre de protectorat au roi, mais aussi par le partage du royaume : Kirima reçoit Bukeye, et Maconco, Muramvya. Même si Mwezi Gisabo est consacré souverain suprême du pays, cette soumission marque la fin de la souveraineté du royaume.
Les Allemands vont pousser l’outrecuidance plus loin, et exiger de Mwezi Gisabo une amende de 424 vaches en guise de réparation. Il s’engage, en plus, à ne plus troubler les actions de la mission de Mugera et à fournir gratuitement des travailleurs pour la construction de la route Muyaga-Usumbura
En 1906, l’Urundi et le Rwanda furent divisés en deux entités administratives distinctes. Un nouveau résidant fut affecté au Burundi en remplacement de Von Bering, en la personne de Von Grawert qui eut pour mission d’unifier le Burundi. Les chefs qui continuaient de livrer des représailles à l’occupant allemand vont être matés. Les rivaux du roi furent aussi combattus. Maconco fut tué aux environs d’Usumbura. Quant à Kirima, il sera déporté à New Langeberg (Malawi) en 1906 après que sa capitale Munanira fut attaquée et brûlée. « Le but tant rêvé de constituer l’unité du royaume était atteint », écrit Jean Pierre Chrétien. Mais le roi ne va pas profiter des fruits de l’unification de son royaume car il meurt le 21 août 1908 à Buhonga. Après l’unification du royaume sous le règne de Mwezi Gisabo s’en suivra la politique de ‘’Divide et impera’’ (diviser pour régner) pilotée par le Gouverneur Von Rechemberg sous le règne de Mutaga Mbikije.
Nous y reviendrons
URN HITAMWONEZA regrette de voir que le Von Rechemberg d’aujourd’hui est Evariste Ndayishimiye et sa clique militaire qui ont divisé les burundais ; d’une part par rapport à leur appartenance ethnique et d’autre part par rapport à leur appartenance politique. Les hutus du cnddfdd sont appelés, par sa commission vérité et réconciliation, à se venger contre les tutsis accusés injustement d’avoir tué leurs pères ou grands-pères en 1972. Ils sont persécutés, muselés, en attendant le moment d’un génocide à grande échelle. La clique militaire a divisé les hutus en excluant les membres du cnl de toutes responsabilités et en cherchant plutôt à les éliminer. Son objectif est connu, c’est ‘’ diviser pour régner’’. Comme Von Rechemerg est parti, la clique militaire doit aussi partir pour que le Burundi soit complètement libéré. Si ce n’est pas aujourd’hui, c’est demain. Nous devrons alors nous y mettre tous sans exception et immédiatement car demain risque d’être trop tard.

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