Burundi: Quelle est la vérité sur les tueries de 1972? (deuxième partie)
Nous avons vu dans notre édition d’hier que la Belgique a été à la base des divisions entre hutus et tutsis au Burundi comme au Rwanda. Notre analyse nous a montré aussi que les hutus du Burundi ont toujours cherché à imiter le cas du Rwanda qui se disait avoir réussi ce qu’ils ont appelé la révolution de Kayibanda( révolution de la majorité), au cours de laquelle des milliers de tutsis ont été massacrés, d’autres chassés hors du territoire et ceux qui sont restés au pays ont été maltraités ( privés des droits fondamentaux du citoyen). Ils ont continué à préparer un génocide à grande échelle, ce qui a abouti à l’irréparable de 1994.
Les extrémistes hutus du Burundi ont toujours tenté d’imiter leur Maitre le Rwanda. Nous commençons aujourd’hui par cette tentative de destituer et tuer le Roi Mwambutsa et endosser la responsabilité de sa mort aux tutsis pour les exterminer.
Certains politiciens (dont Antoine Burarame, ministre des finances) et parlementaires (dont Benyaguje, Bamina, Nyangoma Gervais), sans oublier des militaires et gendarmes (dont Major Antoine Serukwavu, secrétaire d’Etat à la gendarmerie, natif de Kirundo, Lieutenant Bunanambe, de Jenda, Capitaine Birorero de Mugara dans Rumonge) ont tenu une réunion à Gatsinda en commune de Mwumba en province Ngozi. A l’issu de cette réunion, ils ont décidé de destituer le Roi Mwambutsa , le tuer et dire que c’est l’œuvre des tutsis ; un prétexte pour exterminer tous les tutsis, et ce dans tout le pays. C’est pour cela que la jeunesse Mirerekano était organisée et préparée pour passer à l’action le moment venu. C’est la radio nationale qui devrait annoncer cette mort pour que tout le peuple en soit informé.
Le coup d’Etat a été déjoué par le Capitaine Michel Micombero, alors secrétaire d’Etat à la défense, en compagnie du Capitaine Paul Rusiga. Ils ont pu sauver le Roi Mwambutsa et le pays de ce génocide. La jeunesse Mirerekano qui avait été préparée pour tuer tout tutsi sauf les femmes et les filles car ils espéraient se marier avec elles, ont malgré tout commencé à tuer depuis le matin du 20 octobre 1965 dans 3 commune Busangana, Bukeye, Bugarama. Ils ont tué systématiquement des tutsis dans ces communes jusqu’à éventrer des femmes enceintes pour vérifier s’elles ne portent pas des garçons. Les familles Bumari, Ryume sont notamment des témoins oculaires de ces événements. Le Commandant de la Brigade de Ngozi fut tué par ces jeunes Mirerekano sur le lieu appelé ‘’ ku mazi y’umwami’’( eau royale) alors qu’il descendait à Bujumbura. Il tentait de les calmer.
Ceux qui avaient préparé le coup d’Etat ont par la suite fui le pays. Le Major Antoine Serukwavu s’est refugié au Rwanda où il est mort ; Capitaine Birorero a fui vers la Tanzanie d’où il a organisé un groupe de rebelles qui attaquera la Burundi en 1972
Après cette tentative du coup d’Etat, le roi Mwambutsa a senti qu’il y a danger au pays, que peut être le peuple ne veut pas de lui, il a fui le pays vers la Suisse ; il a même fait un testament qu’il ne reviendra plus au Burundi. Il a fini ses jours en Suisse. En 1966, le Conseil des bashingantahe a demandé d’introniser le fils héritier parce qu’il était pour eux impensable que le roi continue de diriger le pays étant en suisse. C’est ainsi que Ntare V fut intronisé très jeune avec Capitaine Michel Micombero à ses côtés pour l’appuyer dans la direction du pays. Micombero fut alors nommé premier ministre. C’est lui qui finira par destituer le Roi en mettant fin à la monarchie et bonjour la Première République en 1966.
Micombero n’a pas non plus eu tâche facile dans la gestion du pays. Les extrémistes hutus ont continué à nourrir d’espoir que la révolution à la rwandaise était toujours possible au Burundi. Ayant constaté que hutus ( dans la majorité) et tutsis voulaient vivres en paix et dans le respect mutuel comme le prônait le Prince Louis Rwagasore lors de l’indépendance du pays, les hutus extrémistes ont alors commencé a jouer les cartes régionales pour diviser les burundais et ainsi déstabiliser le pouvoir du jeune Micombero à la tête du pays. En 1967 et 1969, des militaires, soupçonnés d’organiser des coups d’Etat ont été arrêtés et exécutés. Soulignons ici que les soi-disant planificateurs étaient de l’ethnie hutue. En 1971, un autre groupe, cette fois ci dont les leaders seraient des tutsis de Jenda et de Muramvya (ce qu’ils appelé affaire Ntungumburanye), ces gens ont eu la vie sauve grâce à la bravoure de Nduwayo Leonard , alors procureur General de la république , en collaboration semble-t-il de Monseigneur Michel Ntuyahaga , qui a refusé au président Micombero de condamner des gens sans preuves visibles ( sur de simples soupçons). L’histoire du Burundi retiendra le nom de Nduwayo Leonard un véritable mushingantahe (qui n’a pas peur de dire la vérité), quelqu’un qui a osé rendre une justice équitable en dépit du risque qu’il courait en ce moment. Il aurait par la suite été demi de ses fonctions suite à ces mésententes avec le président et aurait fui le pays.
Voyant que ces gens ne sont pas tués comme les cas précédents, les extrémistes hutus y ont vu un système de ‘’deux poids deux mesures ‘’, une injustice à leur égard. Ils ont alors gardé cette rancune. Ayant toujours en mémoire le cas du Rwanda voisin, c’est pour cela qu’ils n’ont jamais cessé de tenter d’autres coups. Dans notre prochaine édition, nous parlerons des évènements de 1972.
URN HITAMWONEZA (Union pour la Renaissance de la Nation) regrette tout burundais qui perd sa vie sans raison et demandera toujours une justice indépendante pour que les coupables de ces différents crimes (qui qu’il soit, mort ou vivant) soient punis conformément à la loi. C’est la seule manière de réconcilier le peuple burundais et laisser les générations futures grandir dans un pays paisible.