Burundi : Après 60 ans d’indépendance, où en sommes-nous ?
Nous reconnaissons notre indépendance par respect du sacrifice du Prince Louis Rwagasore ; mais il y a lieu de dire, compte tenu de la situation de pauvreté, d’insécurité et de peur pour notre lendemain, que les burundais n’avons pas encore acquis notre véritable indépendance. Le Prince Louis Rwagasore l’a si bien dit dans son discours le 19 septembre 1961 au lendemain de la victoire de son parti Uprona aux élections législatives du 18 septembre 1961. Il disait : ‘’A cette heure de la victoire du Parti, fût-il le mien, je ne suis pas grisé par le succès, car pour moi et mes amis, la véritable victoire ne sera atteinte qu’après l’accomplissement d’une tâche difficile mais exaltante ; un Burundi paisible, heureux et prospère’’.
Sommes-nous à ce stade pour parler d’une véritable indépendance du Burundi ? A chacun de se faire une réponse qui convient, une réponse exacte et sincère, sans se voiler la face.
Quand le président Evariste Ndayishimiye, dans son discours de circonstance, apprécie l’étape franchie après 60ans d’indépendance, il y a lieu de s’imaginer de quel genre d’évolution il parle, et quelle est sa référence. S’il pouvait au moins faire un regard rétrospectif et se rendre compte que depuis que le système cnddfdd est au pouvoir en 2005, le pays n’a fait que marquer des pas en arrière. Et depuis qu’il est aux affaires en 2020, quelle évolution est-il capable de montrer aux burundais ? Dans quel domaine ? Son bilan ne se limite qu’aux lamentations en public et ses discours de bonnes intentions.
Le rapport de l’Institut des statistiques et d’études économiques du Burundi, ISTEEBU, indique que presque plus de la moitié de la population burundaise vit en dessous du seuil de pauvreté. Son Directeur Général, Nicolas Ndayishimiye, estime que la pauvreté monétaire individuelle est de 51,4%. Et d’ajouter que l’indice de pauvreté est de 47,4% au niveau des ménages et de 55,7% au niveau des individus dans les milieux ruraux. Et tous les rapports de la Banque Mondiale (BM), du Fonds monétaire International (FMI), montrent tous les jours que le Burundi est le pays le plus pauvre de la planète. Est-ce que le pouvoir cnddfdd aura un jour le courage d’expliquer aux burundais et à la communauté internationale pourquoi ? Mais, tout le monde connait la réponse. Et celui qui n’est pas capable de s’auto suffire économiquement ne peut pas dire qu’il est réellement indépendant. Ce qui est presque une traduction d’un adage rundi ‘’Uwutigaburira ntiyigaba’’.
Au vue de ce qui précède, notre indépendance réelle est encore loin, très loin.
Pourquoi ?
Parce que ce qui nous maintient dans cette situation de d’extrême pauvreté, c’est le système cnddfdd ; c’est sa mauvaise gouvernance. Sinon, le Burundi est riche, les burundais sont travailleurs et intelligents. Pourtant, des fils et filles du pays ayant des capacités intellectuelles importantes, du savoir-faire hors du commun, sont souvent exclus de la gestion des affaires de l’Etat, seulement parce qu’ils ne sont pas membres du cnddfdd. Leurs propres projets sont intentionnellement ruinés par des zélés du système en leur demandant des sommes colossales pour le parti et pour ses leaders. Voilà pourquoi même les investisseurs étrangers ont peur de venir au Burundi. Et quand le président Evariste Ndayishimiye demande, dans son discours du 1er juillet 2022, aux pays étrangers de chasser de leurs pays les cerveaux burundais, il ne fait que se ridiculiser. Les autres savent la valeur des ressources humaines.
En célébrant le 60 anniversaire de l’indépendance du Burundi, Evariste Ndayishimye , s’il était vrai patriote, devrait s’inspirer de ce qui vient de se passer en RDC, et demander au représentant de la Belgique qui était présent au Stade ce 01 juillet 2022, de dire à son pays que les burundais ont besoin du pardon officiel de la part de la Belgique qui est responsable de la mort de notre héros de l’indépendance. La Belgique a fait assassiner Louis Rwagasore comme elle a fait assassiner Patrice Lumbumba. La Belgique a semé des divisions ethniques au Burundi en particulier et dans la sous-région en général ; ce qui est à la base des génocides des tutsis et d’autres massacres inter ethniques qui ont fait des millions de victimes jusqu’aujourd’hui, même si Evariste Ndayishimiye essaie de se voiler la face en disant que l’unité et la cohésion sociale sont devenues une réalité au Burundi. Il sait lui-même qu’il ment. Les colons belges, qui avaient beaucoup combattu l’indépendance du Burundi, ont cédé la gestion du pays aux nationaux, mais ont quitté sans donner de remise et reprise. Les burundais ont besoin de tous les documents et objets qu’ils ont emportés, sans ignorer la remise à leurs places initiales des limites de notre pays. Nous savons que le cnddfdd n’aime pas entendre parler des véritables frontières de notre pays car une grande partie du territoire burundais étant en Tanzanie (le Bugufi et Buha) ; un pays qui fait tout pour aider ce système à se maintenir au pouvoir au détriment de l’intérêt général des burundais.
URN HITAMWONEZA estime que les burundais acquerront la vraie indépendance quand le pays retrouvera ses anciennes frontières ; quand sera complètement éradiquée l’idéologie de génocide et quand tous les coupables des actes de génocide et d’autres crimes seront jugés et punis ; bref quand tous les burundais, sans exception, retrouveront la paix, la sécurité et le développement. Et cela n’est pas possible aussi longtemps que le système cnddfdd sera à la tête du Burundi. A chacun de faire son mieux pour s’en débarrasser. Le plus tôt serait le mieux.