Burundi: Quand Ndakugarika se soucie du rapatriement des réfugiés se trouvant au Rwanda et de la réinsertion des déplacés intérieurs
Quand on parle du General Ndakugarika ( je vais t’étaler raide-mort) , le public comprend directement le General Gervais Ndirakobuca. C’est ce General connu du monde entier pour les crimes qu’il aurait commis au Burundi et qui est sous sanctions internationales. Pourtant, c’est un super ministre du gouvernement du Marechal Allain Guillaume Bunyoni (lui aussi sous sanctions) et du General Evariste Ndayishimiye à la tête de l’Etat. Un trio qui gouverne d’une main de fer le pays le plus pauvre de la planète et qui n’a pas espoir de se relever car leur priorité est ailleurs. Un pays militarisé à outrance comme s’il est en période de guerre. A part le trio, une clique d’officiers cnddfdd appuie ces trois dans la prise de décision. Ils ont en main la vie et la mort de tout un peuple.
Le ministre de l’intérieur, de la sécurité et du développement communautaire a réuni hier les représentants de ces anciens ministères, désormais tous sous sa responsabilité, pour une prise de contact et leur donner de nouvelles directives.
Ce qui ressort des medias sur cette rencontre est la volonté de changer le personnel de son ministère et spécialement les premiers responsables en anges. On l’aura entendu leur interdire les pots de vin, les traitements de faveur dans les dossiers. La détermination affichée dans son discours pourrait faire croire aux gens que c’est un quelqu’un qui tombe du ciel, qui n’était pas dans les affaires de l’Etat depuis longtemps. Pourquoi n’a-t-il pas fait cela avant ? N’était-il pas au courant de la corruption qui gangrène les corps de police, alors qu’il a été grand responsable au sein de cette police depuis longtemps, puis à la présidence de la République ? Qu’il ne nous pousse pas à dire comme le philosophe Georges Courteline ‘’ Faire le malin est le propre de tout imbécile’’. Disons tout simplement pour être plus courtois ‘’ A malin malin et demi ’’ (proverbe français).
Ce qui nous a semblé plus intéressant dans son discours, c’est sa détermination à vouloir rapatrier les réfugiés qui se trouvent au Rwanda voisin. Les réfugiés burundais ne sont pas uniquement dans ce pays. Ils sont partout au monde. Les plus malheureux et les plus nombreux sont au Rwadan, en Tanzanie, en Rd Congo, en Ouganda, au Kenya, etc.
Pourquoi s’est-il beaucoup intéressé à ceux qui sont au Rwanda ? Pourquoi n’a-t-il pas parlé de ceux qui sont malmenés chaque jour par les autorités tanzaniennes ? Pourquoi n’a-t-il pas fait allusion à ceux qui sont encore dans des sites de transit en Rd Congo, qui ne reçoivent pas assistance suffisante et qui sont entrain de crier ?
Il sait très bien que ceux qui sont en Tanzanie sont sous menaces planifiées de commun accord avec le gouvernement de Magufuli, et que d’un moment à l’autre, ils vont les faire rentrer de force. Les autorités tanzaniennes ont déjà détruit leurs marchés, tout commerce leur est désormais interdit, ils sont coincés, privés de leurs droits de réfugiés. Certains sont tués sans aucune poursuite judiciaire, d’autres sont régulièrement enlevés de leurs maisons par des gens habillés en tenues de policiers tanzaniens et les leurs ne les retrouvent plus. La police tanzanienne, en collaboration avec des imbonerakure (milice du cnddfdd) qui se font passer pour des réfugiés les harcèlent à longueur de journées. D’un moment à l’autre, ils seront forcés de rentrer au pays. Ndakugarika pourra faire d’eux tout ce qu’il voudra. Qui tuer, qui emprisonner, il reviendra à lui de décider.
En Rd Congo, la plupart des réfugiés viennent de passer plus d’une année dans les camps de transit de Kavimvira, Sange et Monge Monge. Ils manquent de nourriture, d’eau potable ; démunis de tout. Les associations de défense des droits des réfugiés ne cessent pas de crier, mais leur situation reste inchangée.
Ceux qui sont installés dans le camp de Rusenda vivent dans la peur. Ils risquent d’un moment à l’autre d’être attaqués. Ces derniers jours, ils sont accusés de participation dans les groupes rebelles qui pullulent dans cette partie du territoire congolais. Leurs responsables rejettent cette accusation, mais cela ne tient pas. D’aucuns pensent que c’est un plan concocté par le gouvernement de Gitega avec les responsables de ce secteur pour chasser ces réfugiés, les forcer de rentrer au pays.
En peu de mots, Ndakugarika n’a pas de difficulté à rapatrier les réfugiés qui sont en Tanzanie et en Rd congo. Il a déjà payé pour eux ; ils rentreront quand il le voudra, qu’ils le veulent ou pas.
C’est pourquoi il a trop de soucis pour ceux qui sont au Rwanda. Il sait pourquoi ces burundais ont fui le pays. Il y a une grande part de responsabilité. Il sait aussi qu’il ne pourra pas payer pour que ceux qui sont au Rwanda soient rapatriés de force. Mais, il veut quand même qu’ils rentrent. Quel amour !!!! Bernard Minier disait : ‘’Les gens sont comme des icebergs. Sous la surface git une énorme masse de non-dits, de douleurs et de secrets. Personne n’est vraiment ce qu’il parait’’
En plus de ces burundais réfugiés au Rwanda, il manifeste beaucoup de désirs de réinsérer les déplacés internes dans leurs ménages. Selon Ndakugarika, le gouvernement fera tout ce qui est possible pour qu’ils soient réinstallés sur leurs collines d’origine. Encore une fois ‘’A malin, malin et demi’’. Ils viennent de passer 27ans dans ces sites, le cnddfdd vient de passer 15ans au pouvoir, Ndakugarika et la clique au pouvoir n’a pas pu les réinsérer chez eux. Quelle est cette baguette magique amène-t-il pour le faire aujourd’hui ?
Les non –dits du General Ndakugarika sont alors bien clairs. Quand il parle des réfugiés se trouvant au Rwanda et des déplacés intérieurs, il veut parler des tutsis. Il aimerait les voir tous rentrer pour qu’il leur fasse ce qui n’a pas pu leur faire avant de fuir. Ils ont fui Ndakugarika et ses hommes, la plupart ont échappé de justesse à la mort.
Nous l’avons déjà écrit à plusieurs reprises. L’installation d’un pouvoir purement militaire n’augure rien de bon. La clique militaire prépare l’irréparable. Il veut les rassembler tous, il sait que cette fois ci, une fois retournés, ils ne pourront plus lui échapper car il contrôle tous les secteurs. ‘’Donner au malin son petit doigt, c’est abandonner sa main’’ ; disait Henri-Frédéric Amiel. A bon entendeur salut !
URN HITAMWONEZA attire encore une fois l’attention des burundais sur les paroles de la clique militaire de Gitega. Ce qu’ils disent est contraire à ce qu’ils planifient ; ils ont un agenda caché. A la communauté internationale, nous recommandons de garder un œil vigilant sur le Burundi. Et ceux qui se précipitent à ouvrir les portes de coopération à ce pouvoir militaire doivent aussi s’apprêter à assumer leur responsabilité d’un génocide en préparation.