Burundi: La Belgique a une grande responsabilité historique dans les tueries et génocides dans la région des grands lacs.
La Belgique a complètement détruit l’administration trouvée sur place dans les pays occupés et a instauré une politique de ‘’diviser pour régner’’. Cette division s’est surtout penchée sur la corde ethnique. Ce qu’ils ont présenté comme ethnies au Burundi (en mesurant la longueur du nez et des côtes et la taille des gens) étaient en réalité des classes sociales et elles cohabitaient très bien car elles étaient complémentaires. La Belgique a réussi dans sa politique, ce qui poussa la majorité numérique hutu à toujours chercher à se débarrasser de cette minorité numérique tutsie. Voilà l’origine de l’idéologie et de la mise en exécution des génocides.
Faisons un petit regard en arrière pour parler de l’histoire d’occupation allemande et belge du Rwanda-Urundi . Ici nous citons les écrits de Tharcisse SONGORE, dans ‘’Mandat et Tutelle Belges sur le Burundi (1919-1961)’’ Ce qu’ils ont appelé ‘’le blanc civilisateur’’ était le phénomène de ne pas amener en Afrique la guerre qui se déroulait en Europe. Mais, 15 août 1914, les troupes allemandes basées au Ruanda-Urundi coupaient la ligne télégraphique qui longeait le lac Tanganyika et bombardaient les villes riveraines du lac Tanganyika. Le 22 août, un navire allemand ouvrait le feu sur le port de Lukuga. Devant cette agression, le ministre belge des Colonies Renkin adressa un télégramme au Gouverneur Général du Congo et au Vice-gouverneur de Katanga ordonnant de “prendre des mesures militaires pour défendre le territoire belge…prendre les Belges seuls ou en coopération avec les troupes alliées. Le 18 avril 1916, l’offensive belge se déclencha sur l’ordre du Général Tombeur. Les forces d’attaque comprenaient deux groupes de deux régiments: celui du Colonel Molitor (brigade nord), celui du Colonel Olsen (brigade sud). Le premier jour, la brigade sud occupa l’île de Gombo (au sud du lac Kivu). Le lendemain, Shyangugu (Rwanda) tomba. La brigade nord effectua un mouvement tournant vers l’Ouganda et marcha sur Kigali à partir du nord qui tombe le 6 mai 1916. Les forces allemandes du Burundi commandées par le capitaine Von Languenn opposèrent une vigoureuse résistance, mais ne purent tenir devant la supériorité numérique belge. Le 19 mai 1916, le major Muller occupa Nyanza. Le 6 juin, Usumbura tomba sous les forces belges commandées par le Colonel Thomas. Kitega est prise le 17 juin. Le Rwanda et le Burundi étaient déjà occupés. Il restait alors les campagnes du Tanganyika (actuelle Tanzanie); La brigade Molitor s’empara ainsi de Biharamuro, puis de Mwanza. Le colonel Moulaert occupa Karema. La marche sur Tabora commença alors par trois colonnes. Le 29 juillet, Kigoma et Ujiji furent occupés. Après plusieurs jours de combats acharnés, Tabora tombe le 19 septembre 1916.
Après, les forces anglaises et belges se coalisèrent pour occuper tout le Tanganyika à partir duquel le Général allemand Von lettow-Vorbeck opposa une résistance extraordinaire. Il se rendit après l’armistice de novembre 1918.
En Europe, l’Allemagne connaîtra la défaite en 1918. Au Traité de paix de Versailles en France, l’Allemagne perdit des colonies au profit des pays vainqueurs. La Société des Nations attribuera à la Belgique un mandat sur le Rwanda-Urundi. La Grande Bretagne aura un mandat sur le Tanganyika. Ce fut la fin du protectorat allemand au Burundi et au Rwanda.
Après le départ des Allemands, les territoires occupés par les Belges ont connu quatre régimes politiques. D’abord le régime d’occupation militaire (Juin 1916-février 1917) : le pouvoir d’administration du territoire conquis revenait au commandant local belge de la Force Publique. Il a édicté une trentaine d’ordonnances-loi concernant uniquement la discipline militaire et l’ordre public tels que les régimes des boissons alcoolisées, les réquisitions militaires, l’utilisation des transports militaires à des fins commerciales, le vagabondage etc. Puis, le régime du Commissariat Royal (1er février 1917-1er mars 1926) qui débute avec l’installation du Commissaire Royal à Kigoma le 1er février 1917. Il divisa le territoire conquis en quatre circonscriptions: La Résidence du Rwanda, la Résidence de l’Urundi, le Territoire d’Usui et le district d’Ujiji. Les pouvoirs et les attributions du Commissaire Royal étaient déterminés dans l’article unique du 5 décembre 1916. Il exerçait vis-à-vis des troupes et du personnel civil, militaire ou judiciaire du corps d’occupation tous les droits délégués au Gouverneur Général et au Procureur Général par la législation de la colonie. Après est venu le plébiscite de 1918. Au courant du 2ème trimestre de 1918, la puissance occupante a consulté les chefs pour qu’ils se prononcent pour les Belges ou pour les Anglais. Le 21 août 1998, les régents du royaume, Ntarugera, Nduwumwe et Karabona se prononcèrent en faveur de l’autorité belge. Cette prise de position est le résultat du fait que les Burundais ne connaissaient pas les Anglais. Ils redoutaient aussi des changements incessants des colonisateurs. Le plébiscite n’était aussi qu’un simulacre car les chefs n’avaient pas l’habitude d’être consultés par” les blancs” pour des décisions aussi importantes. Les Belges reconnaissaient eux-mêmes que les chefs n’étaient pas assez mûrs et conscients d’exprimer leurs désirs. Enfin c’est la Convention Orts-Milner. En 1919, l’Angleterre admettait que la Belgique ne pouvait pas sortir de la guerre où elle avait participé activement sans obtenir des réparations pour les sacrifices consentis et les dommages subis. Le rang qu’elle occupait au sein des nations coloniales et l’œuvre qu’elle avait déjà accomplie au Congo lui autorisait de revendiquer l’administration des terres conquises. En revanche, la Belgique devait faciliter la réalisation du projet de construction d’un chemin de fer qui devait relier le Cap de Bonne Espérance en Afrique du Sud au Caire. De ce fait, le 30 mai 1919, Pierre Ortz représentant de la Belgique et Lord Milner, Secrétaire d’Etat aux colonies anglaises signent une convention dont les ponts saillants sont les suivants: les résidences du Ruanda et de l’Urundi reviennent à la Belgique ; le territoire d’Usui et le district d’Ujiji passent à l’Angleterre. Ces territoires furent officiellement remis aux Anglais le 22 mars 1921 ; en mars 1921, le Gisaka et le Bugufi furent attachés au territoire du Tanganyika pour faciliter la construction d’un chemin de fer reliant la Caire au Cap. En échange, la Belgique reçut les concessions de Kigoma et de Dar-es-Salam. Elle obtint aussi des facilités spéciales sur la voie ferrée reliant les deux villes. La Belgique obtint la liberté de transit des marchandises en provenance ou vers le Congo Belge à travers le territoire occidental.
Ce transfert de territoires souleva des problèmes tant sur le plan intérieur que qu’extérieur. Au Ruanda, le roi YUHI V MUSINGA protesta énergiquement car l’on prenait au moins 1/4 du pays. Le Gisaka sera rétrocédé plus tard au Ruanda mais le Bugufi sera intégré définitivement dans la Tanzanie actuelle.
Voilà reproduite l’histoire telle qu’elle a été décrite pour ne pas la déformer ; mais nous reviendrons en détail sur le cas de la rétrocession du territoire du Bugufi qui est resté collé à la Tanzanie au moment où le Burundi n’a plus le contrôle de Kigoma et Dar-es-Salaam.
La Belgique a alors reçu de la Société des Nations (Nations Unies actuelles), une mission dite’’ civilisatrice’’ pour le Rwanda-Urundi afin de les conduire’’ au bien-être et au développement’’. Le mandat confié à la Belgique relève de la décision du 20 juillet 1922, reprise par une décision du 31 août 1923.
Au lieu d’exécuter le mandat de la Société des Nations, la Belgique a passé outre cette mission et s’est mis à bouleverser l’ordre établi en détruisant toute l’organisation très solide des territoires. Ils ont implanté leur propre administration ou une administration qui leur sont facile à manier. C’est à partir de ce moment qu’ils ont appliqué leur politique de ‘’’ diviser pour régner’’. Voilà l’origine des tueries et génocides dans nos Etats. Nous y reviendrons en détail dans nos éditions ultérieures.
URN HITAMWONEZA n’hésite en aucune façon de dire que la Belgique a joué un grand rôle dans les divisions et chicanes observées aujourd’hui dans nos Etats et qu’elle continue, d’une manière ou d’une autre à exercer une certaine influence dans toutes les décisions qui sont prises par l’Union Européenne et les Nations unies.