Burundi: Quand et comment le Burundi serait-il doté d’une armée et d’une police réellement nationales? (Sixième partie)

Burundi: Quand et comment le Burundi serait-il doté d’une armée et d’une police réellement nationales? (Sixième partie)
Les corps de défense et de sécurité (CDS) actuels sont constitués de la force de défense nationale et de la police nationale, conformément à la nouvelle constitution de 2018. Depuis 2005 jusqu’en 2018, les CDS comprenaient aussi, en plus des deux institutions précédentes, le service national des renseignements que les gens aiment appeler la Documentation nationale. C’est dire qu’à l’intégration des ex PMPA dans l’ancienne armée, les trois ensembles constituaient les CDS.
Les CDS étaient donc une sorte de mélange hétérogène comprenant les anciens membres des Forces Armées Burundaises , appelées les ex fab ; les membres intégrés en provenance du cnddfdd, kaze fdd, cndd, fnl, et d’autres petits mouvements comme fnl Mugabarabona qui n’avait presque pas pu intégrer aucun combattant parce qu’ils étaient très peu nombreux et avec très peu d’armes.
Pour qu’il y ait une armée homogène, il fallait une formation ensemble entre toutes ses composantes, afin qu’il y ait une parfaite harmonisation. Nous l’avons dit, juste une petite unité (d’expérience) a été harmonisée au camp Bururi. Pour le reste, il fallait que la formation d’harmonisation se fasse dans les différentes unités où ils seront mutés. Ce qui était très difficile pour trois raisons principales : la première raison est qu’il y avait des membres issus des ex pmpa qui ne savaient ni écrire ni lire. Il a fallu d’abord leur apprendre cela comme on enseigne un enfant de la maternelle. Or, tout le monde sait qu’à l’armée, les hommes de rangs n’entrent qu’après avoir échoué la 6eme primaire. La deuxième raison qui a bloqué la possibilité d’harmonisation est la haine viscérale qui était et qui est jusqu’aujourd’hui entre les cnddfdd et les fnl. C’est à peine qu’ils acceptaient de cohabiter dans une même unité. Vous comprenez bien que, après la victoire du cnddfdd aux élections de 2005, presque tous les membres des fnl qui avaient été intégrés ont déserté un à un les CDS, les uns ont préféré la vie civile, d’autres sont partis dans le maquis avec le major Nzabampema ( qui travaillait à l’Etat-major de la FDN)
La victoire du cnddfdd aux élections de 2005 est une troisième raison qui explique le manque d’harmonisation entre les différents éléments qui constituaient les CDS. En effet, cette victoire a bloqué les efforts de beaucoup de membres des CDS issus du cnddfdd, de faire leurs études. Même les officiers qui avaient manifesté la bonne volonté de poursuivre les études, qui avaient même commencé à étudier, ont arrêté, préférant aller occuper des postes de responsabilités, même s’ils n’étaient pas à la hauteur de ces fonctions. C’est aussi après cette victoire qu’ils ont commencé à violer les accords d’Arusha, en nommant les anciens membres du cnddfdd aux postes initialement réservés aux anciens membres des ex fab, pour tout dire, les places des tutsis ont été occupées par des hutus du cnddfdd. Et personne ne levait le petit doigt pour s’y opposer. La raison est simple : puisque le cnddfdd avait le pouvoir, ceux qui devraient normalement dire non à la violation de la loi craignaient eux aussi de perdre leurs postes, et ils ont préféré se taire. Voilà comment les choses ont commencé et ont dégénéré jusqu’à la situation actuelle.
L’actuelle situation des CDS est catastrophique ; nous sommes revenus presque à la situation des années 1965 où, d’après nos informateurs, les militaires et les gendarmes étaient à plus de 80% hutus et moins de 20% de tutsis. Sur une période de 15ans, presque tous les anciens militaires des ex fab, toutes les catégories confondues, sont partis en retraite. S’il y a une dizaine des éléments issus du cnddfdd qui seraient retraités, ils seraient trop nombreux car, ils ont changé leurs dates de naissance à l’intégration. Les tricheries chez eux ne datent pas d’aujourd’hui. Au cours des différents recrutements qui ont eu lieu jusqu’au niveau provincial, nous avons des informations que certains hutus trichaient et, en complicité avec l’administration cnddfdd , disaient que ce sont des tutsis, une façon d’occuper leurs places. Ici, il faut comprendre que même si il y aurait un semblant d’équilibre au niveau de ces jeunes, tant que le commandement est presque exclusivement réservé aux membres issus du cnddfdd, c’est à eux que reviennent toutes les décisions. Vous devez aussi comprendre que là où les tutsis sont chefs au premier niveau ( commandant de Division, de Brigade ou de Bataillon), le pouvoir cnddfdd donnent des instructions à son adjoint ou un autre officier pour le suivre de près et renseigner tous ses mouvements. C’est dire que ces tutsis sont dans ces places comme des figurants, juste pour montrer qu’il y a partage des responsabilités. Les missions les plus louches (elles sont les nombreuses) ne lui sont pas confiées. S’il apprend que des choses se sont passées dans son secteur de responsabilité sans en être informé, il ne réagit pas de peur de perdre son poste ou d’être simplement assassiné. Vous verrez certains, aux esprits faibles, qui travaillent avec beaucoup de zèle en tuant ou en se montrant trop sévères envers les tutsis pour gagner la confiance de ces extrémistes hutus qui sont au pouvoir et qui ont du pain à donner. Mais, ils oublient que fin des fins, ils devront répondre seuls de leurs actes. Et la grande probabilité est que de tels traitres finissent pas être tués par ceux-là même qui les ont utilisé comme des objets.
Au niveau de la police, même à l’intégration les équilibres n’étaient pas respectés et les gens ne se sont pas beaucoup intéressés à ce corps, les yeux étaient beaucoup tournés vers l’armée. Aujourd’hui, personne ne sait combien de policiers tutsis restent au sein de ce corps. Avec les manifestations de 2015, tous les éléments tutsis qui restaient ont été mutés à l’intérieur du pays où ils moisissent sans aucune considération. Tuer un à un qui se laisse dominer par l’alcool devient une simple affaire.
Le service national des renseignements a toujours été une chasse gardée du cnddfdd. Depuis longtemps, aucun chef provincial de renseignement n’est tutsi. Ce sont uniquement des membres du cnddfdd et tous hutus. Les quelques tutsis qui seraient au sein de ce corps seraient au niveau du siège. Et là aussi, ce sont des éléments utilisés pour espionner leurs amis tutsis et les vendre aux enchères. Quelle sale mission. Ils finiront eux aussi d’être piégés (par leurs chefs) et tués.
URN HITAMWONEZA vient de vous décrire des CDS composés des éléments hétérogènes, non harmonisés, chacun obéissant (du moins implicitement) à son chef du parti d’origine. Ceux qui sont issus du cnddfdd n’ont pas honte de se réclamer de ce parti car il a le pouvoir. Ce qui est contraire à la constitution. Des CDS divisés en leur sein, ce qui montre que les résultats ne peuvent pas être positifs.
Nous vous parleront demain de comment ils fonctionnent actuellement, et nous tenterons de trouver une solution sur la problématique de mise en place des CDS républicains et professionnels qui se soucient de l’intérêt du pays et de son peuple sans distinction aucune.

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