Burundi: Jet de pierres sur le cortège présidentiel: un signe qui ne trompe pas.
Moins de deux mois au pouvoir, le Général président Ndayishimiye Evariste vient de recevoir un geste fort de son antipathie envers le peuple. Qualifier son gouvernement de ‘’gouvernement parent’’ et ‘’travailleur’’ (au moment où il n’a même pas commencé son travail, sans aucune évaluation) à tort est une manière de vouloir attirer sa sympathie envers le bas peuple qu’il croit pouvoir manipuler comme il veut. Mais, ils ne sont pas des enfants, ils ont vu que ce président n’a pas été élu par le peuple, qu’il s’est imposé par la force. Ils se sont tus, ils continuent à se taire, mais un jour viendra pour dire assez. L’adage burundais le dit bien : ‘’ U Burundi bugona buri maso’’ (le Burundi ronfle étant éveillé). Le jet de pierres sur le cortège présidentiel n’est qu’un premier geste.
Avant d’analyser ensemble sa probable signification, parlons d’abord des faits. C’était aux environ de 17hoo du 05 Aout 2020, heure de Bujumbura, quand le cortège d’Evariste Ndayishimiye passa à la hauteur de la station-service Engen, près du marché de Kayanza, en provenance de la commune Matongo. Des pierres ont été lancées sur le cortège présidentiel. Selon la procureure Désirée Bizimana, une des pierres a touché un policier de la garde présidentielle, une deuxième le pare-brise d’un des véhicules et une troisième est passée au-dessus du cortège. Fort heureusement, sa garde rapprochée n’a pas fait de réplique immédiate et aveugle. Une attitude très positive à encourager. Sinon, connaissant le degré extrême brutalité des forces de l’ordre issu des mouvements armés, il y a lieu de croire qu’aucune personne des environs de cette localité ne serait survécue. Cette retenu n’est pas de leur nature. Souvenez-vous de feu General Adolphe Nshimirimana qui tira à bout portant sur deux petits garçons jumeaux qui n’agressaient personne. Au lecteur qui douterait que la garde rapprochée du président ne soit composée que des ex PMPA (partis et mouvements politiques armés), la réponse est simple : même s’il y aurait un ou deux issus des ex FAB=Forces armées burundaises (doute extrême), ils seraient minoritaires et sans influence sur le commandement de l’unité.
C’est donc ce 9 Aout 2020 que le tribunal de grande instance de Kayanza a jugé, en procès de flagrance, trois personnes qui travaillaient sur cette station-service Engen de Kayanza. Deux hommes et une femme ont été condamnés à une peine de 30ans de prison. Ils sont accusés d’’’attentat et complot contre le chef de l’Etat’. ’Les trois sont : Manirishure Augustin et Mbaririmana chadia, tous deux pompistes et Ndayishimiye Christophe, mécanicien à la même station. Au départ, la procureure les avait inculpé pour ‘’ manquement à la sécurité publique et ne pas avoir alerté les services habilités que la sécurité du chef de l’Etat est en danger’’ et avait requis 7ans et 6mois de prison contre ces prévenus. Probablement sur pression du pouvoir, le tribunal a dû changer l’infraction et la sanction. Et on parle de justice indépendante.
Les deux pompiers ont accepté qu’ils étaient bel et bien sur la station, mais qu’ils n’ont pas vu ni la provenance ni ceux qui ont jeté ces pierres sur le cortège présidentiel. Le mécanicien a déclaré qu’il n’était pas sur le lieu, mais qu’il était chez lui à la maison. Ce qui n’a pas changé la peine de 30ans pour lui.
Ici, il faut d’abord remercier les services de l’ordre et les imbonerakure qui n’ont pas agi directement et brutalement comme d’habitude ; sinon, non seulement les trois personnes seraient déjà mortes ou seraient portées disparues. C’est à encourager qu’elles soient traduites devant les tribunaux même s’elles n’auraient rien fait, elles sont au moins encore en vie.
Il faut ensuite déplorer le fait que les services judiciaires burundais n’ont jamais été indépendants depuis l’arrivée du cnddfdd au pouvoir. Ils ont toujours été au service du parti au pouvoir et non au service du peuple. On dirait que les juristes cnddfdd n’ont pas appris le droit, mais comment contourner les lois pour satisfaire la volonté de ceux qui dirigent. Pour ce cas de Kayanza, il semble absurde de parler de cas de flagrance quand les faits se sont passés le 5/8/020 et que le procès ait lieu 04 jours après. Les gens étaient sur place, ils n’ont pas pris le temps de les chercher loin. Il y a quelque chose de louche dedans. Soit ces personnes sont membres du cnddfdd, ils ont pris du temps pour délibérer s’il faut les traduire en justice ou pas, soit ils savent qu’ils n’ont rien fait et qu’ils n’ont pas pu pousser les enquêtes pour trouver les vrais coupables, mais ont fini par les juger sur pression. Par simple logique, il est incompréhensible que les trois personnes fassent un tel acte étant sur leur lieu de travail et qu’elles ne fuient pas. Elles peuvent être complice ou pas. Même si les pierres seraient venues en direction de la station, elles peuvent avoir été jetées à partir d’une localité loin de la station. De toutes les façons, ces trois personnes sont emprisonnées injustement. Elles ne peuvent pas en aucune façon être les vrais auteurs. Et s’elles seraient d’une certaine manière complices, 30 ans de prison seraient trop, surtout que d’après nos sources, il n’y a eu ni blessés, ni casse.
Quoi qu’il en soit, le geste en soi est significatif. D’une part, ces gens viennent d’exprimer le désamour que le peuple a envers Evariste Ndayishimiye et sa clique qui a fait, de façon flagrante, un coup d’Etat électoral. Le peuple l’a vu, pas moyen de l’oublier. D’autre part, les gens qui ont osé faire un tel geste viennent de montrer à tous ceux qui avaient la colère à l’intérieur d’eux-mêmes, sans pouvoir l’exprimer par peur, que tout soit possible. Demain, il est fort probable qu’ils ajustent le tir ou qu’ils usent d’autres moyens plus forts qu’une pierre. Le gouvernement de Ndayishimiye a beau se qualifier de parent et travailleur, le peuple n’oubliera pas ce qu’ils ont fait et ils devront tôt ou tard le payer.
Reste que Ndayishimiye prenne des mesures à l’image de son prédécesseur, feu Nkurunziza Pierre, qui, lors d’une descente à l’intérieur, toutes les personnes devraient avoir dégagé la route, du lieu de départ à sa destination ; peu importe que les activités soient paralysées ou pas. Il avait peur de mourir, et portant, il est mort. Il faut toujours faire du bien car on ne sait ni le jour ni l’heure de notre mort
URN HITAMWONEZA conseille toujours aux burundais de rester unis, hutus et tutsis, comme ils l’ont toujours été et de garder un œil vigilent sur les leaders qui ne cherchent que leurs propres intérêts au lieu d’être nos serviteurs. On ne peut pas utiliser la violence, mais, tôt ou tard, la vérité finira par triompher.