Burundi : D’où vient l’idéologie de génocide des extrémistes hutus burundais ?
Tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de la sous-région s’accordent à dire que les exclusions et les divisions ethniques sont venues d’abord de la colonisation belge avec leur politique de ‘’diviser pour régner’’. Ils ont bouleversé une administration très organisée pour l’exclure des hutus, non pas par amour des tutsis, mais pour révolter à la suite les hutus numériquement majoritaires. Ils ont fait naitre un conflits des ‘’courts’’ ( hutus) contre les ‘’longs’’ ( tutsis) ou des ‘’seigneurs’’ contre les ‘’esclaves’’. Les conséquences directes du fait de dresser les hutus contre les tutsis se sont manifestées en 1959 avec la révolution sociale de Kayibanda au Rwanda, appuyée par le colon belge. Des tutsis ont été massacrées, d’autres ont pris le chemin de l’exil au Burundi, en Uganda et au Zaïre (actuelle RDC).
Cette politique devrait être exportée aussi au Burundi, mais elle ne trouva pas de terrain favorable dans l’immédiat, elle se heurta à la politique d’unité des burundais qui était prônée par les dirigeants d’alors ; mais des hutus extrémistes, appuyés sans doute par ce colon, ont toujours pensé à copier ce model rwandais. L’idéologie d’exclusion, de génocide, était déjà en gestation dans leurs esprits. Ils l’entretenaient et l’enseignaient aux autres hutus.
La première tentative fut lancée en 1965 avec le coup d’Etat du 19 octobre 1965, après l’assassinat du premier ministre Pierre Ngendandumwe le 15 janvier de la même année, 1965. Certains politiciens (dont Antoine Burarame, ministre des finances) et parlementaires (dont Benyaguje, Bamina, Nyangoma Gervais), sans oublier des militaires et gendarmes (dont Major Antoine Serukwavu, secrétaire d’Etat à la gendarmerie, natif de Kirundo, Lieutenant Bunanambe, de Jenda, Capitaine Birorero de Mugara dans Rumonge) ont tenu une réunion à Gatsinda en commune de Mwumba en province Ngozi. A l’issu de cette réunion, ils ont décidé de destituer le Roi Mwambutsa , le tuer et dire que c’est l’œuvre des tutsis ; un prétexte pour exterminer les tutsis, et ce dans tout le pays. C’est pour cela que la jeunesse Mirerekano était organisée et préparée pour passer à l’action le moment venu. C’est la radio nationale qui devrait annoncer cette mort pour que tout le peuple en soit informé.
Le coup d’Etat a été déjoué par le Capitaine Michel Micombero, alors secrétaire d’Etat à la défense, en compagnie du Capitaine Paul Rusiga. Ils ont pu sauver le Roi Mwambutsa et le pays de ce génocide. La jeunesse Mirerekano qui avait été préparée pour tuer tout tutsi sauf les femmes et les filles car ils espéraient se marier avec elles, ont malgré tout commencé à tuer depuis le matin du 20 octobre 1965 dans 3 communes de Busangana, Bukeye, Bugarama. Ils ont tué systématiquement des tutsis dans ces communes jusqu’à éventrer des femmes enceintes pour vérifier s’elles ne portent pas des garçons. Les familles Bimari, Ryume sont notamment des témoins oculaires de ces événements. Le Commandant de la Brigade de Ngozi fut tué par ces jeunes Mirerekano sur le lieu appelé ‘’ ku mazi y’umwami’’( eau royale) alors qu’il descendait à Bujumbura. Il tentait de les calmer.
Ceux qui avaient préparé le coup d’Etat ont par la suite fui le pays. Le Major Antoine Serukwavu s’est refugié au Rwanda où il est mort ; Capitaine Birorero aurait fui vers la Tanzanie d’où il aurait participé dans l’organisation d’un groupe de rebelles qui attaquera le Burundi en 1972. Nous y reviendrons.
URN Hitamwoneza n’a cessé et ne cessera jamais de rappeler aux burundais que l’exclusion et les divisions ont été utilisées par le colon pour tenter de rester dans nos pays, mais elles sont utilisées aujourd’hui par des dirigeants qui ne cherchent qu’à se maintenir au pouvoir. Ce n’est pas parce qu’un hutu est au pouvoir que tous les hutus vont retrouver tout ce dont ils ont besoin pour bien vivre. Au lieu de passer leur temps à penser développement du pays, les leaders extrémistes dépensent leurs énergies et l’argent du contribuable à arrêter des stratégies de protéger leur pouvoir contre les opposants politiques. Ces derniers sont maltraités ; certains sont tués, d’autres emprisonnés et d’autres contraints de fuir le pays ; des ressources qui devraient normalement aider à développer le pays. Que ces leaders extrémistes se détrompent, il n’y aura pas de paix durable des hutus sans les tutsis et vice versa. Ces extrémistes doivent être combattus par tout le monde pour céder la place au leaders rassembleurs.