Burundi: Quand et comment le Burundi serait-il doté d’une armée et d’une police réellement nationales? (Septième partie)
Dans notre édition précédente, nous avons décrit des Corps de défense et de sécurité ( CDS), carrément hétérogènes, non harmonisés, sans cohésion , sans discipline et par conséquent sans résultats positifs. En effet, tant au niveau de l’armée qu’au niveau de la police, les gens sont distingués selon leurs provenances. Quand on voit un militaire ou un policier, ils vous diront directement qu’il est issu du cnddfdd, du cndd de Nyangoma ou des fnl (il existe encore quelques éléments qui ont accepté de jouer le jeu du cnddfdd dans ses crimes). Une telle armée ou police ne peut en aucun cas être appelée républicaine car elle a toujours tendance à servir son maître et non le peuple.
Dans l’exercice de leurs missions, nous l’avons vu plus d’une fois ; ces forces ont toujours traité différemment les citoyens burundais. Dès 2005, alors que l’intégration était terminée, et que les CDS comprenaient les trois forces, les membres du cnddfdd se sont acharnés contre les fnl, soit les civils ( souvenez-vous des fnl tués dans Kinama et Kamenge , ceux tués et jetés dans la Ruvubu par le colonel Vital Bangirinama, alors commandant de la 4eme région militaire à Muyinga ) les accusant d’être des ennemis du pays, soit des fnl membres des CDS accusés d’être complices avec les ennemis de la paix. Pourtant, il n’y avait pas de guerre, les burundais commençaient à espérer le retour effectif à la paix si longtemps souhaitée. Le mot d’ordre était de défendre à outrance le pouvoir du cnddfdd ; et cela a été fait avec la plus grande brutalité qui caractérise une force dont les membres et surtout les responsables (du moins ceux qui étaient envoyés dans des missions louches), étaient des gens non instruits, qui ne savaient que pousser sur la gâchette. Et malheureusement, ce sont de tels calibres que le pouvoir mettait en avant. Et c’est d’ailleurs pour cette raison que toutes les tueries faites étaient directement connues de tous ; le pouvoir ne trouvant plus moyen de les justifier, il se contentait de s’en prendre aux associations des droits de l’homme ou aux medias.
Le pays sous le pouvoir cnddfdd n’a été caractérisé que par les tueries des tutsis ( un à un , comme ils le disaient eux-mêmes,’’kamwe kamwe’’), des membres des fnl ( chaque fois que l’occasion se présentait), des membres du cnddfdd qui sont utilisés dans des sales missions pour faire disparaitre les preuves. Le pays n’a jamais fait un seul pas vers le développement car, dès leur arrivée au pouvoir, chacun devrait tout faire pour s’enrichir par n’importe quel moyen. Le pays a plutôt reculé, devenant ainsi le premier pays pauvre du monde au moment où son sous-sol regorge des minerais de toute sorte.
La plupart des assassinats étaient faits par les gangs du service national des renseignements, les membres de la BSPI (militaires de la garde présidentielle), les membres de l’API (Appui aux institutions= police de la garde présidentielle). Ne dites pas que le président de la République n’en était pas au courant. Les autres missions de tuer des gens étaient confiées par le cnddfdd aux imbonerakures (milice du cnddfdd ) entrainés et armés.
Les manifestations de 2015 contre le troisième mandat illégal et illégitime de feu président Nkurunziza , l’attaque de certains camps militaires et la tentative de coup d’Etat ont été des prétextes pour tuer le maximum de tutsis possibles et toute personne qui osait lever le doigt pour s’y opposer. Lors de la tentative du coup d’Etat, certains membres du cnddfdd ont été arrêtés, les uns emprisonnés, d’autre relâchés, mais personne n’a été tuée (ils disaient qu’ils se sont trompés) .C’est la politique de ‘’Deux poids, deux mesures’’. Aujourd’hui, des tutsis et des cnl, anciens fnl, sont arrêtés et tués ne fusse que pour avoir manifesté leur joie lors de ce fameux putsch manqué. D’autres sont accusés de complicité avec les rebelles alors que le gouvernement ne cesse de déclarer qu’il n’y a pas de rébellion au Burundi.
URN HITAMWONEZA confirme que les CDS sont aujourd’hui au service du cnddfdd, parti Etat, et ne défendent que les intérêts de la clique militaire qui les commande. Son intérêt principal est de garder le pouvoir coûte que coûte, même par des tricheries dans les élections pour le conquérir, même par effusion de sang des burundais pour s’y maintenir. Personne ne peut dire que ces CDS assument leurs missions constitutionnelles car leurs actes ne font que violer cette même constitution.
L’armée ne peut prétendre défendre l’intégrité du territoire au moment où elle-même ne cesse de se rendre en Rd congo en violation des frontières d’un pays voisin, au moment aussi et surtout où cette armée laisse entrer et s’installer au Burundi des éléments FDRL-Interahamwe qui ont commis le génocide des tutsis au Rwanda en 1994.
La police ne peut pas prétendre assurer la sécurité intérieure de la population au moment où c’est elle qui tue, en collaboration avec les milices imbonerakure et les interahamwe.
Nous alertons encore une fois l’opinion nationale et internationale que les CDS d’aujourd’hui sont plus dangereux que ceux de 1965 et 1972. Leur seul ressemblance est que les hutus étaient et sont plus nombreux au sein de ces corps par rapport aux tutsis. Ceux d’aujourd’hui ont un commandement et un gouvernement qui ne pensent qu’au génocide ; exterminer tous les tutsis et tous ceux qui osent s’opposer à leur pouvoir. Ils sont prêts ; tous les moyens ont été mis en place, il reste un déclencheur.
Nous vous parlerons demain des exactions de chaque organe séparément pour enfin conclure sur les voies et moyens d’arriver à des corps de défense et de sécurité professionnels capables de protéger tous les burundais sans distinction d’ethnie, de parti politique, de région ou de religion.