Burundi : Le pays est plongé dans une insécurité persistante

Burundi : Le pays est plongé dans une insécurité persistante
Ici et là, on parle de coups de feu, des grenades lancées, des cadavres découverts, des personnes assassinées et d’autres enlevées par des services de sécurité de l’Etat. Et pourtant, le président Evariste Ndayishimiye, n’a pas manqué ce 23 septembre 2021, à la tribune des Nations Unies à New York, de vanter un Burundi paisible, sécurisé et stabilisé.
Des explosions à l’aéroport et des jets de grenades dans les deux capitales
Tout a commencé la nuit du 18 septembre 2021 à la veille du départ du président Evariste Ndayishimiye à New York pour participer à la 76eme Session de l’Assemblée Générale des Nations Unies. Des explosions ont été entendues autour du seul Aéroport que le pays dispose. Le mouvement Red Tabara a revendiqué l’attaque. Il disait qu’il a lancé des bombes mortier sur la piste de l’Aéroport et sur les positions militaires qui le protègent faisant des morts et des blessés. Cependant, l’aéroport était opérationnel le lendemain ; le président Evariste Ndayishimiye n’a pas hésité de faire son voyage comme prévu le 19septembre 2021.
Une grenade lancée le soir du même jour à Gitega a fait deux morts, une vingtaine de blessés et des véhicules endommagés. La nuit du 20 au 21 septembre 2021, c’est la capitale économique qui était la cible : les grenades lancées au centre-ville, au parking de l’ancien marché central et au marché de Jabe a fait deux morts et 104 blessés. Ces actes, qualifiés ‘’de terrorisme’’ par Sylvestre Nyandwi, procureur général de la République, dans sa conférence de presse du 22 septembre 2021, au cours de laquelle il a accusé Alexis Sinduhije, Francois Nyamoya, Margarite Barankitse et d’autres d’être les planificateurs, n’ont pas été revendiqués. Ces derniers ont qualifié les déclarations de Sylvestre Nyandwi de gratuites et non fondées et ont catégoriquement nié n’être impliqués ni de près ni de loin dans ces attaques à la grenade qu’ils ont eux-mêmes dénoncées et condamnées.
Et Quid de la grenade lancée au domicile du col Aron Ndayishimiye
Cet officier qui commande le 212eme Bataillon qui a certaines de ses positions dans la réserve de la Rukoko est un ancien des FNL ; il n’est pas issu du cnddfdd. Il est un des rares qui ont été intégré à l’armée en provenance des FNL qui restent actifs au sein de ce corps et qui a encore un poste de responsabilité de ce niveau. C’est pourquoi il travaille avec un zèle démesuré en tuant avec sang-froid et sans raison tous ceux que le cnddfdd désigne comme opposants politiques ou ennemis du pays. Il le fait de façon maladroite et avec arrogance de manière à ce que ses actes soient trop difficiles à justifier. Il enlève des gens au grand jour, au vu et au su de tout le monde, les conduisent à bord de son véhicule dans la réserve de la Rukoko et personne ne retrouvera même pas leurs cadavres.
L’attaque à la grenade de son domicile le 23 septembre 2021 qui a emporté sa femme et son domestique peut être interprétée de deux manières : il peut s’agir d’une vengeance en provenance des proches des victimes de ces actes criminels ; cette attaque peut aussi provenir de la milice imbonerakure du cnddfdd qui chercherait à la mettre sur le dos des anciens membres des FNL, actuel CNL, pour les arrêter en masse, mais aussi pour permettre à Sylvestre Nyandwi de mettre le responsable des CNL, Agathon Rwasa, sur la liste des planificateurs des actes terroristes au Burundi. Il se verrait par la suite enlevé de son immunité parlementaire et se retrouverait en prison. C’est une possibilité dans le royaume de l’Aigle. Si cette hypothèse s’avérait vraie, le colonel Aron Ndayishimiye serait aussi dans le collimateur de la clique militaire du cnddfdd au pouvoir car, avec son zèle poussé à l’extrême, il serait devenu un élément gênant pour le pouvoir. De telles personnes sont manipulées par ce pouvoir et finisse par les éliminer. Les exemples sont légion.
Des embuscades sur les itinéraires
La plus récente a été effectuée en date du 11sept 2021. Elle a été faite sur la RN7 au niveau de Mu Gwingwe, colline Cogo, zone Vyuya, commune Mugamba par des hommes armés. Un véhicule Fuso a été brulé, une Hiace attaquée et un motard blessé. Au total 12 personnes ont été blessées. Cette attaque n’a pas été revendiquée ; la police a parlé d’habitude de bandits armés. Il a été signalé, la nuit du 24 au 25 septembre 2021, des coups de feu dans la même localité en commune Mugamba. Et un communiqué du Red Tabara qui n’a pas tardé à sortir le 25 septembre, parle de ses positions attaquées par l’armée nationale a Juru dans la même commune. Sa riposte aurait fait 3 morts du côté de l’armée, 02 AK47 et une mitrailleuse saisies sur l’ennemi, selon toujours le même communiqué. Vrai ou faux. Difficile à prouver.
Dans ce communiqué, Red Tabara conseille aux burundais de ne pas emprunter les routes nationales au-delà de 18hoo. Raison avancée : ne pas se retrouver entre deux feux, selon les propres termes de Patric Nahimana, porte-parole militaire de ce mouvement.
L’interprétation de ce genre de communication pourrait faire croire que c’est ce mouvement qui tend les embuscades sur les itinéraires. Et ce qui est grave encore, ce genre d’actions, menées dans les zones à dominance tutsis sont des actions qui donnent l’occasion au pouvoir du cnddfdd de parachever le génocide des tutsis et des hutus de l’opposition en cours. Toute action de nature à perturber la sécurité dans de telles zones donnent l’opportunité au pouvoir de faire des rafles de tous ceux qu’il accuse injustement être des ennemis du pays (tous ceux qui ne sont pas membres du cnddfdd). La suite est connue de tous : les emprisonner dans des lieux non officiels, les torturer et les tuer. Des telles actions dans ces régions sont alors de nature à jouer le jeu des escadrons de la mort du cnddfdd. Certains diront qu’’’on ne fait pas de l’omelette sans casser les œufs. Oui, mais, le risque est grand de casser tous les œufs et ne pas faire de l’omelette parce que tous les ingrédients ne sont pas encore réunis pour la faire.
De plus, interdire aux burundais de passer par les routes nationales au-delà de 18hoo n’est ni moins ni plus de leur priver de leur droit de circulation. Non seulement que la mesure freine le développement économique du pays et par conséquent des citoyens individuellement, elle est de nature à causer beaucoup d’accidents de circulation. Les gens auront tendance à limiter leur participation dans des activités à caractère social à l’intérieur du pays et s’ils y participent, ils devront limiter le temps et au retour rouler à grande vitesse de peur de ne pas respecter ce couvre-feu imposé. De ce fait, le Red Tabara n’apporterait pas de solution, mais rajouterait d’autres problèmes aux violences déjà infligées aux burundais par le pouvoir cnddfdd.
Du discours du président Evariste Ndayishimiye à New York
En présentant le Burundi comme un paradis où la paix, la sécurité et la stabilité est totale, il a cependant fait savoir qu’il est sous la menace des groupes terroristes qui mènent leurs actions dans la sous-région. Il a notamment mentionné le Red Tabara et l’ADF. Mettre l’ADF et Red Tabara dans le même sac est un jeu malhonnête de vouloir inciter les Nations Unies à déclarer ce mouvement, qui a des revendications politiques, groupe terroriste comme le cas de l’ADF.
De plus, il a passé sous silence les FDRL et les FLN reconnues déjà par les Nations Unies comme forces négatives et qui , hier étaient basées à l’Est de la RDC, mais qui ont déplacé leur base arrière dans la Kibira du Burundi dirigé par Evariste Ndayishimiye et sa clique militaire. Une des preuves étant des cadavres de 5 hommes en uniforme de l’armée congolaise trouvés sur la colline Ruhembe en zone Bumba dans la commune Bukinanyana en province Cibitoke, vendredi le 24 septembre 2021. L’information écrite par sos médias précise que la population de la localité avait l’habitude de voir passer des hommes en tenues militaires congolaises parlant Kinyarwanda. Ce qui fait penser aux combattants FDRL/FLN se trouvant dans la Kibira. Cette population affirme avoir entendu des coups de feu mercredi et jeudi de la même semaine dans la localité. Selon sos, l’administrateur de la commune a ordonné d’enterrer ces cadavres tout en interdisant à la population de prendre des images. Que voulait il cacher ? La réponse est claire.
En passant sous silence ces groupes qui perturbent la sécurité du Rwanda à partir du Burundi, Evariste Ndayishimiye a implicitement montré qu’il est de mèche avec eux ou pour bien le dire qu’il les soutient. Vouloir mettre Red Tabara et l’ADF dans le même panier, devant les Nations unies, est un message clair que sa clique militaire n’entend pas dialoguer avec tous ceux qui s’opposent au pouvoir cnddfdd. Les chefs d’Etat présents devraient en tirer une leçon sur la manière de traiter ce pouvoir dans leurs tentatives de nouer des relations bilatérales ou multilatérales avec lui.
URN HITAMWONEZA demande encore une fois à la population burundaise de ne pas se laisser manipuler par tous ceux qui ont des revendications politiques soient elles, tout en la mettant directement dans la gueule du lion, le cnddfdd. Ce pouvoir génocidaire n’attend qu’un simple prétexte pour passer à l’assaut final : parachever le génocide encours commencé depuis 1993. La communauté internationale ne devrait pas non plus se contenter de bons discours du président Evariste Ndayishimiye. Il faut le juger sur ses actes. Sinon, en pensant qu’ils sont entrain de soutenir le pouvoir cnddfdd, dans les prochains jours, des pays ou organisations risquent de se retrouver responsables du génocide commis au Burundi et dans la sous-région. Sur ce point, la prudence devrait être alors de rigueur.

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