Burundi : Il n’y a jamais eu de véritable démocratie ; il y a eu passage des coups d’Etat militaires aux coups d’Etat électoraux.
Après le système monarchique, le Burundi a connu une succession de pouvoirs militaires, auxquels les gens accédaient par des coups d’Etat jusqu’à l’introduction du multipartisme avec la conférence de la Baule. Les trois premiers présidents de la République, issus de la même région, se sont succédés sans effusion de sang.
Le capitaine Michel Micombero est connu pour avoir renversé la monarchie et pour sa répression aveugle en 1972, une année de mauvais souvenirs pour les hutus qui ont vu les leurs exécutés froidement par le pouvoir d’alors en réponse à une attaque du Burundi et spécialement le sud du pays par des hutus extrémistes, appuyés par des éléments mulelistes qui ont tué beaucoup de tutsis dans les régions de Rumonge, Nyanza lac, Bururi et Makamba.
Les burundais se souviennent du colonel Jean Baptiste Bagaza en homme qui a initié beaucoup de projets de développement au Burundi. Il sera destitué après un malentendu avec l’Eglise catholique (fermeture des églises et interdiction des rencontres de prières).
Le Major Pierre Buyoya est l’homme de l’Unité des burundais. Une unité chantée depuis 1991, mais qui n’a jamais été une réalité dans le vécu quotidien des burundais depuis son adoption. Juste deux ans après, en 1993, alors qu’on entrait dans un système dit pluraliste, des hutus extrémistes, qui avaient intériorisé depuis longtemps l’idéologie de génocide et qui avaient même été à l’école de Juvénal Havyarimana du Rwanda, ont commis l’irréparable en exterminant des centaines de milliers de Tutsis à travers tout le pays. Pour couvrir ce génocide des tutsis préparé depuis longtemps par le parti Frodebu, ils ont appelé cela ‘’la petite colère’’( agashavu), suite à l’assassinat de leur premier président hutu élu soit disant de façon démocratique. Démocratie ou ethnocratie ? Si démocratie veut dire ‘’la voix de la majorité’’, il s’agit d’une majorité autour d’un projet de société clairement expliqué et compris par le peuple. Il ne s’agit pas d’une coalition ethnique en vue de récupérer le pouvoir et exterminer par la suite tous ceux qui ne sont pas de son ethnie et/ou de son parti politique. Mais, c’est exactement ce que visait la France en imposant de façon prématurée ce genre de démocratie; une majorité numérique qui écrase une minorité politique pour créer le chao dans nos pays.
Les pouvoir qui ont suivi la mort de Melchior Ndadaye n’avaient pas de légitimité populaire. Des pouvoirs faibles, issus des conventions, des négociations en vue de partager des postes de responsabilités entre les différents protagonistes. Avec l’arrivée du cnddfdd par des négociations, les politiciens ont forcé les élections de 2005 qui ont été remportées par le cnddfdd par la terreur. Bien que les burundais avaient besoin d’un changement, il a été constaté que le cnddfdd a eu des faveurs (en violation de la loi) d’être accepté comme parti politique avec comme nom cnddfdd. Il avait encore des antennes partout dans le pays où ils étaient passés pendant la guerre et ses mobilisateurs politiques menaçaient la population de retourner au maquis s’elle ne vote pas pour ce parti. Voilà comment le cnddfdd a pu gagner ces élections alors qu’il n’avait aucun projet de société à présenter au peuple. Et on dira que c’était une élection démocratique.
Les élections qui ont suivi ( 2010, 2015, 2020) n’ont été que de purs holdup électoraux, de véritables coups d’Etat car remportées par ceux qui avaient la force physique de son côté, c’est-à-dire le parti au pouvoir. L’histoire retiendra de 2015, une année de violation grave de la loi avec le 3eme mandat illégal et illégitime de feu Pierre Nkurunziza. Des milliers d’innocents sont morts, d’autres arrêtés et emprisonnés et d’autres forcés à l’exil. Un début de crise sans nom qui a des répercussions graves sur le Burundi.
Les élections de 2020? On en parle même pas. Du jamais vu au monde. Lors de la célébration du 2eme anniversaire du parti CNL d’Agathon Rwasa ce 14 février 2021, jour de la Saint Valentin, Agathon Rwasa ne trouvait pas de mots pour qualifier le vol électoral dont lui et son parti politique ont été victimes. ‘’ Le monde entier sait comment les élections se sont passées, et la CENI nous a donné la deuxième place’’, disait-il à une foule immense de sympathisants. C’est pour ne pas dire ouvertement qu’Evariste Ndayishimiye et son système cnddfdd ont utilisé la force pour déclarer Ndayishimiye vainqueur des élections alors que le peuple avait choisi le changement, le peuple avait voté pour le CNL. Malgré les tricheries organisées depuis longtemps par le parti au pouvoir, malgré le harcèlement des membres du CNL par la milice imbonerakure (interdiction de participer dans les meetings), les dépouillements des résultats aux différents bureaux de vote montraient le cnl vainqueur. Il sera difficile à la CENI de compter et déclarer les vrais résultats car elle était forcée de présenter le candidat cnddfdd vainqueur. Comme le disait le leader du CNL, tout le monde a constaté qu’il y avait tricherie, mais tout le monde a gardé silence. Même les évêques catholiques qui avaient rendu public le rapport d’observation électorale n’ont pas eu le courage d’aller jusqu’au bout. Ils ont préféré faire comme les autres. Et voilà Ndayishimiye Evariste qui se dit président/parent de tous les burundais après un vol électoral éhonté. Et on dira qu’il a été démocratiquement élu. Cela voudrait dire que démocratie se limite au simple geste d’aller voter. Le respect du verdict populaire, le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple sont encore loin de nos pays africains et spécialement du Burundi où celui qui a la force physique impose ses lois.
URN HITAMWONEZA trouve qu’il est temps de réfléchir profondément sur les effets du système démocratique nous imposé par les occidentaux pour qu’on arrive plutôt à mettre en place un système amélioré et adapté aux réalités de notre pays; une démocratie qui nous mène vers le respect mutuel, le combat des idées et des projets de société afin d’arriver au bien-être et au développement du pays et du peuple dans son ensemble.