Burundi: Le double jeu d’Antonio Guterres renforce la position des génocidaires au Burundi.
Une délégation de haut niveau des Nations Unies conduite par l’envoyé spécial du Secrétaire Général des Nations Unies pour la région des grands lacs HUANG Xia et la sous-secrétaire Générale des Nations unies pour l’Afrique Bintu Keita séjourne à Bujumbura au Burundi du 14 au 21 Septembre 2020. Elle a déjà rencontré le 14septembre 2020, le ministre Albert Shingiro en charge des affaires étrangères et de la coopération au développement. Ce dernier a déclaré qu’ils ont discuté des questions relevant du domaine socio-économique pour appuyer le Burundi dans la mise en œuvre du plan national de développement 2018-1027. C’est, selon lui, ‘’une rencontre qui constitue un coup d’envoi à une coopération accrue entre le Burundi et les NU’’.
Le 15septembre 2020, la délégation a rencontré le président Evariste Ndayishimiye à Ntare House sis à Bujumbura. Après l’audience, HUANG Xia a fait savoir que cette rencontre s’inscrit dans le cadre de l’évaluation stratégique multidimensionnelle, à la demande du Secrétaire Général des Nations Unies et du Conseil de sécurité. Toujours à la demande du SG des Nations Unies, le bureau des Nations Unies pour la région des grands lacs est en train de préparer une nouvelle stratégie régionale, a-t-il signalé. Le porte-parole du président, Jean Claude Karerwa Ndanzako a profité de l’occasion pour venter aux medias que la délégation a apprécié l’état de la sécurité qui prévaut dans le pays et la bonne cohabitation des burundais : ‘’le Chef de la délégation a salué le pas franchi en matière de la sauvegarde de la paix, des droits humains, de la prise en compte du genre et des affaires sociales. Il n’a pas manqué d’apprécier positivement la bonne cohabitation des burundais ainsi que la paix et la sécurité qui règnent sur tout le territoire national’’
Ici il y a lieu de se poser la question de savoir de quel pays Jean Claude Karerwa est en train de parler, parce que ce n’est pas Huand Xia qui aurait prononcé ces phrases. Même si diplomatie oblige, ayant déjà jeté un coup d’œil sur le rapport de la commission des NU en charge des enquêtes sur des droits de l’homme au Burundi vient de sortir, il aurait trouvé d’autres mots pour caresser Evariste Ndayishimiye dans le sens des poils car dire ce qui n’est pas vrai veut dire mentir. Et diplomatie ou politique ne sont pas synonyme de mensonge.
La rencontre a eu lieu au moment où le niveau de violation des droits de l’homme au Burundi atteint presque le cap. Une rébellion qui circule dans le pays, des innocents qui meurent chaque jour, des gens qui sont abusivement arrêtés par la police, le service national de renseignement et les membres de la milice imbonerakure ; les gens arrêtés sont torturés puis tués ou emprisonnés ; voilà le tableau sombre de la situation actuelle. Tout le monde a peur, même les leaders ont peur mais n’osent pas le dire. Quand des militaires osent bruler les bateaux des pêcheurs soit disant qu’ils déplacent les malfaiteurs alors qu’ils étaient censés contrôler la lac ; quand la réserve de la Rukoko est brulée sous motif que les rebelles peuvent s’y cacher ; quand des forêts sont brulées dans la province de Rumonge pour y chasser des rebelles ; quand le ministre de l’intérieur interdit les karaokés et les veillées de prières sous prétexte qu’ils font des bruits qui empêchent les gens de dormir ; cela prouve que la clique militaire ne connait pas encore qui est son vrai ennemi et quelle est sa force.
Jean Claude Karerwa a aussi ajouté que la rencontre de son patron avec la délégation onusienne s’est faite après une conversation téléphonique entre Antonio Guteress et Evariste Ndayishimiye au mois de juin 2020. Il a profité de l’occasion pour demander le retrait du Burundi de l’agenda du conseil de sécurité des NU car, selon lui, ‘’il n’y a pas de torchon qui brûle pour que le Burundi soit maintenu sur l’agenda du conseil de sécurité’’.
Pourtant le torchon brule au Burundi ; la Commission d’enquête de Doudou Diène estime que Bujumbura se trouve aujourd’hui « à la croisée des chemins». Son rapport signale que ‘’le système de gouvernance mis en place au profit du parti CNDD-FDD est toujours présent, ainsi que de nombreux facteurs de risque. Des violations des droits de l’homme se sont poursuivies jusqu’à présent et il serait prématuré de se prononcer sur la possible évolution de la situation avec les nouvelles autorités’’. Doudou Diène conseille à la communauté internationale de ‘’ rester vigilante et mobilisée pour encourager des actions qui s’attaquent aux causes profondes des violations des droits de l’homme »,
Discuter des causes profondes de la crise burundaise demande des hommes et des femmes sensés, qui voient l’intérêt de toute la population au détriment de leurs propres intérêts, qui acceptent le dialogue. S’ils existent au sein du cnddfdd, ils n’ont pas de poids.
URN HITAMWONEZA trouve que le rapport de la commission onusienne d’enquête sur le Burundi a des données réelles sur le Burundi, même si elles ne sont pas suffisantes. Le Burundi est sur une pente très glissante. Nous pensons qu’Antonio Guterres devrait d’abord consulter Doudou Diène et sa commission avant d’engager des entretiens avec Evariste Ndayishimiye ou d’envoyer une délégation visiter le Burundi et planifier une quelconque coopération avec une clique militaire des généraux qui ont fait un holdup électoral, qui sont à la phase finale du génocide des tutsis et des opposants politiques. La publication des résultats d’enquêtes de la commission onusienne sur le Burundi (parlant des violations graves des droits de l’homme) et l’envoi d’une délégation au Burundi avec mission d’étudier les modalités de coopération semble deux choses contradictoires. Doudou Diène estime qu’il prématuré de tourner la page comme si élections et transition politique suffisent pour garantir l’amélioration de la situation des droits de l’homme au Burundi.
Nous disons que les choses se sont plutôt détériorées. Le même système est toujours en place, la milice imbonerakure vient d’être encore une fois activée par le ministre de la jeunesse, les FDRL Interahamwe ont des positions connues au Burundi et reçoivent la logistique des stocks de la Force de défense nationale du Burundi. Pourtant, les NU recommandent d’arrêter ces forces négatives partout où elles se trouvent. Personne ne les dérange sur le sol burundais. L’organisation que dirige Guterres n’ose même pas sortir un communiqué pour le condamner au moment où ces fdrl qualifiées de forces négatives quittent le Burundi pour perturber le Rwanda voisin. Faut-il attendre un autre génocide au Burundi ou au Rwanda pour dire pardon pour n’avoir rien fait ? Si cette communauté internationale n’existe que de nom, il est plus que temps de cesser de penser coopération avec le pouvoir de Gitega, de sortir de son silence pour condamner ce qui se fait au Burundi et surtout faire des actions concrètes contre la clique militaire qui pourraient la contraindre à abandonner leur plan de génocide au Burundi et dans la région.