Burundi : Le colonisateur a réduit les superficies du Burundi et du Rwanda pour affaiblir les tutsis et mieux contrôler ces Etats (Cinquième partie).
Le colonisateur allemand n’a pas trouvé un terrain favorable au Burundi ; il a fait face à une résistance farouche même s’il a pu s’imposer par la force des armes. Il quittera le Burundi aussi par la petite fenêtre, après avoir laissé des cadavres allemands au pays ; des allemands décédés en 1915 sont enterrés à Rugombo dans la province de Cibitoke, d’autres seraient enterrés à Gitega au centre du pays. C’était lors des combats qui opposaient les allemands à la coalition des militaires belgo congolais. Après que l’Allemagne perdit ses colonies à la fin de la Première Guerre mondiale, un mandat de la Société des Nations (SDN) plaça la majeure partie de l’Afrique orientale allemande sous l’administration des Britanniques et le nouveau territoire fut appelé Tanganyika. Un mandat sur une petite partie de la colonie fut confié à la Belgique, qui administra le territoire depuis le Congo belge, le renommant Ruanda–Urundi. Il resta sous mandat belge jusqu’à l’indépendance du Rwanda et du Burundi en juillet 1962.
Avant d’arriver à l’indépendance, conformément aux principes du mandat, la Belgique avait l’obligation de gérer le Ruanda-Urundi comme un territoire ayant un statut particulier différent de celui d’une colonie. Mais une loi de 1925 viendra comme pour changer la donne. Il faut dire d’emblée qu’en vertu de cette loi, le territoire sous mandat se trouve administrativement annexé au Congo belge et par conséquent soumis aux lois régissant le Congo belge.
Mais avant d’arriver à cette annexion du Burundi, il faut dire que les Belges ont commencé par des unions de moindre importance. Ainsi, nous explique l’historien Joseph Gahama, à partir de 1922, l’union douanière et financière entre les territoires sous mandat et la colonie était une réalité. Et la loi du 30 juin 1922 institua l’exemption des droits de douane tant à l’entrée qu’à la sortie sur les échanges entre les deux pays. Le franc congolais a remplacé dès 1920 les Roupies et les Heller allemands.
Les troupes installées au Ruanda-Urundi étaient déjà placées sous les ordres du commandant des garnisons de la province orientale du Congo belge, consacrant ainsi une union militaire. Rien n’empêchait la Belgique de procéder à une totale annexion. Une précision ici : à cette époque, les soldats de la force publique étaient tous congolais puisque d’après le mandat belge sur les territoires de l’Est africain, interdiction est faite au mandataire d’organiser une force militaire indigène.
Il y avait donc une volonté d’uniformiser toute les possessions coloniales pour mieux les administrer. Un peu comme la réalisation d’un rêve de Léopold II, nous dit Gahama, celui de contrôler les hautes terres salubres, fertiles et bien peuplées situées entre le lac Tanganyika et le Haut Nil.
D’après Joseph Gahama, les raisons de cette annexion étaient multiples : ayant reçu de la SDN le mandat sur le Ruanda-Urundi, la Belgique n’avait pas la garantie de garder éternellement ce territoire pour l’administrer. La crainte de se voir retirer ce pays (le Ruanda et le Burundi étaient considérés à l’époque comme un seul pays) l’aurait encouragé à hâter cette union. Le second motif est d’ordre économique. Le Ruanda-Urundi, par sa population dense, contraste remarquablement avec le Congo et spécialement le Katanga où le manque de main d’œuvre est préoccupant. Pour exploiter des richesses du Congo, les Belges envisagèrent de canaliser l’émigration des Burundi et des Banyarwanda vers cette colonie. Et pour nourrir certaines régions du Congo, les vivres abondants de la plaine de la Rusizi seraient de précieux apports. Enfin, nous dit toujours Gahama, les théoriciens de l’administration directe, accusant l’administration indirecte de ne pas avoir obtenu de beaux résultats malgré des proclamations retentissantes, demandent le rattachement du Ruanda-Urundi au Congo Belge en attendant la formation d’éducation indigène « façonnés », condition selon eux sine qua non de l’administration indirect.
Joseph Gahama affirme que cette loi de 1925 était une violation du mandat de la SDN car elle veut enlever à chaque Etat le droit de devenir indépendant. Il convient ici de remarquer que cette loi a permis le transfert des ressources humaines entre les trois pays, le Congo, le Burundi et le Rwanda. Ce qui justifie qu’on trouve dans l’actuelle RDC des personnes d’origine Burundaise et rwandaise qui y sont installées avant les indépendances.
URN HITAMWONEZA trouve que les conflits récurrents dans cette région des grands lacs peut avoir des origines dans cette perturbation de l’administration des pays par la colonisation belge ; mais aussi dans sa politique de ‘’ Diviser pour régner’’ qu’elle a instauré au Burundi et au Rwanda ; incitant par la même occasion les hutus majoritaires à massacrer les tutsis qu’elle avait au début présenté comme des hommes intelligents et élégants, seuls capables de diriger même s’ils étaient numériquement minoritaires . Les dégâts causés par la colonisation belge au Burundi sont très nombreux. Quand le pays aura de vrais leaders, cette question devra être discutée avec la Belgique pour trouver un terrain d’entente sur certains points jusqu’ici obscurs.