Burundi: De l’unité nationale, il ne reste aujourd’hui qu’un slogan politique.
Les burundais célèbrent chaque 5 février de l’année, la fête de l’unité nationale. Des dépôts de fleurs sur les symboles de cette unité et des discours marquent souvent les grands moments de cette journée. Nous osons dire sans risque de nous tromper que les burundais ne sont plus intéressés par cette fête car l’unité ne se chante pas, l’unité se vit. Or, aujourd’hui, quand les autorités parlent d’unité entre burundais, on se demande de quoi elles parlent. Et tout le monde est convaincu que ce qui est dit n’est pas ce que les gens pensent dans leur fort intérieur et par voie de conséquence, ce n’est pas ce qu’ils font, les discours et les actes sont diamétralement opposés. Nous y reviendrons.
Les burundais ont connu des périodes de vraie unité nationale quand un citoyen malade ou ayant un quelconque problème était secouru par tout le monde sans exception, sans tenir compte de son ethnie, sa région de provenance, encore moins son appartenance politique. Il y avait sécurité et unité entre burundais quand on pouvait voyager des jours entiers et à la fin de la journée, on n’hésitait pas d’entrer dans un enclos d’un inconnu et on était chaleureusement accueilli, nourris et logé pour reprendre le lendemain son chemin. Les jeunes qui n’ont pas connu ces périodes ne savent pas ce qu’est réellement l’unité des burundais. Il y avait unité nationale, (et on n’avait pas besoin de la chanter à longueur de journée) quand des leaders charismatiques comme le Prince Louis Rwagasore ne rêvaient que l’unité et le progrès pour tous sans distinction aucune. Rwagasore savait qu’il y avait des classes sociales (certains parlaient de hutus et tutsis et twa), des hutus et des tutsis riches et des hutus et tutsis pauvres ; et son souci était de relever le niveau de vie de ces pauvres sans distinction.
Nous vous proposons cette extrait de la lettre que le Prince Rwagasore a écrit à Albert Mauss (le maître de l’ethnisme et l’idéologie d’exclusion et de génocide au Rwanda et qui voulait implanter le même plan au Burundi), :« … une chose est certaine, Monsieur Maus, il existe un problème dans le pays : celui des petits et des faibles, et ceux-ci n’ont pas de race. Qu’ils soient nobles d’origine, Hutu, Tutsi ou Twa, ils sont avant tout de la race des prolétaires, des ignorants et des pauvres gens. Donnons à tous une chance, un droit à s’élever, à s’émanciper, sans distinction de race : ainsi nous aurons mérité du Burundi. Pour le reste, je connais mieux le problème tutsi, hutu, ganwa du Burundi que vous. Je peux vous assurer que les victimes des injustices sauront s’imposer contre tout régime qui leur refuserait des droits essentiels, les chances qu’ont d’autres nations du monde : tel régime disparaîtrait, c’est dans la marche de l’histoire… »
Et Evariste Ndayishimiye de l’emboiter le pas dans son discours du 5 fév. 2021 sur l’aspect de l’injustice : ‘’ Là où il n’y a pas de justice, tout est au point mort’’, disait Evariste Ndayishimiye. Il disait vrai sans le savoir, c’est le cas du Burundi.
En superposant les deux citations, loin de nous l’intention de comparer le Prince Louis Rwagasore et Evariste Ndayishimiye. Seul le point en commun qu’ils ont, c’est que tous ont été créés par Dieu (pour les croyants). Quant au reste, les deux créatures sont diamétralement opposées ; c’est comme le jour et la nuit.
Quand le Prince Louis Rwagasore parle d’unité et du progrès pour tous les burundais, quand il adopte une idéologie rassembleur, ce qui lui a valu la victoire de son parti Uprona ( où les hutus et tutsis et twa, riches et pauvres, fonctionnaires et commerçants se sentaient comme des frères d’une même nation) ; Evariste Ndayishimiye ( avec son cnddfdd devenu si vous le voulait parti Etat dans un système dit démocratique), prend plaisir à diviser les burundais entre ABENEGIHUGU ( un code pour parler des hutus) et ABANYAGIHUGU ( les tutsis). Entre les hutus eux-mêmes, le parti d’Evariste Ndayishimiye considère que celui qui n’est pas membre du cnddfdd et qui n’accepte pas d’être au moins membre d’un parti allié, est un ennemi du pays à éliminer à tout prix. C’est cette exclusion basée sur les ethnies, les régions, les religions et les partis politiques qui sont le propre des leaders du cnddfdd qui gèrent le pays qui montre que les discours qu’ils prononcent le jour de la fête de l’unité ne sont que des slogans politiques. Dans un système dit démocratique, tout le monde ne doit pas être membre d’un parti présidentiel, mais tout le monde a de quoi apporter à la construction et au développement de son pays. Le manque de leaders visionnaires au sein du parti de l’Aigle fait que tous ceux qui ne sont pas membres de ce parti ne soient jamais associés dans la gestion du pays et le pays perd des ressources humaines importantes qui devraient contribuer à son développement.
Nous reviendrons sur l’analyse détaillée de tout le discours d’Evariste Ndayishimiye lors de la fête de l’unité nationale de ce 5 février 2021.
URN HITAMWONEZA voudrait rappeler aux leaders actuels cette dernière phrase de l’extrait de la lette du Prince Rwagasore à Albert Mauss : ‘’les victimes des injustices sauront s’imposer contre tout régime qui leur refuserait des droits essentiels, les chances qu’ont d’autres nations du monde : tel régime disparaîtrait, c’est dans la marche de l’histoire’’. Les burundais doivent savoir qu’il est impossible à ces leaders de changer dans la bonne voie car les crimes déjà commis pèsent lourds sur leurs épaules. Pour eux, il obligatoire de rester au perchoir du pays pour ne pas se voir demain devant les juridictions nationales ou internationales. Il nous revient alors à nous tous burundais sans distinction de leur montrer leur place. De tels régimes dictatoriaux finissent par disparaitre comme disait le Prince Rwagasore. C’est une question de temps. Mais nous sommes capables d’accélérer le rythme car demain risque d’être trop tard.