Burundi: Le Président Ndayishimiye a fait monter la fumée de ses défauts et ceux des membres du cnddfdd vers le ciel. Aujourd’hui tous sont des Saints.
Il le disait avec insistance et assurance. Le président Ndayishimiye Evariste invitait ce weekend tous ceux qui étaient rassemblés autour de lui dans une croisade de prière organisée à Ngozi, à se munir, le jour suivant, d’un papier sur lequel sont consignés tous les défauts de chacun. L’objectif était de les bruler pour que leur fumée monte au ciel chez Dieu pour qu’ils soient pardonnés. Il semblait donner un ordre accompagné des menaces car d’après lui, celui qui ne le ferait pas aura voulu montrer qu’il est saint et que Dieu qui voit tout s’occuperait de lui. Pour marquer l’importance de la chose, il a tenu à souligner que cela concerne tout responsable (qui est rémunéré par l’Etat), du président de la république au planton. Il a ensuite dit aux responsables religieux qui vont prier de se préparer toute la nuit à cet exercice si important.
Ce qui était plus important était la réaction de ceux qui étaient autour de lui, qui le regardaient comme un acteur d’un film ou un comédien qui raconte des choses insensées.
Derrière lui, un groupe de gens, visiblement préparé pour applaudir tout le temps ce qu’il disait. Sa femme qui était à côté de lui applaudissait sans être convaincue, juste pour soutenir son mari (même s’il disait des bêtises, elle devrait applaudir) ; elle semblait absente de la scène (on aime dire que quelqu’un est ailleurs).
De l’autre côté, il fallait voir la mine du premier ministre Allain Gullaume Bunyoni et du vice-président Prosper Bazombanza . Ce dernier est toujours froid du visage. C’est sa nature. Bunyoni était plutôt d’un visage renfrogné, attitude de quelqu’un qui reçoit dans ses oreilles des blablas, des histoires qui ne tiennent pas la route. Surement qu’il se disait beaucoup de choses dans son fort intérieur. De toutes les façons, son visage a montré à tout observateur avisé qu’il n’a pas apprécié le discours de son président. Si ce n’est pas par respect, ou pour des raisons protocolaires, il aurait trouvé des motifs de s’absenter à cette séance.
Plus grave encore était la réaction de Denise Bucumi, veuve de feu président Nkurunziza. Non seulement que son visage montrait qu’elle n’était pas d’accord avec le président, mais ça lui faisait sourire ou rire. Cela s’est surtout remarqué quand ils se sont déplacés à trois pour se mettre à genou devant tout le monde pour prier. On voit sur les images le président Ndayishimiye à genou sur tapis, sa femme à sa gauche et la veuve Nkurunziza à sa droite. Sur la photo, on ne peut pas entendre ce qu’il disait, mais ce qui est sûr est que ce qu’il disait amusait Denise Bucumi car sur la photo, tète baissée, elle souriait. C’est soit sa manière de prier qui la faisait rigoler (elle et son mari sont de tendance protestante alors que Ndayishimiye est catholique), soit ce qu’il disait la touchait d’une façon ou d’une autre.
Au-delà des faits observés, pensons à ce que ces responsables qui dirigent le pays font. Ne nous attardons pas à leurs paroles ; elles sont toujours flatteuses, manipulatrices. Regardons plutôt les actes, les résultats de leurs actions. On ne peut pas toujours passer de tels moments à prier, si réellement on prie le vrai Dieu, et continuer à commettre les crimes observés au Burundi.
Selon les rapports publiés par Ligue Iteka, au moins 49 personnes ont été assassinées au courant du mois de juillet 2020. Au cours des deux premières semaines du mois d’Aout 2020, au moins 40 autres avaient été dénombrées. Et ce matin du 24 Aout 2020, des images qui circulent sur les réseaux sociaux montrent un cadavre d’un jeune ligoté, pied et bras liés et qui était mis dans un sac et jeté dans un caniveau dans sur la 13eme avenue numéro 10, dans Twinyoni. La population qui a découvert ce corps pensait d’emblée à un sac poubelle. C’est quand ils ont tenté de soulever qu’ils ont senti le poids et ont découvert que c’était un corps d’homme qu’ils n’ont pas pu identifier. C’est dire qu’ils ont amené le corps, mais le lieu du crime serait ailleurs. Et c’est la tactique actuelle des escadrons de la mort du cnddfdd : ‘’Tuer les gens, embarquer les cadavres pour les jeter loin de chez eux, l’administration avertie les fait enterrer à la hâte pour qu’ils ne soient pas identifiés’’. La tactique a été annoncée par Sylvestre Ndayizeye, chef national des imbonerakure. Cela se trouve dans le rapport de l’ONG ‘’Initiative des droits humains au Burundi’’, sorti fin janvier 2020. Le rapport est intitulé ‘’Une paix de façade, la peur au quotidien’’. L’ordre a été donné aux imbonerakure de ne plus partager sur les réseaux sociaux les images des cadavres des gens tués; ce qui a été respecté un moment, mais certaines images leurs échappent car diffusées par d’autres (comme le cas de celui de Twinyoni de ce 24 Aout 2020). Selon toujours ce rapport, Sylvestre Ndayizeye a répété ce message dans une réunion qu’il a tenue avec les imbonerakure de Cibitoke en date du 29 septembre 2019. C’est à ce moment qu’il leur a dit que tout opposant politique ne serait plus conduit au cachot, mais qu’il sera habillé de béret rouge( terme utilisé pour dire le tuer) et jeté loin de chez lui pour éviter qu’il soit reconnu. Voilà d’où vient l’ordre de jeter les corps loin du lieu d’habitation de la personne tuée. Ce n’est pas un acte isolé, c’est un plan du cnddfdd .
Sont-ils prêts à se faire laver de ces péchés ? Ont-ils cette volonté de le faire ? Sont-ils prêts à cesser définitivement cette criminalité ou c’est juste un jeu de mots pour distraire le peuple ? Quand et comment vont-ils désarmer la milice imbonerakure ? Ce n’est pas demain ou après-demain. Par contre, l’insécurité va s’accentuer, attendez-vous à d’autres cadavres ; la machine à tuer est toujours en marche. Selon nos informateurs, le pouvoir de Ndayishimiye, Bunyoni et Ndakugarika continue de faire entrer au pays des membres des fdrl interahamwe. Plus de 80 seraient arrivés au Burundi en provenance de la RDCongo la semaine dernière. Le général Marius Ngendabanka en sait quelque chose.
URN HITAMWONEZA ne cessera jamais de crier à qui veut l’entendre que les paroles de Ndayishimiye et son équipe et leurs actes sont diamétralement opposés. Les prières et les bonnes paroles annonçant le paradis pour le peuple burundais n’est qu’une façon de vous endormir et continuer son plan génocidaire. Le peuple doit s’en rendre compte et imaginer des stratégies adéquates pour prendre en main son destin ; sinon, le Burundi est sur un terrain glissant, il risque de se retrouver dans un trou profond si rien n’est fait dans l’immédiat.