Burundi : Bonne année quand même (deuxième partie)
(Bilan sur le plan sécuritaire : suite)
L’année 2020 est passée, nous abordons l’année 2021 avec un peu d’espoir qu’elle ne sera pas comme l’année dernière pour les burundais. Des centaines de burundais, tutsis ou membres du cnl, ont été atrocement tués, d’autres arrêtés et emprisonnés abusivement, des femmes et filles violées, tuées puis décapitées, malgré un semblant d’accalmie qui régnait au pays.
Les organisations militant pour les droits de l’homme parlent de 368 personnes qui ont été tuées dont 278 depuis la prise du pouvoir par Evariste Ndayishimiye en juin 2020 ; 182 personnes qui ont été torturées ; 59 personnes portées disparues ; 821 personnes arbitrairement emprisonnées ; 33 filles et femmes qui ont été violées.
Sur le plan sécuritaire, aujourd’hui, nous parlons de deux attaques qui ont marqué l’année 2020 et qui ont donné l’occasion aux criminels du cnddfdd de poursuivre leur plan génocidaire. Des tutsis et des membres du CNL ont été tués, torturés et emprisonnés.
La première attaque spectaculaire a eu lieu le 19 février 2020 à Kirombwe dans Bujumbura rural. Des soi-disant rebelles ont fait irruption au grand jour vers 11hoo et se sont vite déclaré membres des FNL. Certains portaient des tenues de la police burundaise. Les témoins ont affirmé qu’ils étaient inoffensifs ; ils auraient même croisé un groupe de 2 policiers mais aucun des deux groupes n’a réagi. Quel genre de rebelles ! On verra deux jours plus tard sur les réseaux sociaux, sur une montagne, des cadavres des jeunes fusillés après avoir été ligotés et d’autres encore en vie, avec des policiers et des populations qui les regardaient avec beaucoup de joie. Le gouvernement dira que les forces de l’ordre ont neutralisé ce groupe de rebelles. Des témoins ont affirmé que parmi les jeunes appréhendés, il y avait des imbonerakure bien reconnus. D’autres seraient identifiés membres des FNL. Une opération, aux yeux des observateurs neutres, seraient plutôt préparée par la clique militaire au pouvoir pour régler des comptes avec l’opposition.
La deuxième attaque qui a fait beaucoup plus de bruits a été menée par des éléments jusque-là non identifiés qui se seraient infiltrés en provenance de la Rd congo en passant par le lac Tanganyika le 23 Aout 2020 et qui sont passés par la province de Rumonge. Ces éléments ont été signalés le plus rapidement possible dans certaines localités des provinces Rumonge, Bururi, Bujumbura rural, Mwaro, Muramvya et Kayanza et Bubanza comme s’il n’y avait pas de forces de l’ordre pour les intercepter. Ce qui a inquiété plus d’uns, surtout que le pouvoir d’Evariste Ndayishimiye avait fait silence radio. Pourtant, des attaques ont été signalées notamment à Mukike de Bujumbura rural, Bugarama de Muramvya la nuit du 28 au 29 Aout 2020, d’autres dans la commune Rango de la province Kayanza le 14 sept 2020. Les porte-parole du mouvement Red Tabara (Patrick Nahimana et Jutine Ntwari) sortiront de leur silence à partir du 16 sept 2020 pour dire que ce sont leurs éléments qui ont opéré ces attaques. Le mouvement sortira un communiqué de presse le 17 sept 2020 pour donner le bilan de ces attiques depuis le 23 Aout 2020 : 28 militaires et policiers, 15 imbonerakure tués ; 3 morts,6 blessés et 1 capturé de son côté.
Le pouvoir a continué à nier qu’il n’y a pas de rebelles qui avaient attaqué le pays, mais que ce sont des bandits armés. Mais beaucoup de faits et gestes ont montré que ce groupe, petit pouvait il être, a fait peur à la clique militaire au pouvoir : Prime Niyongabo, chef d’Etat-major général de la FDNB a vite organisé des causeries morales pour les représentants de toutes les divisions à Gitega et à Kayanza ; les imbonerakure ont été remobilisés dans toutes les provinces du pays avec message que le pays a été attaqué ( notamment à Gitaba dans Rutana le 15 sept 2020, dans Shombo et Bwambarangwe respectivement en provinces Muramvya et Kirundo le 20sept 2020, Gisuru dans Ruyigi le 26 sept 2020, Rwegura-Muruta dans Kayanza le 30 sept 2020) ; ils ont repris les entrainements paramilitaires et la distribution des armes en renfort à celles qui avaient été longtemps données aux imbonerakure ( spécialement dans Makamba/Mabanda, Gisuru dans Ruyigi, Gihanga dans Bubanza) . Autres faits : deux bateaux de pêche, soupçonnés de transporter les rebelles, ont été méchamment incendiés par les militaires de la marine le 11 sept 2020 ; une partie de la Rukoko a été brulée le 16 sept 2020 pour limiter les infiltrations des rebelles ; le porte-parole adjoint de la police a lu un communiqué de presse interdisant les karaokés et veillées de prière à partir du 17 sept 2020 ; le gouverneur de Rumonge a tenu, à la même date du 17 sept , une réunion spéciale à laquelle participaient les administratifs, les forces de l’ordre, les pêcheurs et un représentant du conseil national de sécurité pour leur demander plus de surveillance du lac
Ce périple se clôturera par l’attaque, le 25 sept 2020, de deux ménages de Kabarore par des éléments de Red Tabara ( selon le ministère de Gervais Ndirakobuca) et 19 parmi eux seront arrêtés le 29 septembre 2020 par les membres de l’armée patriotique rwandaise dans la kibira. Le chef de ce groupe dira qu’ils ont franchi la frontière dans la kibira sans le savoir et se sont retrouvés dans les mains des forces rwandaises, au moment où le porte-parole de Gervais Ndirakobuca continuait à crier que ces éléments ont attaqué les deux ménages de Kabarore en provenance du Rwanda et se sont repliés vers le même pays.
URN HITAMWONEZA estime que toutes ces attaques qui se soldent par des échecs ou qui sont simulées par le pouvoir ne font que renforcer le pouvoir dans son projet de génocide des tutsis et des hutus de l’opposition. Ce sont des occasions lui offertes pour opérer des arrestations arbitraires et il sait lui-même ce qu’il fait des gens arrêtés. Beaucoup sont torturés puis tués par la suite, très peu sont emprisonnés de façon officielle. Les burundais sont plutôt appelés à penser à la façon la meilleure de changer les choses sans qu’il y ait beaucoup de victimes innocentes.