Burundi : L’obéissance aveugle de certains membres des CDS est motivée par la pauvreté et les mauvaises conditions de vie. (Deuxième partie)
La discipline militaire consiste à suivre scrupuleusement le règlement militaire ; le respect des chefs hiérarchiques étant un des points de ce règlement. Mais, le leader doit se faire respecter. Ce n’est pas en se montrant violent, arrogant envers ses subalternes qu’ils le respecteront. C’est par sa compétence, sa sagesse, le bon exemple dans les actes que sa troupe s’attachera infailliblement à lui. Le chef doit aussi se soucier du bienêtre de ses hommes pour qu’ils travaillent avec motivation. Les chefs au Burundi se contentent de remplir leurs poches au lieu de prendre soins de leurs administrés. Tenez : le caporal burundais touche 84.570Francbu, soit 43$usa (au taux de 1950frbu de la BRB) et 36$usa au taux des banques commerciales ; le caporal-chef touche 126745frbu, soit 65$usa au taux de la BRB et 55$usa au taux des banques commerciales. Sachez que les centaines ne sont jamais donnés aux militaires. Par exemple, pour le caporal qui devrait avoir les 84.570frbu, il ne reçoit que les 84000Frbu seulement. L’officier payeur lui dit que c’est à prendre ou à laisser. A voir le coût trop cher de la vie, la flambée des prix des produits de première nécessité, cet argent n’a aucune valeur.
Même ceux qui ont la chance de participer dans des missions de maintien de la paix en Somalie ou en Centrafrique, malgré qu’ils reçoivent cet argent à la sueur de leur front, le gouvernement garde une part très importante de ce qui est versé à chaque militaire. En Somalie, l’UE et les USA donnent pour chaque militaire déployé sur terrain 1028$usa ; le gouvernement garde 400$usa et devrait remettre au militaire 628$usa. Là encore, la BRB qui reçoit cet argent lui fournit son dû en monnaie locale et au taux très bas (entre 1900Frbu et 1950Frbu) alors qu’il pouvait avoir plus en franc Burundais, s’il reçoit son dollar et le change dans les banques commerciales ou dans les bureaux de change (au moment où ils existaient encore ; le gouvernement les a fermés tous juste pour contrôler les entrées et sorties des devises car il en manque de façon criante). En Centrafrique, chaque militaire reçoit des Nations Unies 1350$usa. C’est cette somme qui est versée au gouvernement burundais, qui, à son tour, donne au militaire, avec retard, l’équivalent de 662$usa (argent donné en Francs burundais, toujours au taux de la BRB). Tout le monde comprend que le pouvoir cnddfdd retient pour chaque militaire en mission en RCA, 688$usa. Pour prendre cette mauvaise décision, le Chef d’Etat-major a avancé l’idée qu’il fallait que les militaires en mission en RCA ne touchent pas plus que ceux qui sont en Somalie. Pourtant, les deux missions ne sont pas les mêmes ; l’une est de l’Union Africaine, l’autre est celle des Nations Unies. Imaginez combien cela décourage nos hommes en Centrafrique quand ils œuvrent auprès des casques bleus des autres pays qui sont mieux payés et de façon régulière.
Aujourd’hui, le Burundi possède des corps de défense et de sécurité dirigés par des chefs illettrés, arrogants ( quand on manque d’arguments, on fait recours à la force physique), avec une moralité douteuse. C’est la pratique du maquis qui circule toujours dans leurs veines.
Ces gens parachutés du maquis sans aucune formation, avec la honte d’occuper des postes non mérités, ; avec ce complexe d’infériorité qui a été récompensé par le fait d’avoir au pouvoir des leaders qui n’hésitent pas à couvrir leurs fautes, ils se croient autorisés à tout faire dans l’impunité totale. Ils n’hésitent pas à piller, à violer, à tuer ou torturer. Beaucoup se sont faits construire des maisons en deux ans après leur intégration, d’autres n’hésitaient pas à se payer de belles filles chaque fois que le besoin se faisait sentir. Voilà le genre de leaders qui sont à la tête de cette institution la plus précise du pays. L’image du pays en a trop souffert.
Dans les missions de maintien de la paix, ce sont ces mêmes officiers qui organisaient le détournement et la vente de la logistique destinée aux hommes sous leur responsabilité. D’autres se sont montrés incompétents devant les autres pays, à tel point que le pays coure des risques de se voir retirer de ces missions (aujourd’hui le pays garde sa place seulement parce que ce sont des missions à très haut risque, très peu de pays s’y aventurent). Nous apprenons que les militaires en Somalie se lamentent d’avoir une alimentation insuffisante et non équilibrée, comparativement aux travaux qu’ils effectuent. La logistique leur réservée est détournée par les officiers. Au départ, ils réceptionnaient les produits auprès des fournisseurs locaux pour les revendre après. Les militaires ont commencé à dénoncer ces actes malgré les risques encourus. Ils ont ensuite changé de stratégies. Ils réceptionnent une partie et le reste est donné en espèce (en argent) à ces leaders. C’est une situation très désagréable de voir des chauffeurs de camions qui passent toute une journée aux volants et ne reçoivent pas de lait ; il est consommé par ces officiers qui restent au lit ou assis au bureau toute la journée ; raconte un militaire en colère.
URN HITAMWONEZA demande aux militaires de respecter le règlement et de garder la discipline pour protéger la population, qu’elle soit burundaise ou celle des pays dans lesquels ils vont en mission de maintien de la paix. Nous leur demandons par contre de refuser les ordres illégaux donnés par des chefs sans foi ni loi. Les militaires doivent aussi dénoncer, de façon intelligente, les actions de malversations économiques constatées auprès de leurs chefs car cela a des répercutions négatives sur leur mission. Nous resterons de leur côté pour porter leur voix vers les instances qui peuvent prendre des décisions en leur faveur.