Burundi: Quelle est la vérité sur les tueries de 1972? (première partie)
Les burundais ont besoin de savoir la vérité sur toutes les violences cycliques qui ont secoué le pays .Quels sont les planificateurs et les exécutants ? Quels sont les victimes ? Comment et pourquoi des gens prennent la décision de tuer leurs voisins ? C’est le travail qui devrait être fait par la Commission Vérité et Réconciliation. L’objectif étant de savoir qui a fait quoi et décider s’il faut une justice dans le but d’arriver à ‘’du plus jamais ça’’. Cependant, le constat actuel est que cette vérité est toujours manipulée pour des buts politiques. La fameuse commission vérité et réconciliation présidée par Pierre Claver Ndayicariye s’active ces deniers mois pour déterrer des restes des corps jetés dans des fosses communes. Elle fait comprendre à l’opinion que ce sont des os des hutus tués en 1972. Les témoignages des gens qui guident cette commission dans ce travail ne sont pas du tout suffisants ni crédibles pour déterminer le temps que l’os vient de passer sous le sol. Il faut une technologie adaptée que le Burundi ne dispose pas aujourd’hui. La vérité est unique, et tôt ou tard elle sera connue
Les extrémistes hutus ne cessent d’inciter les hutus à exterminer les tutsis en présentant les tueries de 1972 comme un génocide des hutus fait par le pouvoir de Michel Micombero. Un certain Kenny Claude Nzeyimana ne cesse de diffuser des émissions sur ces tueries qu’il qualifie de génocide. Tout en insultant les tutsis (comme il le fait souvent qu’il ouvre la bouche), il affirme que les tueurs appelés Maï Mulele venus du Zaire (RDC) qui ont attaqué et tué des tutsis le long du littoral du lac Tanganyika, à Nyanza Lac , Rumonge et Vyanda étaient des éléments positionnés par le Président Micombero pour trouver un prétexte de tuer les hutus. Pourquoi sacrifier ces tutsis ? Qu’avaient-ils fait pour mériter la mort ? Il parle aussi des éléments qui étaient envoyés en Tanzanie et qui sont entrés ce jour-là réclamant le retour à un Etat monarchique.
Nous savons tous que des tutsis sont morts lors de cette attaque des maï Mulele venus du Zaïre (actuel RDC), nous savons aussi que la répression du pouvoir a été très violente et beaucoup de hutus, intellectuels, commerçants, et d’autres qui avaient une certaine considération sociale ont été tués. Ce sont des burundais qui sont morts, et c’est regrettable.
Pour arriver aux tueries de 1972, nous aimerions jeter un œil derrière pour montrer l’origine de ces violences cycliques entre hutus et tutsis. Les historiens que nous avons approchés, nous disent que tout vient des belges lors de la période coloniale. Ils avaient sous leur responsabilité le Rwanda et le Burundi ; ce qui ont appelé Rwanda-Urundi. Les belges ont imposé ce qu’ils ont appelé l’administration indirecte ; et dans la reformes faite entre 1925 et 1932, ils ont limogé tous les chefs coutumiers hutus et les ont remplacé par les tutsi et ganwa. Ils disaient qu’aucun hutu n’est capable de diriger. Une première approche de diviser hutus et tutsis ou tout simplement dresser les hutus contre les tutsis car ils estimaient qu’ils sont les plus nombreux. Avec le début de recherche de l’indépendance du Burundi par le Prince Louis Rwagasore , les belges ont activé la corde sensible hutue leur disant qu’avant de songer à se libérer du colon, il faut d’abord se débarrasser des tutsis. Un discours qui n’a pas tenue sa route au Burundi, mais au Rwanda, les hutus ont chassé le roi et les tutsis ; ce qui constituait pour eux une sorte de révolution/indépendance de 1959 de la majorité sur la minorité, dirigée par Joseph Kayibanda .
Même si le Prince Louis Rwagasore , en compagnie de Pierre Ngendandumwe prônaient l’unité du peuple burundais, les hutus extrémistes comme Mirerekano cherchaient toujours à déclencher un changement au Burundi comme celui qui a été opéré au Rwanda. Ce Mirerekano est arrivé même à révolter la gendarmerie avant de fuir au Rwanda voisin suite aux multiples fautes commises. Il reviendra à la suite d’une amnistie du roi pour participer aux élections de 1965. Il n’a pas du tout désarmé. Il a par la suite mis en place, en collaboration avec un certain Nzobaza, une sorte de milice, la jeunesse Mirerekano qui commettra un massacre des tutsis dans Bukeye en 1965
Dans notre édition de demain, on vous parlera en détail comment certains politiciens, soldats et gendarmes ont préparé un coup d’Etat et l’assassinat du Roi Mwambutsa, afin de le mettre sur le dos des tutsis, un prétexte de les exterminer
URN HITAMWONEZA regrette toujours qu’aucune lumière sur toutes ces tueries n’a été faite par les pouvoirs qui se sont succédés pour que les coupables répondent de leurs actes. Nous regrettons aussi qu’il y ait des politiciens extrémistes aujourd’hui, qui, au lieu de chercher la vérité pour réconcilier les burundais, déforment le minimum d’informations disponibles sur ces faits pour attiser la haine entre les hutus et les tutsis, ou tout simplement pour inciter les hutus à exterminer les tutsis (des gens qui n’étaient même pas nés au moment de ces violences ethniques de 1972). Nous continuerons le monitoring de leurs paroles incendiaires ; ils auront eux aussi à répondre de tout ce qu’ils auront dit le moment venu.