BURUNDI: La CVR est une commission illégale qui ne cherche ni la vérité encore moins la réconciliation

BURUNDI: La CVR est une commission illégale qui ne cherche ni la vérité encore moins la réconciliation

Dans une longue interview accordée la Radio Inkinzo la Voix des Grands Lacs, le sage Zénon Nicayenzi dévoile beaucoup de secrets cachés au Burundais sur le fonctionnement de la CVR et particulièrement sur les différents évènements qui ont marqué l’histoire douloureuse de notre pays, le Burundi.

Dans la première partie de son intervention, Zénon Nicayenzi estime que la CVR  a violée la loi N01/022 du 6 Novembre 2018 portant modification de la loi N01/18 du 15 Mai 2014, portant création, mandat, composition, organisation, et fonctionnement de la Commission Vérité et Réconciliation (CVR). Cette loi précise que dans ses enquêtes pour chercher la vérité sur les différentes violations des droits de l’homme et la responsabilité des uns et des autres afin d’arriver à la réconciliation des burundais, la CVR devrait commencer ses investigations à partir du 26 Fév. 1885 jusqu’à l’année 2008.

A la question de savoir pourquoi ils ont osé violer une loi que même le président de la République ne peut pas changer sans l’intervention de l’Assemblée Nationale, il estime que cette commission ne voulait pas tout simplement arriver à établir la vérité sur ce qui s’est passé. Commencer les enquêtes par les provinces de Karuzi et Gitega où ces évènements de 1972 n’ont pas fait beaucoup d’effets (l’écrit du 7 Janvier 2021 de la CVR précise que  la population des deux provinces a déclaré qu’elle n’a pas vu les May Mulele, mais qu’elle en a entendu simplement parler) montre cette volonté de la commission d’occulter la vérité sur 1972.

Selon Zénon Nicayenzi, la CVR ne peut pas prétendre expliquer ce qui s’est passé en 1972 sans commencer par les évènements historiques de notre pays qui ont précédé l’année 1972. ‘’ Il n’y a pas moyen d’expliquer ce qui s’est passé en 1972 sans expliquer ce qui s’est fait la nuit du 18 au 19 Octobre 1965 au Palais Royal, sans expliquer ce qui s’est passé en 1962 à Kamenge, sans mettre un éclairage sur l’implication du Royaume de Belgique dans  l’assassinat du Prince Louis Rwagasore’’, a-t-il martelé.

Zénon Nicayenzi a aussi donné un éclairage sur certaines questions qui ne trouvent pas de consensus pour les burundais. Qui a attaqué le Burundi en 1972 ? Pourquoi ? Qui commandaient cette attaque ? Pour lui, la réponse se trouve dans le document produit par la CVR. Ce sont les congolais et certains hutus burundais. Il ajoute que ces gens sont venus de la Tanzanie, dans la région de Kigoma (près du Lac Tanganyika) d’où ils ont été entrainés. Comment ces deux groupes se sont retrouvés ensemble ? Pour lui, les congolais voulaient attaquer le Zaïre de Mobutu ( qui était ami intime du président Micombero). Ils devraient donc commencer par envahir le Burundi ensemble et après la victoire sur le Burundi, devraient continuer le combat vers le Zaïre. Le sage Nicayenzi précise que cela est écrit dans le Livre Blanc sur les évènements d’Avril-Mai 1972 du ministère de la communication de la République du Burundi.

A la question de savoir les chefs qui ont commandé cette attaque, il précise des noms comme Celeus Mpasha, Buname, Biyorero et Seheye. Ceux-là sont venus de la Tanzanie, mais ils avaient un appui des membres très fort à  l’intérieur du pays, et dans toutes les institutions (armée, gendarmerie, gouvernement,…). Et ceux de l’intérieur s’étaient bien préparés sur tous les plans et spécialement en ce qui concerne le financement de cette action. Ici , il cite un nom qui n’est pas connu de tous. C’est un belge du nom de Olivier Didier, représentant du syndicat des travailleurs belges. C’est lui qui fournissait beaucoup d’agent pour la lutte. Il collaborait avec Jean Nduwabike dans cette collecte. Ce dernier sera remplacé plus tard par d’autres membres du parti UBU, notamment Marc Ndayiziga, un ingénieur qui a construit le pont reliant Mutanga Sud et Nord. Marc Ndayiziga était héritier d’Albert Moss qui s’est suicidé après la victoire du Prince Louis Rwagasore.

A la page 34 du Livre Blanc, Zénon précise qu’il est écrit que plus de 300 ressortissants rwandais avaient été aussi entrainés et envoyés au Burundi par le Président  Kayibanda  du Rwanda pour appuyer le front intérieur lors de cette attaque du Burundi de 1972.

A la question de savoir qui a sauvé le pays, il précise que le président Micombero  a combattu cette rébellion comme il a sauvé le Roi Mwambutsa IV quand il avait été attaqué par des génocidaires à son palais la nuit du 18 au 19 Octobre 1965. Après leur défaite, les attaquants ont fui, les uns vers le Rwanda, d’autres vers la Tanzanie. Ce sont presque les mêmes qui  reviendront en force en 1972. Pour lui, c’est un génocide des tutsis qui a été longtemps planifié au Burundi. Et penser qu’on peut sauter sur  les évènements de 1972 sans faire des enquêtes approfondies et expliquer les évènements historiques qui ont précédé cette année est une manière de vouloir cacher la vérité des faits et leurs auteurs. Ce qui explique que la CVR était dans l’obligation de commencer par l’année 1885 comme la loi le précise.

Nous reviendrons sur sa réaction sur le fonctionnement de la CVR dans les parties suivantes.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *