Burundi : Le colonisateur a réduit les superficies du Burundi et du Rwanda pour affaiblir les tutsis et mieux contrôler ces Etats (troisième partie).
Pourquoi la conférence de Berlin ?
Notre démarche de démontrer pourquoi nos Etats (Burundi et Rwanda) ont été émiettés au profit des Etats immenses comme la Tanzanie et la RDC, poursuit son bonhomme de chemin. Notre précédente édition a tenté de montrer combien les pouvoirs monarchiques comme celui du Burundi étaient forts et bien organisés à tel point que la pénétration des hommes blancs a été très dure et couteuse. Nous avons déjà montré que le Burundi était, bien avant la conférence de Berlin qui est arrivée à dessiner les nouvelles limites des pays africains, un pays vaste qui s’étendait non seulement sur la superficie actuelle du Burundi, mais aussi sur le Nord et le Sud Kivu de l’actuelle RDC et le Buha du Nord et Buha du Sud (côté Tanzanie)
Aujourd’hui, nous reculons en arrière pour voir quand, comment et pourquoi l’organisation de la conférence de Berlin qui a abouti à redessiner les nouvelles limites de l’Afrique, sans oublier celle de notre pays le Burundi.
Nos historiens nous disent qu’avec la deuxième moitié du 19 siècle, les pays européens qui commençaient à se développer et avoir beaucoup d’industries avaient besoins d’écouler leurs produits, mais aussi avoir des matières premières pour faire fonctionner, de façon pérenne, leurs industries. Il fallait alors aller les chercher ailleurs, en Afrique et en Asie, de tant plus que leurs sous-sols n’étaient pas si nantis en matière minérale. Beaucoup d’écrits diront simplement que les causes de la convocation de la conférence de Berlin étaient ‘’la rivalité entre les puissances Européennes en Afrique centrale’’. Convoquée sur l’initiative du chancelier allemand OTTOVAN BISMAREK et le premier ministre Français Jules Ferry, elle a eu lieu entre novembre 1884 et février 1885. Ont participé à cette conférence 14 pays dont 12 de l’Europe et les Etats Unis d’Amérique et la Russie (Allemagne, Autriche-Hongrie, Belgique, Danemark, Empire ottoman, Espagne, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Pays-Bas, Portugal, Russie et Suède). Les peuples et les rois africains étaient tenus à l’écart de toutes les discussions.
Nous vous proposons l’acte général signé le 26 février 1885 , au nom du Dieu Tout Puissant, selon les participants à la conférence : ‘’Voulant régler, dans un esprit de bonne entente mutuelle, les conditions les plus favorables au développement du commerce et de la civilisation dans certaines régions de l’Afrique, et assurer à tous les peuples les avantages de la libre navigation sur les deux principaux fleuves africains qui se déversent dans l’océan Atlantique; désireux, d’autre part, de prévenir les malentendus et les contestations que pourraient soulever à l’avenir les prises de possession nouvelles sur les côtes de l’Afrique, et préoccupés en même temps des moyens d’accroître le bien-être moral et matériel des populations indigènes, ont résolu, sur l’invitation qui leur a été adressée par le gouvernement impérial d’Allemagne, d’accord avec le Gouvernement de la République Française, de réunir à cette fin une Conférence à Berlin, et ont discuté et adopté les points suivants : 1° Une déclaration relative à la liberté du commerce dans le bassin du Congo, ses embouchures et pays circonvoisins, avec certaines dispositions connexes ; 2° Une déclaration concernant la traite des esclaves et les opérations qui, sur terre ou sur mer, fournissent des esclaves à la traite ; 3° Une déclaration relative à la neutralité des territoires compris dans le bassin conventionnel du Congo ; 4° Un acte de navigation du Congo, qui, en tenant compte des circonstances locales, étend à ce fleuve, à ses affluents et aux eaux qui leur sont assimilées, les principes généraux énoncés dans les articles 108 à 116 de l’acte final du Congrès de Vienne et destinés à régler, entre les puissances signataires de cet acte, la libre navigation des cours d’eau navigables qui séparent ou traversent plusieurs États, principes conventionnellement appliqués depuis à des fleuves de l’Europe et de l’Amérique, et notamment au Danube, avec les modifications prévues par les traités de Paris de l856, de Berlin de 1878 et de Londres de 1871 et de 1883 ; 5° Un acte de navigation du Niger, qui, en tenant également compte des circonstances locales, étend à ce fleuve et à ses affluents les mêmes principes inscrits dans les articles 108 à 116 de l’acte final du Congrès de Vienne; 6° Une déclaration introduisant dans les rapports internationaux des règles uniformes relatives aux occupations qui pourront avoir lieu à l’avenir sur les côtes du continent africain’’.
En peu de mots, en plus de la recherche du marché et des matières premières en Afrique, l’objectif de cette conférence était d’éviter des conflits qui pourraient naitre de l’occupation de nos pays africains par ces Etats. Ceux qui sont venus au Burundi n’ont pas eu de facilités ; ils sont parvenus à vaincre et occuper le pays après de dures batailles. La force du Roi résidait dans la cohésion et l’unité entre les burundais, une bonne organisation du pays et un entrainement des badasigane (la force royale) avec un sens patriotique hors du commun. Nous y reviendrons dans nos éditions ultérieures.
URN HITAMWONEZA profite de cette occasion pour rappeler aux leaders du cnddfdd qui dirigent actuellement le Burundi que leur comportement colonial de ‘’diviser pour régner’’ (exclusion de tous les tutsis et les hutus de l’opposition de la gestion du pays) ne leur conduira qu’à leur défaite dans tous les domaines (sécurité et développement surtout). Pour eux, rester au pouvoir dans n’importe quelles conditions et continuer à piller le peu qui reste comme économie du pays ; c’est leur principal souci. Le peuple burundais ne devrait pas observer impuissant cette situation. Tout le monde devrait méditer sur les voies et moyens nécessaires pour libérer ce pays de cette colonisation plus dévastatrice que celle des hommes blancs. C’est une question de temps ; le départ de ces leaders en manque de vision est proche ; mais, chacun est interpellé à donner sa contribution.