Burundi: Bientôt, c’est la rentrée scolaire. Dans quelles conditions?
Le ministre de l’éducation nationale et de la recherche scientifique, Dr Gaspard Banyankimbona, vient de signer une ordonnance ministérielle no 610/1353 du 01/09/2020 portant calendrier scolaire 2020-2021. Le premier trimestre commence ce 07 septembre 2020 pour se terminer le 24 décembre 2020.
La question que l’opinion se pose est de savoir sous quelles conditions commence cette nouvelle année scolaire.
Personne n’ignore que tout burundais vit actuellement dans une misère sans nom, à l’exception d’un petit groupe de gens qui sont au pouvoir, qui emmagasinent toute la richesse du pays alors que le pays et le peuple restent les plus pauvres de la planète. Les parents ont alors de la peine à trouver le matériel scolaire et le minerval pour leurs enfants. C’est le moment pour chaque parent de vendre sa chèvre, son mouton, voire sa vache ou une portion de terrain pour ceux qui en possèdent afin de trouver de quoi donner à ses enfants pour commencer l’année avec les autres.
L’enseignant, avec son maigre salaire (nous y reviendrons), commence à s’imaginer comment reprendre le trajet journalier aller-retour du lieu d’habitation vers le lieu de travail, surtout que la majorité aujourd’hui travaillent loin et doivent soit prendre un bus, soit une moto, soit marcher à pied pour y arriver.
L’année scolaire commence au moment où les livres du maître, les livres des élèves manquent cruellement presque dans toutes les écoles publiques. Certaines n’ont même pas de pupitres pour que les élèves puissent s’assoir tous ; certains s’assoient à même le sol ; ce qui est impensable au cours de ce siècle. Et les conséquences de cet état de fait se font remarquer dans les résultats de fin d’année ou dans des tests de fin de cycle. Les résultats de l’année scolaire qui vient de terminer sont catastrophiques : nous lisons dans les rapports des résultats de l’examen d’Etat pour les écoles qui ont une section langue où sur 20293 candidats qui se sont présentés, seuls 8111 ont eu 50%, soit un pourcentage de 39,96. Sur les 699 écoles qui ont la section lettre, seulement 216 ont eu un taux de réussite de 50%, 483 écoles se retrouvent en deçà de la moyenne dont 15 ont 0%.
Le gouvernement est au courant de tels résultats médiocres, mais ne fait aucun effort pour améliorer les conditions de travail des enseignants et des étudiants. Le gros des enfants de ces hommes et femmes qui prennent des décisions étudient à l’étranger, et celui du citoyen lambda se présente à l’école pour ne rien apprendre. Quel avenir pour notre pays ?
Les enfants retournement à l’école après deux mois de vacances au cours desquelles ils ont trouvé assez de temps pour visiter les amis, les familles, sans aucune mesure barrière pour se protéger contre le Coronavirus. C’est la grande responsabilité du gouvernement qui n’a pas mis le paquet double pour sensibiliser le public (en donnant de bons exemples), à la lutte contre cette pandémie mondiale. Les enfants vont se rencontrer à l’école, sans aucun test préalable au covid 19, sans savoir qui est contaminé, qui ne l’est pas.
Le gouvernement n’a même pas pensé à multiplier les salles pour au moins les séparer en classes afin de minimiser les cas de contamination. Peut-on imaginer qu’au moins le ministère de la santé aurait pensé à mettre en place sur toutes les écoles des robinets avec du savon, juste pour le lavage des mains ? Aurait-il pensé à acheter des masques pour tous les élèves ? Sinon, aurait-il pensé à exiger que chaque enfant apporte son masque à l’école ? C’est de l’irresponsabilité de la part du gouvernement de ne pas exiger de telles mesures car le coronavirus existe au Burundi même si ce gouvernement en cache les dégâts. Dès le début de cette pandémie, un seul mort est rapporté jusqu’aujourd’hui. Quel mensonge ! Plus le gouvernement triche sur les chiffres des gens contaminés et des victimes, moins l’organisation mondiale de la santé s’intéresse au Burundi, plus les burundais continuent à mourir en silence, plus le pays est isolé du reste du monde.
URN HITAMWONEZA conseille aux parents de faire des efforts pour acheter des masques aux enfants avant de les envoyer à l’école et au gouvernement de mettre à la disposition des écoles au moins de l’eau propre et du savon pour le lavage des mains. Il devrait aussi se souvenir que la jeunesse est l’avenir du pays et prendre toutes les mesures pour améliorer le système éducatif afin de sortir des écoles du pays des enfants capables d’être compétitifs sur le marché du travail régional, pourquoi pas mondial. Se contenter de donner une formation de qualité à leurs propres enfants, à l’étranger ou dans des écoles d’excellence et laisser sombrer dans la médiocrité les enfants des citoyens pauvres est criminel. Le gouvernement devrait en répondre d’une manière ou d’une autre, tôt ou tard.