Burundi: Que Pierre Claver Ndayicariye cesse la manipulation de l’opinion pour inciter les hutus à exterminer les tutsis.
On l’a entendu parler lors de ce que les anciens étudiants hutus de l’Université du Burundi de 1995 regroupés au sein de leur association ZIRIKANA UB-95 ont appelé commémoration de ‘’25 ans de mémoire traumatique de l’assassinat des étudiants hutus de l’Université du Burundi’’. Les cérémonies ont eu lieu le 9juillet 2020 au Campus Mutanga, où est construit un monument en mémoire de ces étudiants tués le 11 juillet 1995. Pierre Claver Ndayicariye est président de la Commission Vérité et Réconciliation ( CVR). Etait-il invité comme hutu, ancien étudiant de l’Université à cette époque ? Pas du tout. Etait-il invité comme hutu qui appuie la clique militaire au pouvoir puisque la plupart étaient à l’université en 1995 ? Etait-il invité comme président de la CVR ? Disons que c’est cette dernière version qui soit correcte. Elle peut être combinée avec la deuxième. Si on retient le dernier motif, on serait amené à se poser des questions : Quelle vérité Pierre Claver Ndayicariye veut-il découvrir sur ce qui s’est passé à l’université le 11juillet 2020. Tout le monde sait que des étudiants Tutsis ont tué des étudiants hutus. Ça c’est un fait. Et c’est regrettable. Combien d’étudiants ont-ils été tués ? Les témoins oculaires parlent de 11 étudiants hutus au Campus Mutanga, là où a été érigé le monument. Qui les ont tués ? C’est le travail de la justice.
Avec son verbe facile, il manipule l’opinion en grossissant les chiffres et en montrant qu’il a fait des recherches pour trouver les cadavres de ces pauvres étudiants tués. Il parle de plus de 100 étudiants hutus tués au Campus Mutanga, à Bujumbura et à Zege dans Gitega. Si Ndayicariye n’était pas manipulé par la clique au pouvoir et qu’à son tour ne cherchait qu’à manipuler l’opinion, il y avait moyen d’établir la vérité sur ces faits. Les noms et les photos de tous les étudiants existent dans les archives de l’université. Qu’ils affichent les noms et photos de ces étudiants tués ce jour sur le monument. Ils savent qu’ils sont entrain de mentir sur les chiffres. Ils les gonflent exprès pour augmenter le degré de haine des hutus contre les tutsis ; une façon de les inciter à la revanche.
Ndayicariye semble aussi se soucier de retrouver les cadavres de ces étudiants tués. Ce qui est une bonne chose. Mais qu’il cesse de mentir qu’il a des informations que les cadavres seraient jetés dans la Rusizi, que des corps ont été vus dans le lacs Tanganyika le lendemain. Qui auraient pris l’initiative de transporter ces cadavres ? Les étudiants tutsis de l’Université qui les ont tués avaient-ils des moyens pour ce travail ? Seraient-ils des services de l’Etat qui auraient transporté ces cadavres ? Tout génocide est organisé et exécuté par le pouvoir. On l’a vu le 12 décembre 2015 quand la police et l’armée, spécialement de la garde présidentielle, ont massacré des tutsis dans les quartiers Nyakabiga, Jabe, Musaga de Bujumbura, sous le prétexte que les camps militaires se trouvant à Ngagara et à Musaga étaient attaqués. Les cadavres ont été vite ramassés par les véhicules de l’administration et de la police et ont été jetés dans des fosses communes creusées par les imbonerakure (milice du cnddfdd, parti au pouvoir). Pourtant, beaucoup de personnes étaient tuées chez eux ou près de leurs domiciles ; ces criminels n’ont même pas autorisé aux familles de les enterrer dignement. Pourtant Ndayicariye n’en parle et n’en parlera pas.
Revenant sur le cas de 1995, Sylvestre Ntibantunganya était le président de la République. Il est le premier responsable. Si la thèse de Ndayicariye que ces cadavres ont été jetés dans la Rusizi s’avérait correcte, Ntibantunganya devrait pouvoir dire qui a donné l’ordre et qui les a transporté vers ce lieu. Une certaine opinion ne cesse de dire que ce président n’avait pas de plein pouvoir sur l’armée et la police. Aussi longtemps qu’il est président de la République, il est en même temps commandant suprême des Corps de Défense et de Sécurité. Aussi longtemps qu’il n’a pas établi les responsabilités pour punir les coupables, ou s’il ne le pouvait pas et qu’il n’a pas remis le tablier, il reste premier responsable.
URN HITAMWONEZA demande encore une fois à Ndayicariye Pierre Claver de ne pas manipuler l’opinion sur base des cadavres des burundais, juste pour les diviser alors qu’il dirige une commission dite ‘’ vérité et réconciliation’’. Sinon, il faudra l’appeler commission ‘’mensonge et division’’. Nous ne cesserons jamais de demander qu’une justice indépendante fasse son travail pour juger et punir tous les criminels, hutus comme tutsis. C’est la seule façon de réconcilier le peuple burundais. Malheureusement nous constatons avec regret que l’’objectif du pouvoir qui téléguide Ndayicariye est de montrer qu’il se soucie beaucoup de l’intérêt et du bien-être du hutu pour ses propres intérêts politiques. C’est aussi pour inciter les hutus à la vengeance contre les tutsis ; une façon de les préparer moralement au génocide en préparation. Que ça soit Pierre Claver Ndayicariye ou les membres de la clique au pouvoir, nous continuerons le monitoring de leurs paroles et actes, le moment venu, ils devront comparaitre devant des juridictions indépendantes et répondre de tous les crimes qu’ils auront commis.