Burundi: Les attaques de Red Tabara constituent un bon prétexte pour la clique militaire au pouvoir pour parachever le génocide en cours au Burundi.
Depuis le 23 Aout 2020, un groupe d’hommes armés aurait débarqué sur le lac Tanganyika en provenance de la Rd Congo et se serait infiltré par Bugarama et Muhuta en province Rumonge. 12 personnes seraient tuées par le même groupe qui les avait pris comme porteurs des biens pillés dans boutiques et magasins. Dans un communiqué, Red Tabara a affirmé être en actions dans cette localité. Le 29 Aout 2020, 02 personnes ont été tuées dans Mukike, 2 autres seraient gravement blessées et conduites à l’hôpital. Le même groupe est apparu dans les provinces de Muramvya, Mwaro, Bururi et Makamba. Les forces de l’ordre et la milice imbonerakure ont été à sa poursuite mais n’ont pas réussi à le neutraliser. Les autorités ont fait silence radio sur ce groupe. Pourtant, la police et les services de renseignement en ont profité pour arrêter les jeunes élèves tutsis en vacances, les militaires tutsis en retraite et les membres influents du CNL dans les provinces Rumonge, Mwaro, Muramvya, Bururi, spécialement dans les communes de Mugamba, Rusaka, Mukike, Burambi, Vyanda, Bururi. Plus de 50 personnes seraient arrêtées en ce moment.
Un autre groupe se serait infiltré dans Musigati le 29 Aout2020 en province Bubanza. Il serait aussi venu de la Rd Congo voisin. Il a été poursuivi par des imbonerakure et aurait réussi à entrer dans la Kibira. Il serait responsable des attaques menées dans la province Kayanza dans les communes de Muruta et Matongo proches de la forêt naturelle de la Kibira dès le début du mois de septembre 2020.
L’opinion publique n’avait pas été convaincue par le communiqué de Red Tabara car avec la technologie moderne, on peut imiter l’emblème et la signature d’une organisation et écrire tout ce qu’on veut. Il y avait possibilité de penser à un montage du pouvoir d’Evariste Ndayishimiye qui aurait formé un groupe d’imbonerakure et interahamwe pour simuler une attaque et en profiter pour tuer, emprisonner le maximum de tutsis et d’opposants politiques du CNL. Autre scenario possible était que Red Tabara fasse effectivement l’attaque en collaboration avec le pouvoir en place pour lui permettre de régler ses comptes avec les tutsis et l’opposition et par après engager des négociations sur les modalités d’intégrer les forces de l’ordre pour les combattants et le retour et la réinsertion pour les civils non combattants, en commençant par leur leader Alexis Sinduhije.
Red Tabara a voulu lever toutes les équivoques en organisant à partir du 16 septembre 2020 des communications avec deux porte-parole, l’un en langue nationale et l’autre en d’autres langues. Cependant beaucoup de zones d’ombre persistent. Patrick Nahimana ne semblait pas convaincant dans ses réponses aux journalistes ; l’opinion reste avec des interrogations sans réponses
Jean Niyonkuru , journaliste Urnhitamwoneza , a contacté Patrick Nahimana, ce 17 Septembre 2020 pour avoir la lumière sur pas mal de questions intéressantes. Le porte-parole nie catégoriquement avoir aucune relation avec le pouvoir de Gitega que Red Tabara est entrain de combattre pour libérer le Burundi et les burundais. Selon lui, leurs cibles sont uniquement les militaires, les policiers et les imbonerakure. Cela n’est pas non plus convaincant car on sait que toute rébellion se ravitaille au sein de la population et ce n’est pas toujours le cas qu’elle donne toujours volontairement ses biens. En pillant les boutiques, les pharmacies, on s’attaque aux propriétaires. Pour parer à cette contrainte, Red Tabara devrait s’attaquer aux camps militaires ou aux grandes positions. Or, sa force actuelle n’est pas à la hauteur de telles attaques musclées. Continuer à mener de petites attaques fragilise le groupe qui risque de disparaitre si réellement il ne bénéficie pas de complicité avec le pouvoir. C’est aussi l’avis de Thierry Vircoulon, coordonnateur de l’observatoire de l’Afrique Australe et Centrale à l’institut français des relations internationales qui estime que ce mouvement existe mais qui minimise sa capacité de nuisance
Red Tabara déclare vouloir combattre le pouvoir de Gitega ; il ‘exclut pas non plus la voie des négociations mais à certaines conditions selon Justine Ntwari, une des porte parole du mouvement. Il s’agit notamment, selon elle, du désarmement de la milice imbonerakure, la libération sans condition des prisonniers politiques, la sécurité pour tous etc.. Ici les questions sans réponse persistent : le pouvoir ne se trouve pas à la position de Nyarumanga de Matongo dans Kayanza, non plus à Gisagazuba dans Burambi. La clique militaire au pouvoir continue à boire ses Heineken, et dormir tranquillement auprès de leurs femmes. La famille du petit caporal tué va souffrir toute la vie surtout que lui aussi vivait dans de très mauvaises conditions. Rien n’indique qu’il est d’accord avec la façon dont le pays est géré ; mais n’ayant pas d’autres choix , il est obligé de rester au sein de cette armée qui parvient à peine à lui payer la solde mensuelle et attend la chance d’aller en mission à l’étranger en somalie ou en Centrafrique.
Le monde a changé ; la guérilla d’il y a 20 ans ne se mène pas de la même manière que celle d’aujourd’hui au Burundi ; les stratégies changent avec le temps et les circonstances. S’attaquer au pouvoir demande une grande force de frappe qui le déstabilise ; ce qui pourrait faciliter le ralliement des forces régulières à la cause des forces rebelles. Sinon, les petites attaques sporadiques ne font que renforcer la position du pouvoir qui en profite pour traquer sans pitié tous ceux qui n’acceptent pas de se soumettre à leurs exigences. C’est aussi l’avis de Teddy Mazine , photojournaliste, qui s’inquiète des arrestations et perquisitions qui s’en suivent où , pour lui, plus de 70 personnes ont été arrêtées seulement en deux semaines. On ne sait même pas où certaines sont emprisonnées ; des disparitions forcées, des tortures et des exécutions sommaires sont possibles, estime-t-il.
A la question de savoir si vouloir libérer le pays et son peuple ne risque pas de produire des effets contraires et provoquer par contre des tueries à grande échelle jusqu’au génocide, Patrick Nahimana n’a pas voulu donner de réponse à notre journaliste Jean Niyonkuru
URN HITAMWONEZA soutient toute force qui voudrait combattre et mettre en déroute le pouvoir militaire de Gitega qui est en train de commettre un génocide à petit feu et qui planifie à le parachever dans peu de temps ; mais s’oppose farouchement à toute stratégie qui mettrait en danger la vie des populations innocentes. Il faut pouvoir s’attaquer directement à ces grands qui exploitent le bas peuple pour leurs intérêts et épargner la vie du petit paysan, militaire ou policier qui est souvent pris en otage. A ces derniers, nous conseillons aussi de braver la peur et se lever ensemble, sans exclusions, et dire non à ces leaders qui vous manipulent pour leurs intérêts. Leurs enfants étudient dans de meilleures écoles en Europe et en Amérique, les nôtres s’assoient par terre, sans pupitres dans des écoles sans fenêtres, comme à l’Ecofo Kabuyenge dans Ruyigi, exposés à toutes les intempéries. Nous devons nous unir pour lutter pour le partage équitable des biens de l’Etat.